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Afrique de l'Ouest : la réapparition d'une puissance économique

14 janvier 2015
ITC Nouvelles

Pendant des siècles, la Côte d’Ivoire a été connue pour ses richesses naturelles abondantes. Aujourd'hui cela se reflète dans sont statut de plus grand exportateur de cacao du monde.
Cette position ne devrait pas être sousestimée. Un coup d’État en 1999, suivi par une sanglante élection présidentielle et une rébellion, ont démis la Côte d’Ivoire du rang de puissance économique de l’Afrique de l’Ouest. Investisseurs, entreprises étrangères et organisations internationales ont quitté le pays, ce qui a contribué à faire reculer des décennies de développement.

Cependant, après une décennie de stabilité politique, la Côte d’Ivoire a pu regagner de sa puissance, même si l’économie du pays reste encore fragile. Or, des évènements tels que l’épidémie d’Ebola pourraient rapidement replonger le pays dans une misère économique, annulant les progrès accomplis.
Le retour de la Banque africaine de développement à Abidjan, la capitale ivoirienne, après 10 ans d’exil, est un signe positif. Le fait que les entreprises internationales reprennent leurs opérations dans le pays, et que d’autres y investissent pour la première fois, attirées par des opportunités offertes dans une série de secteurs tels que l’agriculture et l’exploitation minière, l'est aussi.

Afin de renforcer l’économie de la Côte d’Ivoire, en plein essor, la Stratégie nationale à l’exportation (SNE) a été lancé en novembre 2014. Élaborée par le Ministre du Commerce, de l’Artisanat et des PME, avec le soutien de l’ITC, la SNE vise à conduire le pays vers un avenir plus diversifié, durable et inclusif.
La stratégie identifie des secteurs autres que le cacao et le café ayant un grand potentiel d’exportation, notamment les secteurs textiles et vêtements, caoutchouc et plastique, fruits tropicaux et services des technologies de l’information. Elle identifie ensuite de manière systématique les interventions visant à faciliter le commerce et le succès des exportations.

'La stratégie devrait aider à repositionner les exportations ivoiriennes sur les marchés internationaux et renforcer leur compétitivité. De plus, elle devrait doper la compétitivité du secteur privé et contribuer à attirer l’Aide pour le commerce et les investissements vers les secteurs d’exportation', affirme le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan.


La SNE s’efforce de mettre l’accent sur les PME. Cependant, pour que les PME puissent jouer un rôle plus important dans l’économie ivoirienne, il faudrait mettre en place un meilleur environnement commercial dont les objectifs seraient atteints.

'Seule une mise en oeuvre réussie du plan d’action stratégique [SNE] pourra réaliser la promesse de nouveaux marchés, de nouveaux produits avec une plus grande valeur ajoutée et de nouveaux emplois dans les secteurs de l’exportation', a affirmé Arancha González, Directrice exécutive de l'ITC.
Comme dans la plupart des pays, les PME détiennent la solution au défi posé par le chômage en Côte d’Ivoire. Elles peuvent fournir de meilleures conditions pour le commerce et aider à offrir un travail décent aux plus défavorisés, en particulier les femmes et les jeunes. Hamed Coulibaly, Directeur commercial chez Rama Céréal, entreprise productrice de céréales, figure parmi ceux qui voient d'un bon oeil le fait de mettre davantage l'accent sur les exportations ivoiriennes. 

Au moment de sa création en 2005, Rama Céréal employait cinq personnes; aujourd’hui, elle compte 25 employés, des femmes pour la plupart. Après avoir réussi à pénétrer le marché ivoirien, la société a commencé à exporter d’abord vers les pays voisins, en particulier le Bénin, grâce à une relative stabilité politique.


Afin d’étendre ses activités, Rama Céréal doit investir dans de nouveaux équipements; cependant, l’accès au financement l’en empêche, selon M. Coulibaly. Il espère que les produits de Rama Céréal seront bientôt distribués à l’étranger ainsi qu’en Afrique. 'Nous cherchons des partenaires en Europe’, a-t-il dit. 'Si nous y parvenons, la société pourrait doubler sa production.'

L’augmentation des exportations est aussi le but de Michèle Yakice, Directrice et Fondatrice d’une fondation et d’une école qui portent son nom. Ces dernières offrent à des jeunes, une majorité de femmes, une formation dans des domaines liés à la mode tels que le design de vêtements et la coiffure. Ses étudiants viennent non seulement de la Côte d’Ivoire, mais aussi d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Son organisation compte parmi les bénéficiaires du Programme d’appui au commerce et à l’intégration régionale de Côte d'Ivoire (PACIR), financé par l’Union européenne, dont l’ITC est un partenaire de mise en oeuvre.

La participation à ce programme pendant deux ans a permis à Mme Yakice, qui emploie 50 personnes qui cumulent les fonctions d’enseignants et de travailleurs qualifiés, de réorganiser ses activités et ses modèles de production. 'C’était un long processus', dit-elle. 'Nous sommes encore dans le processus de restructuration, mais grâce au PACIR nous avons pu ouvrir notre magasin il y a deux mois.'


Mme Yakice partage l’inquiétude de M. Coulibaly quant à l’accès immédiat au financement. 'Ce n’est pas vraiment le fait d’être une femme, mais plutôt le manque de liquidités nécessaires pour demander un financement nous permettant de commander les quantités dont nous avons besoin', dit-elle. 'C’est plutôt une question de confiance entre les banques et les PME.'

Comme la plupart des entreprises, celle de Mme Yakice souffre de l’instabilité politique de la région et de la crise financière mondiale. 'Nous exportons, mais en petites quantités', ajoute-t-elle. 'Notre plus grand marché est l’Angola, mais il se rétrécit dû à la crise. Maintenant les affaires reprennent à nouveau et nous cherchons d’autres marchés.'
La Côte d’Ivoire reprend pas à pas son chemin vers son précédant niveau de puissance économique, voire au-delà. Bien que la SNE soit un pas dans la bonne direction, atteindre les buts établis demandera un effort majeur. Des propriétaires d’entreprises tels que M. Coulibaly et Mme Yakice sont parmi ceux qui mènent la charge.