Articles

Promotion réussie des exportations: leçons des économies émergentes

14 janvier 2015
ITC Nouvelles

Les économies émergentes telles que le Brésil, la Chine et l’Inde ont très bien réussi à améliorer leurs performances commerciales. Comment y sont-elles parvenues, et quelles leçons les PMA pourraient-ils tirer de leurs expériences?

L’une des contraintes à l’amélioration des performances commerciales est le coût élevé des échanges auquel sont confrontées la plupart des économies émergentes et des PED. Cela résulte souvent de l'insuffisance des infrastructures ainsi que de la lourdeur des procédures aux frontières.
Le soutien à l’infrastructure liée au commerce et à la facilitation des échanges cherche à répondre à ces contraintes; il a été efficace pour améliorer la performance et la compétitivité commerciales. La coopération avec le secteur privé, et les relations entre l’État et les entreprises de manière générale, peuvent également contribuer de manière positive à la performance commerciale.

Trois ingrédients clés peuvent garantir la performance commerciale d’un pays: le soutien aux infrastructures liées au commerce telles que les routes, les voies ferrées, les ports, l’énergie et les télécommunications, la facilitation des échanges et l’amélioration des règles et procédures qui régissent le passage des marchandises aux frontières et les relations efficaces entre l’État et entreprises.

L'avenir des infrastructures liées au commerce

L’expérience de la Chine, de l’Inde et du Brésil offre des leçons sur la manière de surmonter les difficultés qui entravent l’accès du secteur privé au financement et à l’infrastructure. En résumé, il est important de créer un environnement institutionnel favorable au développement des infrastructures, de chercher des investisseurs institutionnels à l’échelle nationale ainsi que des investissements étrangers avec le soutien du secteur public. Cela pourrait se faire en fournissant des garanties de crédit, en soutenant les partenariats public-privé (PPP), et en favorisant la participation du secteur privé aux infrastructures, par exemple en renforçant la préparation en amont impliquant des réformes sectorielles, politiques, juridiques et réglementaires.

En Chine et au Brésil, les prêts bancaires ont permis de garantir un financement à long terme, essentiel pour l’investissement dans les infrastructures. Si, par exemple, les gouvernements ne sont pas préparés à accorder des engagements budgétaires conditionnels suffisants (comme c’était le cas en Inde), la meilleure solution pour remplacer le financement des infrastructures par les banques serait de chercher des investisseurs institutionnels au niveau national. La création de nouveaux régimes de retraite offre un certain potentiel en créant un marché pour les titres locaux à long terme libellés en devises, réduisant ainsi la demande pour des prêts bancaires.

Les PMA pourraient chercher des investisseurs étrangers, mesure qui pourrait être soutenue par la fourniture de garanties de crédit par le secteur public, soit directement à travers des garanties de prêts ou indirectement à travers la tolérance réglementaire des banques du secteur public. Le Brésil, par exemple, a encouragé des entreprises étrangères à investir dans des partenariats public-privé. Les entreprises du secteur de l’énergie, ayant eu des cotes de crédit élevées et ayant profité de garanties souveraines, ont émis des actions et obligations dans les marchés internationaux. Cela pourrait être une option prometteuse pour certaines grandes entreprises ou services publics dans les PMA.

L'avenir de la facilitation des échanges

Suivant l’exemple de la Chine, de l’Inde et du Brésil, il est essentiel pour les PMA de doper l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, de promouvoir l’échange de données électroniques et des guichets uniques pour la soumission et le traitement de l’information et de documents. Ils doivent également soutenir l’harmonisation des exigences documentaires à travers les pays, minimiser les contrôles physiques, en particulier par l’adoption de techniques de gestion des risques, et introduire des initiatives de facilitation des échanges spécifiques aux secteurs tels que les produits agricoles ou les biens d’exportation à faible valeur ajoutée. Alors que ces approches en matière de facilitation des échanges présentent le potentiel d’améliorer les performances commerciales d’un pays, les améliorations dans les performances appellent à résoudre les contraintes liées à l’approvisionnement afin de permettre au pays de bénéficier des conditions commerciales améliorées.

L’expérience de ces trois pays semble indiquer qu’un accent particulier devrait être mis sur la mise en oeuvre de mesures directes de facilitation des échanges et sur la priorisation du commerce sans papier à travers l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. En Chine, par exemple, les procédures douanières sans papier sont nettement plus rapides. En comparaison avec les procédures douanières classiques, les procédures sans utilisation de papier réduisent le temps moyen consacré aux produits importés ou exportés de 9,3 %, ce qui correspond à 0,7 heures.

Les PMA pourraient également envisager l’introduction de techniques de gestion des risques afin de réduire le besoin de contrôles. De plus, les politiques de facilitation des échanges applicables aux produits d’exportation à faible valeur ajoutée présentent un véritable potentiel pour les PMA, qui pourraient s’inspirer de leur introduction dans des pays tels que le Brésil. Là-bas, le gouvernement a simplifié les procédures d’exportation pour les produits d’une valeur inférieure à $E.-U. 10 000 tout en traitant de la question de l’accès limité au transport à des prix abordables pour les PME en utilisation les réseaux postaux, les aidant ainsi à exporter rapidement leurs produits. Quelques 8 000 exportateurs utilisent Exporta Fácil, ce qui représente près de 40% des exportateurs du pays, dont la plupart aurait autrement envoyé leurs produits à l’étranger par bateau. Depuis l’an 2000, des marchandises d’une valeur supérieure à $E.-U. 1,8 milliard ont été traitées par ce système.

L'avenir des rapports entre l'État et les entreprises

L'officialisation des rapports entre l'État et les entreprises peut favoriser la performance économique, par exemple à travers une allocation plus efficace des dépenses gouvernementales, une meilleure croissance et de meilleures politiques industrielles. Cependant, elles devraient être régies par des politiques en matière de compétitivité afin d'éviter que leur collaboration ne laisse pas de place à des pratiques collusoires. Le cas de l'Inde suggère que des rapports collusoires peuvent se transformer en des rapports de collaboration lorsque dirigeants et élites réunissent leurs efforts en faveur du développement.

L'efficacité des rapports entre l'État et les entreprises repose sur l'adhésion de tous les acteurs, la gestion des intérêts particuliers qui résistent aux réformes et la création d'un cadre solide pour la concurrence. Dans ce contexte, le renforcement des capacités et la garantie de l'adhésion nécessitent un État fort et hautement engagé.

La gestion des intérêts particuliers demande une coordination parmi les autres groupes intéressés qui pourraient bénéficier de ces réformes. Les autorités concurrentes peuvent jouer des rôles importants en facilitant la coordination de ces groupes. La création d'un cadre solide pour la concurrence est essentielle pour assurer le bon fonctionnement des marchés afin de générer croissance et développement. Par ailleurs, l'efficacité des rapports entre l'État et les entreprises dans des zones économiques spéciales peut contribuer à la croissance et à une bonne performance commerciale.

Alors que les PMA sont confrontés à leurs propres opportunités et contraintes en matière de performances commerciales, ces grandes leçons qu'offrent les économies émergentes pourraient servir de feuille de route pour des discussions et actions futures.