Récits

Des start-up africaines brillent aux sommets technologiques

18 janvier 2023
ITC Actualités

Sept start-up africaines ont pu courtiser des investisseurs, développer leur réseau et briller par leurs produits lors des deux plus grands sommets technologiques mondiaux tenus en Europe.

Pour une start-up technologique africaine, trouver des investisseurs revient à trouver l'entrée des espaces où se réunissent les représentants des sociétés de capital-risque.

C'est exactement l'offre faite à sept entreprises africaines invitées à participer à deux des plus grands rassemblements technologiques au monde : Web Summit à Lisbonne, et Slush à Helsinki.

Le premier, Web Summit, a réuni 70 000 participants entre le 1er et le 4 novembre 2022, dont des chefs d'entreprise, des fondateurs, des investisseurs, des médias, des politiciens et des figures de proue de la culture. Web Summit offre une occasion unique de rencontrer des personnes qui cherchent à remodeler le monde par la technologie.

Muchu Kaingu, Directeur technique de Lupiya, une société de micro-finance dont son épouse, Evelyn Kaingu, est la Directrice générale, s'est rendu au Web Summit avec un financement de start-up déjà en place. Lupiya avait déjà levé un million de dollars en 2020, mais le couple cherchait un nouveau cycle de financement pour développer l'entreprise et s'étendre sur des marchés au-delà de leur pays d'origine, la Zambie.

« Tandis que l'Afrique se numérise rapidement, nous assistons à un recours toujours plus large au commerce électronique. La demande pour des options de paiement en ligne a augmenté », a expliqué M. Kaingu. « Nous avons compris que nos clients avaient besoin d'une offre de services bancaires holistique, proposant à la fois des opportunités d'investissement à faible barrière à l'entrée, et la possibilité pour les clients d'effectuer facilement des transactions par des canaux en ligne. »

Dans le cadre du projet #FastTrackTech Africa de l'ITC, appuyé par l'initiative Switch ON, Lupiya et la plateforme zambienne de livraison de nourriture AfriOnline ont chacune pu tenir un stand pendant une journée. M. Kaingu a également pu profiter d'un créneau très convoité pour présenter rapidement (pitch) son entreprise sur scène devant près de 80 personnes.

« Nous sommes maintenant en discussion avec trois partenaires technologiques », a affirmé M. Kaingu. « Ce sont des partenaires sur lesquels nous pourrions nous appuyer pour continuer à développer notre plateforme. Nous discutons également avec un partenaire d'internationalisation pour enregistrer une société de portefeuille aux États-Unis, ce qui nous donnerait un meilleur accès à des capitaux. »

Ses rencontres avec ces investisseurs potentiels ont déjà permis de franchir des étapes concrètes. Lupiya a signé des accords de non-divulgation avec deux investisseurs, une première étape dans l'exploration d'une éventuelle levée de fonds pour développer leur marché à l'international.

Changer de vision et passer à l'échelle supérieure

À l'occasion de l'événement Slush, à Helsinki, les programmes NTF V et #FastTrackTech ont permis à cinq entreprises de faire le voyage. Slush a établi sa réputation sur son ratio élevé d'investisseurs/fondateurs de start-up et sur sa volonté d'être un événement « par des fondateurs pour des fondateurs ». Rassemblant près de 12 000 participants, il a offert aux cinq start-up africaines l'occasion d'établir des contacts et ainsi de développer leur réseau. Souleymane Gning représentait la compagnie d'assurance en ligne sénégalaise Assuraf ; Abdoulaye Maiga est allé présenter son application de covoiturage Teliman, qui permet aux utilisateurs de trouver des motos-taxis ; Tigabu Abriham a présenté Eshi Express, un service de livraison en ligne en Éthiopie ; Eric Nana Agyei représentait l'entreprise ougandaise MobiPay, qui fournit aux petits agriculteurs des solutions de paiement numérique ; et toujours dans le domaine de l'agritech, Jean-Delmas Ehui a présenté la firme ivoirienne ICT4Dev, qui utilise les données pour aider les petits agriculteurs à améliorer leurs récoltes.

Ils ont tous tenu des réunions avec d'autres fondateurs d'entreprises, ainsi qu'avec des partenaires et des investisseurs potentiels. Pour la plupart de ces entreprises africaines, Slush a élargi leur vision, en leur offrant de voir la manière de faire évoluer leur entreprise, souvent lancée sur fonds propres, pour apporter des services qui n'existaient pas auparavant dans leur pays.

Lorsque M. Maiga a lancé Teliman en 2018 à Bamako, la ville ne comptait aucune mot-taxi, et aucune application n'avait encore vu le jour pour mettre les clients en relation avec ce type de service.

« À présent, nous avons environ 500 chauffeurs inscrits sur la plateforme, et en moyenne, ils font 10 à 12 trajets par jour », a-t-il déclaré. L'avantage de participer à l'événement à Helsinki était de voir comment les entreprises technologiques du monde entier s'attaquent aux problèmes auxquels il est également confronté au Mali.

Parmi les retombées immédiates que M. Maiga a notées, il y a eu des rencontres avec des fournisseurs tiers qui pourraient aider à gérer les coûts des services internet critiques comme Google Cloud ou Amazon Web Services.

« Pour nous, c'était intéressant juste de voir les différentes réunions et les différentes présentations, parce que c'était très inspirant de voir ce qui se fait dans le monde », a-t-il confié. « Cela m'a donné une vision de la façon de passer à une taille plus grande. »
 

À propos du projet

Netherlands Trust Fund V (NTF V)

La phase V du programme Netherlands Trust Fund (NTF V) (juillet 2021 à juin 2025) repose sur un partenariat entre le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas et le Centre du commerce international (ITC). Le programme appuie les micro, petite et moyennes entreprises (MPME) dans les secteurs des technologies numériques et de l'agroalimentaire. Son ambition est double : contribuer à une transformation inclusive et durable des systèmes alimentaires, en partie grâce à des solutions numériques, et stimuler l'internationalisation des start-up technologiques et l'exportation d'entreprises informatiques d'externalisation des processus commerciaux dans certains pays d'Afrique subsaharienne sélectionnés.

FastTrackTech-Switch ON.

Le projet #FastTrackTech du Centre du commerce international exploite le pouvoir de transformation amené par l'économie numérique pour générer des emplois et contribuer à la croissance économique et à la productivité. Le projet est appuyé par l'initiative Switch ON. Cette initiative récente de l'ITC se concentre sur la connectivité numérique, donne la priorité aux investissements dans le secteur, et appelle les décideurs politiques à créer les conditions propices pour que les petites entreprises des pays en développement puissent profiter du commerce et de l'entrepreneuriat numériques. Switch ON se concentre également sur la fourniture de réseaux abordables et le déblocage de l'accès par l'éducation et la culture numérique.