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Sortie de la catégorie des pays les moins avancés : Et après ?

7 mars 2023
Cecilia Heuser, Centre du commerce international

Le Centre du commerce international explore de nouvelles voies d'exportation pour les pays les moins avancés qui passent à la catégorie suivante.

L'Organisation des Nations unies classe les pays confrontés à de graves problèmes structurels de développement dans la catégorie des pays les moins avancés (PMA).

Les PMA bénéficient de mesures spéciales de soutien internationales, parmi lesquelles l'appui au commerce. Ils bénéficient notamment d'un accès préférentiel aux marchés, accordé unilatéralement par de nombreux pays.

Lorsque certains des problèmes structurels qui les plombent sont résolus, les pays sortent de la catégorie des PMA, ce qui marque l'arrêt des mesures spéciales de soutien.

La sortie de cette catégorie peut être une perspective angoissante pour les pays concernés. En effet, si elle est censée apporter de nouvelles opportunités, elle peut également avoir un impact négatif, par exemple sur les exportations qui ne pourront plus bénéficier de la clause d'accès préférentiel aux marchés.

Pour leur laisser le temps de se préparer à ces changements, les PMA bénéficient d'une période de transition entre leur sortie et l'arrêt des mesures spéciales de soutien internationales comme les clauses préférentielles.

Notre appui : Analyse de l'impact sur les exportations et recherche d'opportunités de croissance à l'export

Pour appuyer les PMA en transition, l'ITC exploite ses données pour estimer l'effet des changements générés par l'arrêt de la clause préférentielle d'accès aux marchés. En parallèle, il utilise sa méthodologie du potentiel d'exportation pour identifier les opportunités de croissance des exportations après la sortie de la catégorie des PMA.

Les stratégies d'atténuation possibles combinent les deux ensembles de résultats. Si le potentiel d'exportation non exploité d'un marché de produits après la sortie est supérieur à la perte que ce marché de produits devrait subir, le pays sortant pourrait atténuer la perte par la promotion du commerce de ces produits spécifiques sur ce marché particulier.

La promotion du commerce peut prendre plusieurs formes, telles que l'appui aux exportateurs dans l'accès aux marchés, le renforcement des capacités pour surmonter les barrières non tarifaires, ou encore la fourniture d'informations sur les préférences du marché cible vis-à-vis des produits concernés, par exemple une certification de durabilité.

Pour certaines combinaisons produit-marché, le potentiel inexploité peut ne pas suffire à compenser complètement les pertes attendues, ou la réalisation du potentiel inexploité par le biais de la promotion commerciale peut s'avérer trop difficile. Une autre solution consiste alors à identifier le potentiel d'exportation inexploité sur d'autres marchés.

Inévitablement, certains produits n'auront pas un potentiel inexploité suffisant pour atténuer l'impact de l'arrêt de la clause préférentielle. Ces produits devront donc être mis en avant lors des négociations de nouveaux accords ou de concessions.

Enfin, le potentiel d'exportation inexploité après la sortie fait également l'objet d'une étude à part, sans son rapport à l'impact de la sortie, afin d'identifier les opportunités de croissance indépendamment des pertes attendues.

Un angle unique

L'analyse de l'ITC diffère de celle des autres organismes sur deux points.

Tout d'abord, nous simulons la sortie à cinq ans à compter de cette année. Cet aspect est primordial car il nous permet de prendre en compte des informations supplémentaires sur les changements attendus dans les années à venir, tels que les taux de croissance attendus des marchés et les changements planifiés dans les tarifs.

Ensuite, au lieu de nous concentrer sur les pertes, nous mettons en évidence les possibilités d'atténuation et de croissance après la sortie.

Zoom sur la République démocratique populaire lao et le Népal

L'ITC a récemment publié deux études qui recourent à cette méthodologie, la première pour la République démocratique populaire lao et la seconde pour le Népal, deux pays qui doivent sortir de la catégorie des PMA en 2026.

La République démocratique populaire lao pourrait perdre 7,3 % (soit 734 millions de dollars) de ses exportations au moment de sa sortie. Les secteurs les plus touchés seront le caoutchouc naturel et le latex, les produits du papier et l'habillement, principalement sur les marchés chinois et européens.

Pour atténuer ces effets, le pays pourrait tirer parti de la promotion commerciale pour débloquer jusqu'à 1,4 milliard de dollars de potentiel d'exportation sur certains marchés existants et nouveaux. Le pays pourrait également négocier un meilleur accès aux principaux marchés concernés après sa sortie et, de manière générale, bénéficier d'une structure commerciale plus diversifiée.

Du côté du Népal, le pays pourrait perdre 4,3 % (soit 59 millions de dollars) de ses exportations au moment de sa sortie en 2026 en raison des modifications tarifaires. La suppression des tarifs préférentiels affectera les secteurs de l'habillement, des textiles synthétiques et des tapis. Les pertes concerneront principalement les exportations vers l'Union européenne, la Türkiye et la Chine.

Sept pays devraient sortir de la catégorie des PMA avant 2027. Neuf autres sont « en phase de préparation », ce qui signifie qu'ils pourraient entamer leur période de transition dès 2024.

Pour tous ces pays, il serait judicieux de mieux comprendre l'impact de leur sortie et les opportunités de croissance qu'ils pourraient saisir après cette sortie. La méthodologie de l'ITC utilisée pour la République démocratique populaire lao et le Népal peut également s'appliquer à ces cas de manière personnalisée.