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Voyages et tourisme au-delà de la récession - moteurs essentiels de la compétitivité des pays en développement

25 juillet 2011
ITC Nouvelles

Suite à une période difficile qui a fortement modifié l’industrie du voyage et du tourisme (V&T), le secteur se remet lentement de la récession économique, les économies émergentes montrant la voie quand la plupart des économies avancées sont à la traîne.

Les PMA devraient tirer profit du rebond du tourisme mondial et accroître leur part du marché. Alors que, selon les dernières statistiques de l’OMT, ils regroupent 12% de la population mondiale, les PMA ne comptent que pour 1% des recettes touristiques mondiales et moins de 2% des arrivées de touristes internationaux.

L’essor du tourisme contribue à créer des emplois, augmenter le revenu national et améliorer la balance des paiements. Il a aussi un impact sur le reste de l’économie via la demande de produits et de services locaux et l’amélioration des transports, de l’infrastructure et des services. Le secteur s’est donc imposé comme un moteur important de la croissance et de la prospérité, susceptible de jouer un rôle dans le recul de la pauvreté, notamment dans les pays en développement.

En 2006, le potentiel du tourisme à encourager la croissance et le développement a poussé le Forum économique mondial à se lancer dans un projet d’évaluation de la compétitivité touristique de tous les pays. S’il peut apporter de nombreux bénéfices, le développement du secteur V&T peut être freiné au plan national par de nombreux obstacles. L’Indice de compétitivité du voyage et du tourisme, publié pour la première fois en 2007 lors du Forum économique mondial, entend examiner différentes questions d’ordre réglementaire et commercial identifiées comme des leviers censés améliorer la compétitivité V&T dans le monde.

L’indice a pour but de mesurer les facteurs et les politiques qui rendent le développement du secteur attrayant dans différents pays en se basant sur 14 piliers de compétitivité:

1.  Règles politiques, réglementations

2.  Environnement durable

3. Sûreté et sécurité

4.  Santé et hygiène

5.  Niveau de prise en compte du secteur

6.  Infrastructures de transport aérien

7.  Infrastructures de transport terrestre

8.  Infrastructures touristiques

9.  Infrastructures d’information et de communication

10.   Compétitivité des prix et tarifs

11.   Ressources humaines

12.   Adaptation à l’accueil des voyageurs et des touristes

13.   Ressources naturelles

14.   Ressources culturelles.

Les 139 pays pris en compte dans le dernier indice sont en majorité des pays en développement et 22 ont été classés par le PNUD comme des PMA. Nous avons observé ces dernières années que, comme prévisible, les PMA occupent le dernier rang du classement par rapport aux autres économies, ce qui va dans le sens de leur faible part dans l’activité touristique mentionnée précédemment. En effet, les 22 PMA se classent dans le bas du tableau et 14 des 20 plus mauvais élèves sont des PMA.

Les chiffres ci-après montrent que, par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE, les PMA enregistrent des résultats inférieurs dans 12 des 14 piliers et pour l’Indice général. Sur une échelle de 1 à 7, où la note la plus élevée constitue une bonne performance, les PMA atteignent une note moyenne de 3,2, bien derrière le score moyen de 4,3 de l’OCDE (la Suisse est le meilleur élève avec un score de 5,7).

Une comparaison des performances pour chaque pilier montre de grandes disparités par rapport à l’OCDE concernant divers aspects de l’infrastructure physique, notamment le tourisme, l’infrastructure des TIC et l’infrastructure de transport terrestre et aérien. Les indicateurs liés à l’infrastructure humaine sont également très faibles. Les personnes qualifiées sont moins susceptibles d’être disponibles pour travailler dans le secteur touristique des PMA, qui enregistrent un score de 3,8 contre 4,9 pour l’OCDE. Les piètres conditions sanitaires et d’hygiène sont aussi préoccupantes, le score des PMA (2,0) étant très inférieur à la moyenne de l’OCDE (4,7). Tous ces problèmes constituent des carences affectant la compétitivité V&T des PMA, et plus généralement leur développement.

En revanche, les chiffres montrent que les PMA surpassent les pays de l’OCDE dans deux secteurs: compétitivité des prix de l’industrie du V&T et qualité et richesse des ressources naturelles. Par ressources naturelles, nous entendons la capacité des pays à offrir aux voyageurs un accès aux atouts naturels comme les sites du patrimoine mondial, une faune riche et un environnement naturel protégé. Autrement dit, les PMA ont le potentiel de proposer un bon rapport qualité (richesse des ressources naturelles)/prix (compétitivité des prix). De plus, PMA et pays de l’OCDE ont des résultats proches concernant l’adaptation à l’accueil des voyageurs et des touristes et les efforts consentis pour développer le secteur de manière durable.

En examinant plus en détail l’indice et les pays individuels, on s’aperçoit que certains PMA sont très performants dans des secteurs spécifiques. Onze d’entre eux se classent dans la moitié supérieure pour la compétitivité des prix, la Gambie et le Népal se plaçant dans les dix premiers. Certains font aussi du développement du tourisme une priorité. De plus, de nombreux PMA font preuve d’une bonne adaptation à l’accueil des touristes et d’une attitude favorable envers les voyageurs étrangers (Cambodge, Gambie et Sénégal). Une majorité de PMA se classent dans la moitié supérieure pour la qualité de leurs ressources naturelles: sur 139 pays, la Tanzanie est seconde, la Zambie 15ème et l’Ouganda 29ème.

Il faut aussi garder à l’esprit que le sous-développement de nombreux aspects infrastructurels mesuré par l’indice représente une opportunité majeure pour les investisseurs du secteur, du fait, entre autres, des atouts naturels et culturels de nombreux pays en développement. En effet, le fait que de nombreux PMA se classent mal quant à leurs ressources naturelles ne traduit pas un manque d’atouts culturels – de nombreux PMA sont culturellement riches. Mais ces solides atouts ne sont pas pleinement exploités et préservés pour attirer les touristes.

Enfin, alors que construire et améliorer l’infrastructure physique et humaine exigent du temps et des ressources, nous avons identifié des mesures à court terme que peuvent prendre les pays en développement pour améliorer les perspectives de développement de leur secteur V&T. Par exemple, pourquoi créer une entreprise coûte en moyenne trois fois plus cher dans ces 22 PMA que dans les pays de l’OCDE tel qu’indiqué dans le rapport Doing Business de la Banque mondiale? Ces aspects de l’environnement politique et institutionnel peuvent être rendus plus propices au développement du secteur, théoriquement d’un trait de plume, pour autant qu’existe une volonté politique suffisante.

En résumé, les résultats de l’indice indiquent que les PMA ont le potentiel pour devenir à l’avenir un moteur du tourisme mondial attendu leurs forces et leurs atouts, pour autant qu’ils engagent les réformes politiques nécessaires et parviennent à encourager l’investissement. Ils bénéficieraient ainsi des retombées positives connexes et des opportunités de développement offertes par la croissance du secteur.

COMPÉTITIVITÉ DES SECTEURS DU TOURISME ET DES VOYAGES:Rapport 2011

 
Ces cinq dernières années, le Forum économique mondial a mené une analyse approfondie de la compétitivité du secteur des voyages et du tourisme des économies mondiales dans le but de renforcer le dialogue multipartite pour promouvoir un secteur touristique solide et durable au plan national et leur contribution au développement économique mondial. Le Rapport 2011 sur la compétitivité des secteurs du tourisme et des voyages (‘Au-delà de la récession’) examine les nombreuses questions affectant la compétitivité de l’industrie touristique à la lumière des perspectives prudemment optimistes et les nombreuses difficultés affectant le secteur.