Articles

Répondre aux besoins du marché indien avec des produits d'Afrique de l'Est

6 juillet 2015
ITC Nouvelles

En Inde, la demande pour des produits en cuir dépasse l'offre. La solution est juste de l'autre côté de l'océan: établir des partenariats avec les entreprises de l'Afrique de l'Est, qui ont les matériaux pour répondre à la demande et le désir de moderniser le secteur du cuir de leurs pays.

Cela offre une opportunité aux entreprises telles que Superhouse Limited, basée en Inde, fabricant et exportateur de chaussures, sacs à main et vêtements en cuir vers l'Europe et les USA, qui cherche à se développer à travers de nouveaux fournisseurs.

'Nous explorons déjà au maximum le marché de l'industrie du cuir en Inde', a déclaré Ajay Kumar Singh, Directeur adjoint responsable du marketing international. 'Nous cherchons bien entendu des fournisseurs de qualité qui puissent fournir du cuir bleu et rouge, du cuire en croûte et du cuir fini.

'Superhouse se fournit auprès de pays producteurs traditionnels de cuir tels que l'Argentine, le Brésil et le Pakistan. Ces pays produisent un cuir de haute qualité, et leurs prix reflètent cela.

'Pour faire concurrence à la Chine et à d'autres concurrents, il nous faut des prix compétitifs du cuir brut et du cuir fini', déclare M. Singh. 'La prochaine destination est donc l'Afrique. Et l'Afrique de l'Est est le meilleur marché source dans le continent en raison des capacités de traitement de ces pays.'

Préparer les producteurs de l'Afrique de l'Est à l'exportation

Ces capacités peuvent être renforcées. La République-Unie de Tanzanie, par exemple, autrefois l'un des plus grands exportateurs de cuir du continent, a un fort potentiel de croissance dans ce secteur. Selon l'Association des industries du cuir de Tanzanie, l'industrie est entrée en crise suite à un changement dans les politiques nationales.

Afin de la relancer, la communauté des affaires et le gouvernement du pays travaillent afin de développer des stratégies visant à favoriser la production d'articles en cuir à valeur ajoutée plutôt que des peaux brutes pour l’exportation.

'Si nous pouvions convaincre les indiens désireux d’investir dans ce secteur à investir dans les tanneries en Tanzanie, et si le gouvernement faisait sa part en appliquant la loi, ce secteur pourrait certainement prendre de l’essor', déclare Elibariki N. Mmari, membre du conseil d’administration de l’Association des industries du cuir de Tanzanie et Président du bureau régional de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de la Tanzanie.

Palier aux lacunes en termes de marché

Des acteurs mondiaux sont également impliqués dans ce processus. Le projet Supporting India’s Trade Preferences for Africa’s Poor (SITA) de l’ITC vise à établir des partenariats commerciaux et à répondre à la demande indienne pour des produits et services en exploitant la capacité des pays de l’Afrique de l’Est, à savoir l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie.

'Il s’agit également d’ajouter de la valeur à ces exportations, de créer de nouveaux marchés, de réfléchir à de nouveaux partenariats entre l’Inde et l’Afrique de l’Est pour favoriser la croissance des deux parties', déclare Tamar Bello, responsable de l’équipe des partenariats mondiaux au Département pour le développement international du Royaume-Uni, qui finance le SITA.

Dans le cadre de ce projet, les entreprises indiennes investiront dans leurs homologues africaines en partageant leur savoir-faire, leur technologie et leurs attentes en matière de qualité. Parmi les secteurs concernés se trouvent: épices et huiles essentielles; cuir; café; coton; textiles et vêtements; externalisation des processus commerciaux; et services reposant sur la technologie de l’information.

'Le SITA travaillera en étroite collaboration avec les entreprises africaines et indiennes afin d’établir et conserver l’ensemble des partenariats, ce qui implique des capacités techniques, financières et de gestion', affirme Govin Venuprasad, coordinateur du SITA. 'Pour y parvenir, nous allons tirer parti de nos relations avec les gouvernements et les institutions pour rendre possibles ces partenariats, les promouvoir et les soutenir.'

Poser les jalons

Pour garantir la longévité des partenariats commerciaux, il ne suffit pas de répondre aux besoins communs: autant les entreprises que les investisseurs ont besoin d’un environnement stable pour s’appuyer sur des politiques solides et sur l’accès à des informations essentielles, comme celles sur les marchés, les normes et les concurrents.

L’un des axes globaux du projet SITA est la création d’un environnement plus favorable aux entreprises dans les pays partenaires en les aidant à mieux comprendre les politiques et à en tirer profit. Le système de préférences tarifaires à taux zéro du Gouvernement indien, qui offre un accès au marché en franchise de droits aux exportations des PMA sur 98% des lignes tarifaires indiennes, en est un exemple.

Les institutions d’appui au commerce et aux investissements jouent un rôle décisif dans ce programme en tant que sources de connaissances, offrant aux exportateurs l’information dont ils ont besoin pour prendre des décisions d’affaires.

'Le SITA devrait renforcer l’infrastructure des institutions d’appui au commerce et aux investissements dans les pays d’Afrique de l’Est grâce à l’enseignement mutuel, à l’adoption des meilleures pratiques, au réseautage et au renforcement des capacités', affirme Arancha González, Directrice exécutive de l’ITC. 'Ces institutions fournissent aux PME des connaissances ciblées et l’intelligence des marchés dont elles ont besoin pour devenir plus compétitives dans les marchés mondiaux et établir des liens commerciaux avec et entre les pays.'

Ce type d’assistance concerne la demande. Selon Steve Jones, Directeur général de Forestry and Agriculture Investment Management au Rwanda, une telle ressource pourrait apporter des bénéfices immédiats en éliminant les efforts inutiles.

'Ce que je veux dire, c’est qu’il faut trouver quelqu’un qui a besoin de ce que nous faisons', dit M. Jones. 'Nous ne cultivons pas le maïs, ni le blé, ni le soja. Ce que nous faisons, c’est que nous pouvons cultiver des produits spéciaux. Alors nous tirons profit de ce que nous pouvons faire et nous concentrons nos efforts en ce sens.'

Il ajoute encore que son entreprise est capable d’adapter ses produits pour répondre aux exigences des acheteurs en matière de qualité et de quantité, pour autant que cela reste dans son champ d’activité. Il a seulement besoin de détails afin de fournir les articles en fonction des exigences. Selon Yaduvendra Mathur, Président et Directeur exécutif de l’Export-Import Bank of India, le SITA a pour vocation de faciliter cette connexion.

'Le SITA est le modèle dont nous voulons nous inspirer et avec lequel nous voulons amener plus d’hommes d’affaires indiens non seulement à ces cinq pays, mais aussi en Amérique latine et à d’autres économies du sud de l’Asie', affirme M. Mathur. 'C’est la seule façon pour nous de faire face aux énormes défis de l’éradication de la pauvreté et de devenir des économies développées.'

Pour plus d’informations sur le SITA, veuillez cliquer sur: www.intracen.org/sita (en anglais)