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Les nouveaux moteurs de la croissance économique

11 juillet 2011
ITC Nouvelles

Le nouveau dynamisme et les nouvelles forces de la croissance économique dans les pays en développement contrastent avec les faibles taux de croissance et l’incertitude des pays développés. S’il n’est pas possible de savoir si le rythme de la croissance au Sud compensera l’atonie des marchés traditionnels, un juste équilibre devra être trouvé entre croissance intérieure et croissance à l’exportation, et le rôle de l’intégration régionale et l’accroissement de la valeur ajoutée des accords commerciaux Sud-Sud devront être pris en compte.

 

L’économie mondiale connaît de profondes mutations, à telle enseigne que l’on pourrait dire sans craindre d’exagérer que les plaques tectoniques du commerce mondial sont en mouvement. Sur une période prolongée, et parfois avec violence, de nouveaux sommets apparaissent alors que d’anciens reculent. Certains pays en développement enregistrent des gains rapides, Chine en tête, mais aussi l’Inde, l’Asie du Sud-Est et le Brésil. L’Afrique, y compris l’Afrique du Sud, ne dérogent pas à la règle, attestant d’un nouveau dynamisme qui dope la croissance économique.

Dans les pays développés en revanche, c’est l’atonie qui est de mise. Les taux de croissance sont faibles, la reprise plus qu’incertaine, et les analystes s’attendent à ce que la tendance persiste pendant une bonne dizaine d’années. Tout cela se répercute sur le commerce mondial. Dans le cas de l’Afrique du Sud, pendant la récession de 2009, les exportations à destination de l’Union européenne et des États-Unis ont diminué pour atteindre quelque 30%, alors que les exportations à destination de la Chine et de l’Inde augmentaient, compensant en partie le recul des exportations vers les pays développés. Cet exemple confirme la tendance générale du commerce africain.

Outre l’atonie générale des marchés des pays développés, les perspectives de croissance de la consommation financée par le crédit ont aussi été revues à la baisse. Dans le même temps, un pays comme la Chine s’efforce d’équilibrer la croissance du marché intérieur et des exportations, tout cela sur fond de salaires en hausse et de politique à l’importation affinée, ce qui représente un changement de taille et continu. La croissance des échanges commerciaux entre pays en développement, notamment avec les PED avancés, a toutes les chances de s’accentuer.

Même si l’on peut s’attendre à une évolution positive de la situation qui favorisera une augmentation de la demande à l’importation des pays en développement autres que la Chine, cela risque d’être insuffisant pour compenser le fléchissement de la demande des pays développés. La question se pose ici du volume du commerce versus sa valeur.

L’économiste basé à Cambridge Gabriel Palma a employé l’analogie du vol d’oies sauvages et des canards se dandinant pour représenter la variation des résultats de différents pays et les gains potentiels du commerce. Pour prendre un autre exemple, importe-t-il vraiment qu’un pays exporte des puces électroniques ou des chips de pomme de terre? Eh bien oui. Cela fait toute la différence en termes d’impact sur les perspectives de croissance. Les prévisions de croissance en volume doivent être revues à la baisse, alors que la valeur et la concurrence dans le commerce gagnent en importance.

Pour prendre l’exemple de la Chine, qu’entend-t-on par équilibre entre la croissance du marché intérieur et la croissance des exportations? Il ne s’agit pas simplement de dire que les exportations sont une bonne chose, contrairement à ce qui se passe sur le marché intérieur. La question de l’intégration régionale entre ici en ligne de compte. C’est essentiel pour les pays africains. Un accord de libre-échange entre la Communauté de développement de l’Afrique australe, le Marché commun entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe et la Communauté d’Afrique de l’Est offrirait des possibilités alléchantes. Lorsqu’il sera en place, il représentera un zone de libre-échange qui s’étendra littéralement du Cap au Caire sur la côte est de l’Afrique, couvrant au total 700 millions de personnes. Cependant, les obstacles au commerce interrégional peuvent entraver la croissance. Au nombre de ces obstacles figurent les infrastructures et les facteurs liés aux capacités de production des nombreux pays produisant le même type de produits de base destinés à l’exportation. Des lacunes existent aussi dans les secteurs de substitution à l’importation. La nécessité persiste de restructurer les capacités de production et de se doter des infrastructures qui permettront de soutenir des échanges de qualité et d’un volume important.

Dans le cas de l’Afrique du Sud, lorsqu’il s’agit de questions Sud-Sud, le pays investit dans la diplomatie commerciale afin d’accroître la valeur ajoutée de ses échanges. À titre d’exemple, pendant une récente visite en Chine, un accord de partenariat stratégique d’envergure a été signé dans le but de renforcer la coopération afin d’accroître la part des produits à valeur ajoutée dans le panier des échanges. La Chine affirme être engagée à travailler avec les pays d’Afrique pour investir dans la production de nouveaux produits. Pour assurer la croissance du commerce Sud-Sud, le défi consiste encore à améliorer la qualité du commerce et à tenir compte de l’intégration régionale.

Cet article est une version adaptée de l’exposé de M. Davies au Forum mondial pour le développement des exportations 2010. ROB DAVIES Ministre du commerce et de l’industrie Afrique du Sud.