Récits

Table ronde: Les décideurs politiques doivent aider à renforcer les capacités des PME en réduisant le temps de transport

10 juillet 2013
ITC Nouvelles
Selon les participants à une table ronde lors de l'évènement parallèle organisé par l'ITC à l'occasion du 4ème Examen global de l'Aide pour le commerce hier à Genève, le transport inutilement onéreux, le manque d'informations sur les exigences des clients et l'absence de certifications internationales sont les principaux obstacles à l'intégration des petites et moyennes entreprises (PME) des PED dans les réseaux internationaux d'approvisionnement.

Selon les participants à une table ronde lors de l'évènement parallèle organisé par l'ITC à l'occasion du 4ème Examen global de l'Aide pour le commerce hier à Genève, le transport inutilement onéreux, le manque d'informations sur les exigences des clients et l'absence de certifications internationales sont les principaux obstacles à l'intégration des petites et moyennes entreprises (PME) des PED dans les réseaux internationaux d'approvisionnement. 


L'importance croissante des chaînes de valeur régionales dans le commerce international offre une occasion exceptionnelle d'accroître les exportations par les PME, pour autant que les principaux obstacles soient surmontés, ont déclaré les intervenants à l'évènement intitulé "Incorporer les PME des pays en développement dans les chaînes de valeur". Le groupe de discussion a examiné les rôles et les contributions des décideurs politiques, organismes de promotion du commerce, associations commerciales du secteur privé et entreprises de logistique dans les processus d'intégration, ainsi que les implications pour les différents acteurs.

 

Les PME ont besoin d'accès aux financement, au développement des compétences et à une amélioration des capacités afin remplir les normes internationales de qualité - questions auxquelles l'initiative Aide pour le commerce doit répondre, a dit Valentine Rugwabiza, Directrice générale adjointe de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en ouvrant le débat. Les PME sont particulièrement désavantagées lorsqu'il s'agit des coûts de logistique, a-t-elle dit. "Les multinationales peuvent intégrer ces coûts, mais pas les PME."


L'ITC développe des approches axées sur le marché afin de connecter les PME de PMA aux marchés internationaux et d'augmenter leur compétitivité, a dit Jean-Marie Paugam, ITC’s Directeur exécutif a.i de l'ITC, modérateur du débat. “Sans assistance, les acteurs dans ces pays sont exclus des chaînes mondiales de valorisation,” qui occupent une place de plus en plus dominante dans les échanges internationaux, a-t-il dit.

Comprendre les besoins des clients

Connaître les marchés et comprendre les chaînes de valeur sont des prérequis pour la participation dans ces chaînes de valeur et pour augmenter le revenu des agriculteurs, a dit Joseph Nkole, producteur de coton et coordinateur national de l'Association zambienne du coton. Jusqu'à il y a quelques années, les 450'000 membres de l'association vendaient le coton brut à des acheteurs locaux à bas prix. En travaillant avec l'ITC, ils ont identifié des nouveaux marchés et créé des liens solides avec des acheteurs en Chine, en Inde, au Bangladesh et au Vietnam. “Nous avons commencé à comprendre ce dont nos clients avaient besoin", a dit Nkloe, en ajoutant que les producteurs de coton en Zambie ont intégré les chaînes de valeur en égrenant leur propre coton et en vendant la fibre et la graine séparément. “Ce qui empêche la plupart des PME de participer aux chaînes de valeur et d'intégrer ces dernières, c'est le manque de compréhension de leurs propres marchés", a-t-il conclu.

Simplifier les formalités douanières

Une fois que les PEM des PMA ont identifié un besoin sur le marché, il leur faut introduire leur produit dans ce marché. Cependant, les frais de transport sont souvent de deux à trois fois plus élevés en Afrique qu'en Europe, ce qui rend les fournisseurs de ces pays moins compétitifs, a déclaré un représentant du secteur de la gestion du transport et de la logistique. En raison de la lenteur des formalités douanières et des barrages routiers à l'intérieur des pays, la livraison prend souvent deux fois le temps nécessaire, a-t-il expliqué.

“Rester deux jours, une semaine, deux semaines à la frontières coûte très cher", a-t-il dit avant d'ajouter que "des questions liées au gouvernement" lors de ces contrôles douaniers et barrages routiers augmentent les frais des camionneurs et poussent à contourner les procédures habituelles.

Plusieurs pays ont pris des mesures en vue de simplifier les procédures aux postes frontière, réduisant considérablement le temps d'attente et par conséquent augmentant la compétitivité de leurs exportateurs et dopant leurs économies, a-t-il dit. Aux postes frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, par exemple, une procédure simplifiée a été mise en place, réduisant le temps d'attente qui était d'environ cinq jours à un jour voire moins, a-t-il ajouté. Les plus grandes entreprises de logistique présentes à l'échelle mondiale travaillent avec les PME dans plusieurs pays, les conseillant sur les détails pratiques concernant les formalités douanières et les postes frontière. "Nous apportons la contribution du secteur privé pour créer du leadership dans la circulation des marchandises", a-t-il dit.

Cibler les politiques commerciales

Les politiques commerciales doivent être ciblées pour être efficaces, a déclaré le Dr. Debapriya Bhattacharya du Centre pour le dialogue politique à Dhaka, au Bangladesh, et ancien Ambassadeur du Bangladesh auprès de l'OMC. Les pays doivent d'abord décider quels sont les secteurs et quelle est la taille des entreprises pour cibler le soutien aux PME, a-t-il dit. En même temps, ils doivent se concentrer sur le maintien de la valeur ajoutée. “Le succès ne repose pas sur l'entrée dans les chaînes de valeur, mais dans l'évolution au sein de cette dernière. L'entrée ne suffit pas si la diversification et l'évolution ne sont pas au rendez-vous", a-t-il déclaré.

La création d'un environnement politique adéquat, le renforcement d'un réseau institutionnel de soutien aux exportateurs et le choix de l'ensemble des incitations économiques approprié doivent être les principaux domaines sur lesquels les décideurs politiques doivent se concentrer afin de faciliter les exportations par les PME, a déclaré Anabel González, Ministre du Commerce extérieur du Costa Rica. En 2001 le Costa Rica a adhéré à un programme visant à harmoniser les PME locales avec les entreprises multinationales, mais les responsables ont vite compris qu'il fallait faire plus. "Ce n'est pas qu'une question de mettre ensemble les PME et les multinationales, mais de développer les PME pour qu'elles puissent soutenir les multinationales", a-t-elle dit, soulignant le besoin de soutenir les entreprises en vue de l'obtention de certifications internationales, souvent un prérequis pour devenir fournisseur des multinationales.

Le Costa Rica s'est trouvé un créneau dans les domaines à valeur ajoutée tels que les appareils médicaux, a-t-elle déclaré, avant d'ajouter que l'accent mis uniquement sur la compétitivité est voué à l'échec. “Si vous êtes compétitif au niveau des prix, il y aura toujours un pays qui peut faire moins cher", a dit Mme González. Le Costa Rica, par exemple, était un fournisseur important de textiles, mais ses entreprises ont été victimes de la surenchère d'autres concurrents en Amérique centrale. Au lieu de rivaliser au niveau des prix, le pays s'est tourné vers les appareils médicaux, où plusieurs compétences utilisées dans l'industrie des textiles pouvaient être reconverties, a-t-elle dit. “Nous avons passé à une autre chaîne de valeur avec plus de valeur ajoutée, mais sur la base des compétences déjà acquises dans d'autres secteurs", a-t-elle expliqué. En évaluant son impact en termes de soutien au commerce, le gouvernement du Costa Rica retrace la valeur de la première commande signée par les entreprises résultant de l'assistance reçue, a dit Mme González. "Nous avons enregistré une augmentation de treize fois en douze ans et cela donne la mesure de l'impact du progrès.

Que devrait faire l'ITC?

L'ITC doit poursuivre son travail en vue de renforcer les organismes de promotion du commerce dans les pays bénéficiaires, a déclaré Mme González. "Soutenir les OPC pour le développement de programmes de certification pour les exportateurs." L'asymétrie de l'information reste un obstacle majeur, et l'assistance de l'ITC dans ce domaine est particulièrement bienvenue, a dit Mr Nkole.

L'ITC doit travailler avec d'autres acteurs pour apporter plus de transparence concernant la manière dont la valeur est distribuée dans les chaînes d'approvisionnement, a déclaré le Dr. Bhattachraya. Afin d'augmenter le revenu des fournisseurs dans les PED, les acteurs du développement doivent d'abord "retracer la redistribution de la valeur des multinationales.” L'ITC pourrait jouer un rôle en créant des partenariats public-privé pour le partage des meilleures pratiques dans le domaine des politiques de transport et de logistique, ont affirmé les intervenants du secteur de la logistique, ajoutant que les acteurs de l'industrie étaient prêts à soutenir une telle initiative.

Mme Rugwabiza a cité le Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, en disant que les acteurs du développement "doivent se connecter et rester connectés", et a ajouté que "les moins connectés sont les PME des pays en développement et les moins connectés de tous sont les PME de pays à revenu faible et des PMA.” L'ITC et d'autres acteurs du développement doivent se focaliser sur ces groupes d'exportateurs les plus vulnérables, a-t-elle dit.

M. Paugam a conclu la séance en soulignant le besoin d'assistance continue à la certification et à la création de liens commerciaux. Il a appelé les agences de développement du commerce à coopérer dans la recherche sur l'économie des chaînes de valeur et dans la création d'une plate-forme public-privé pour le dialogue et le partage des meilleures pratiques en matière d'élaboration de politiques.