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Tour d’horizon: Tourisme et développement durable

25 juillet 2011
ITC Nouvelles

Depuis les années 1950, le tourisme a explosé et s’est diversifié pour devenir un des secteurs économiques les plus importants et les plus dynamiques au monde. Il vient au quatrième rang mondial pour les exportations, après les combustibles, les produits chimiques et les produits pour l’industrie automobile. Pour de nombreux pays les moins avancés (PMA) (23 sur 49), il figure parmi les trois principale sources de devises, représentant jusqu’à 40% du PIB de chaque pays.

Selon les chiffres de l’OMC et de la CNUCED, le développement du tourisme a été identifié comme un facteur important pour au moins 10 PMA qui, au cours de la prochaine décennie, s’approcheront des seuils d’admission au retrait de la liste des PMA (avancement économique des pays en développement via l’industrialisation, le développement des exportations et la hausse du niveau de vie). Le tourisme a également été reconnu comme un ‘facteur de radiation’ pour au moins trois anciens PMA (Cap Vert, Maldives et Samoa). La croissance fondée sur le développement du tourisme peut aussi intervenir à un rythme accéléré comme en témoignent notamment la Tanzanie et le Costa Rica (voir page 08).

Dans sa déclaration liminaire au Forum mondial pour le développement des exportations (WEDF) organisé en mai 2011, M. Pascal Lamy, Directeur général de l’OMC, a déclaré ‘Sous l’angle de l’exportation, c’est une activité assez récente pour les PMA. Malgré cela, on considère de plus en plus que la dimension développement inhérente au tourisme est essentielle à leur relance économique età leur croissance à long terme. Entre 2000 et 2009, les recettes du tourisme mondial dans les PMA ont progressé de plus de 14% par an, soit un taux supérieur à celui des autres économies en développement (10%) et deux fois supérieur à celui de la moyenne mondiale (7%)’ (voir page 09 l’article sur le Rapport 2011 du WEDF).

Pourtant frappé de plein fouet par la récente crise économique et financière, le tourisme reste un des secteurs les plus dynamiques de l’économie mondiale. Sa contribution mondiale au PIB dépasse 5% et son chiffre d’affaires annuel croît plus rapidement que le PIB.

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), la demande de services touristiques a brusquement chuté mi-2008 avant de renouer avec la croissance au cours du dernier trimestre 2009 et de continuer de croître en 2010 et au premier trimestre 2011. En 2010, les recettes touristiques mondiales ont dépassé $E.-U. 900 milliards, soit une hausse de 4,7% par rapport à 2009. Selon la dernière mise à jour d’avril du Baromètre OMT du tourisme mondial, les arrivées de touristes internationaux ont dépassé 124 millions en janvier et février 2011 contre 119 millions pour la même période en 2010, les économies émergentes progressant à un rythme plus rapide (+6%) que les pays avancés (+4%).

‘Ces résultats confirment qu’en dépit des nombreuses difficultés, la reprise du tourisme international, remarquablement forte en 2010, s’est consolidée,’ a déclaré M. Taleb Rifai, Secrétaire général de l’OMT, dans sa déclaration liminaire au WEDF 2011.

‘Cette nouvelle est très positive pour les pays émergents et en développement, notamment en Afrique, où le tourisme s’impose comme moteur du développement, des exportations et de la création d’emplois,’ a-t-il ajouté. Cette relance est en partie à mettre au compte des mesures – fiscales, monétaires ou d’aide à la commercialisation au secteur touristique – prises par de nombreux pays pour stimuler leur économie et restaurer la croissance après la crise.

 

Forte croissance du tourisme en 2010

Selon Faits saillants OMT du tourisme (édition 2011), beaucoup de destinations ont enregistré en 2010 une hausse des arrivées de touristes internationaux par rapport à 2009. Toutes les régions affichent une croissance positive en termes réels sauf l’Europe (-0,4%). Le Moyen-Orient (+14%) et l’Asie et Pacifique (+13%) sont les meilleurs élèves alors que les Amériques (+5%) se situent au niveau de la moyenne mondiale; l’Afrique a connu une progression plus lente (+3%) malgré la forte croissance de l’Afrique du Sud (+15%) suite à l’organisation de la Coupe du monde de football. En 2010, le changement majeur au tableau des arrivées de touristes internationaux a été la montée de la Chine à la troisième place et à la quatrième place en termes de recettes (+15%) (voir le graphique ci-après).

Les tendances émergentes favorisent les PMA

Certains segments, comme le tourisme centré sur la nature, l’aventure et la culture, font une percée sur les marchés du tourisme traditionnel. Selon M. Christopher Brown, Co-président du Conseil professionnel de l’OMT, de nombreux PMA sont bien placés pour tirer parti des nouvelles tendances, notamment de l’émergence de l’écotourisme et de la demande croissante d’expériences culturelles authentiques hors des sentiers battus, dont regorgent les économies émergentes.

La Société internationale de l’écotourisme (TIES), qui définit l’écotourisme comme un ‘tourisme responsable en milieux naturels qui préserve l’environnement et participe au bien-être des populations locales,’ estime que depuis 2004, l’écotourisme s’est imposé comme le secteur touristique connaissant la croissance la plus forte et qu’il progresse trois fois plus vite que le tourisme traditionnel. TIES prédit aussi que d’ici 2012, le tourisme durable pourrait représenter 25% du marché mondial du voyage.

Selon TIES (Global Ecotourism Fact Sheet, septembre 2006), l’écotourisme pèse plus économiquement que le tourisme de masse. Le rapport précise que 80% de l’argent des formules de voyage tout compris va aux compagnies aériennes, aux hôtels et autres sociétés internationales alors que les écolodges privilégient les embauches et les achats locaux et reversent parfois jusqu’à 95% des recettes à l’économie locale. Les dépenses journalières des touristes culturels (plus de $E.-U. 90) sont supérieures à celles des visiteurs en voyages organisés ($E.-U. 67), en vacances à la mer ($E.-U. 62), qui visitent la ville ($E.-U. 54) ou la campagne.

‘L’écotourisme à faible impact et haut rendement convient parfaitement aux PMA car ils ne disposent pas de l’infrastructure requise par le tourisme de masse. Et le retard de développement va généralement de pair avec la préservation du milieu naturel,’ dit M. Brown.

Se référant à l’industrie du tourisme au Costa Rica, M. Brown a en grande partie attribué son essor au développement de l’offre d’écotourisme. Il a ajouté que l’émergence rapide de destinations tient en partie à la stabilité politique qui a permis au Costa Rica de s’imposer comme une destination exotique d’Amérique centrale sur le marché nordique et à la priorité accordée à la gestion de l’impact du tourisme sur l’environnement via le Programme national de certification de l’écotourisme.

 

L’avenir de la croissance par le tourisme et du développement durable inclusif dans les PMA

Les discussions du WEDF 2011 ont notamment porté sur la gestion de l’impact du tourisme sur le développement. La pression qui s’exerce sur l’utilisation des sols et le gaspillage de l’eau peuvent poser un réel problème à certains PMA, notamment aux communautés insulaires isolées. Ceci vaut aussi pour la forte consommation d’eau et d’énergie dont est coutumier le secteur touristique. Celle-ci peut excéder les réserves locales durableset entraîner une réquisition de l’eau et de l’énergie affectées à d’autres utilisations sociales et économiques.

Dans son allocution devant le WEDF, M. Supachai Panitchpakdi a estimé qu’un ‘soutien réglementaire et un gouvernement solide’ sont ‘nécessaires pour garantir que le tourisme se développe de manière durable en tenant compte des besoins locaux’.

Il a aussi précisé que si le tourisme offre de nombreuses opportunités génératrices de revenus et d’emplois aux communautés locales, notamment via des liens avec des secteurs de l’économie locale fournissant des services aux touristes (commerce de détail, activités récréatives et culturelles, transports terrestres, agriculture et artisanat), les décideurs doivent impérativement veiller à améliorer le sort des pauvres grâce aux dépenses touristiques afin de maximiser l’impact sur le développement.

LE TOURISME MONDIALFaits et chiffres

•   Le commerce mondial du tourisme rapporte $E.-U. 3 milliards par jour, équivalant à $E.-U. 1 billion de recettes d’exportation totales en 2010.*

•   La contribution du tourisme au produit intérieur brut (PIB) mondial est estimée à 5%.*

•   Les exportations touristiques représentent 30% des exportations mondiales de services commerciaux et 6% des exportations totales de biens et services.*

•   Les recettes tirées du tourisme international ont dépassé $E.-U. 900 milliards en 2010.#

•   On estime la contribution du tourisme à l’emploi entre 6% et 7% du nombre total d’emplois (directs et indirects) dans le monde.*

•   Le tourisme international figure parmi les trois principales sources de recettes en devises pour 23 des 49 PMA.*

•   Les arrivées de touristes internationaux ont dépassé 124 millions durant les deux premiers mois de 2011 contre 119 millions pour la même période 2010.#

•   Les arrivées de touristes progressent plus rapidement dans les économies émergentes (+8%) que dans les pays avancés (+ 5%).*

•   D’ici 2020, le nombre d’arrivées de touristes internationaux devrait approcher 1,6 milliard, réparti entre 1,2 milliard pour le trafic intrarégional et 0,4 milliard pour les voyages long courrier.^ 

Source:

*   OMT, Faits saillants du tourisme (Édition 2011)

#   OMT, Baromètre OMT du tourisme mondial, avril 2011, dernière mise à jour

^   OMT, Tourisme: Vision 2020

PLEINS FEUX SURL’écotourisme au Costa Rica

Avec un million de touristes par an, l’industrie touristique costaricaine génère $E.-U. 1,92 milliard par an et est devenue la deuxième source de revenus du pays; elle compte pour 7,8% du PIB en termes directs et près de 3% de l’emploi total (en 2008) selon les données de l’OMT. Fort de son incroyable diversité, qui comprend 32 parcs nationaux, huit réserves biologiques,
13 réserves forestières et 51 réserves naturelles, des plages pittoresques, des forêts tropicales luxuriantes, des volcans et une faune exotique, le Costa Rica a fait de l’écotourisme le moteur de son développement. 

Autrefois tributaire à 65% de l’agriculture pour ses exportations, le Costa Rica a diversifié l’économie nationale via l’écotourisme. Destination écotouristique phare, le pays a été salué pour la priorité accordée à la conservation via la mise en œuvre du Programme de certification du tourisme durable élaboré par le Conseil du tourisme du Costa Rica et géré par la Commission nationale d’accréditation du Costa Rica. Le programme a pour objet de distinguer les entreprises touristiques en se basant sur ‘le niveau auquel elles se conforment à un modèle durable de gestion des ressources naturelles, culturelles et sociales’ conformément à la certification du tourisme durable. 

 

PLEINS FEUX SURLa Tanzanie

En République-Unie de Tanzanie, le tourisme est la principale source de recettes d’exportation; il dépasse d’autres catégories de services et sa part des exportations totales de biens et services est de 35%. Ce succès tient surtout à la libéralisation du secteur touristique dans les années 1990, qui a permis de dynamiser le secteur qui comptait pour moins de 10% des recettes totales d’exportation au milieu des années 1980. Le succès du tourisme pro-pauvres en Tanzanie est largement dû à sa stratégie en faveur de produits touristiques haut de gamme via des packages touristiques (ascension du Kilimandjaro et circuit safari dans le nord par exemple) afin d’attirer de nombreux touristes étrangers. Contrairement à de nombreux PMA, où le reversement des profits aux investisseurs étrangers laisse entendre que le pays hôte ne perçoit qu’une faible part des recettes, la Tanzanie récupère près de la moitié de la valeur totale de l’ensemble de la chaîne de valeur des voyages organisés vendus à l’étranger – un pourcentage raisonnable attendu le coût des vols long courrier. Un rapport de 2009 de l’Overseas Development Institute/SNV (Making success work for the poor: Package tourism in Northern Tanzania) estime que les Tanzaniens pauvres récupèrent une part importante des dépenses touristiques (environ 30% à 40% au lieu de destination).

Rapport complet en anglais: http://www.odi.org.uk/resources/download/3221.pdf