Récits

La mode, un ultime moyen d'autonomisation et d'expression, selon de jeunes étudiants marocains

18 août 2021
ITC Nouvelles

À l'échelle mondiale, le secteur du textile et de l'habillement est l'un des plus grands employeurs de jeunes et de femmes. Les jeunes, qui influencent les préférences des consommateurs, la mode et la fidélité à l’égard des marques, constituent un groupe crucial pour les marques.

Un rapport publié par l'Organisation internationale du Travail indique que les jeunes consommateurs de l'Union européenne et d'Amérique du Nord ont provoqué une augmentation de la demande de vêtements fabriqués à partir de matériaux naturels et biologiques, ainsi qu'une croissance des ventes de matériaux d'occasion, des marchés de revente, de la mode vintage, de l'utilisation accrue des plateformes de location et de partage de vêtements, et des modèles innovants de recyclage.

Au Maroc, le Programme mondial du textile et de l'habillement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (GTEX/MENATEX) du Centre du commerce international (ITC), soutient la Casa Moda Academy, une école de création de mode, dans trois domaines:

  • L'acquisition d'un logiciel éducatif qui permettra aux étudiants d'être plus efficaces, ainsi qu'un intranet avec une base de données fiable, qui facilitera la communication entre les étudiants et les enseignants.
  • Un expert pour aider à développer le programme Design et Stylisme de Mode - Modélisme créatif, lancé à la rentrée 2020-2021 avec le soutien du gouvernement.
  • A partir de septembre 2021, l'appui d'un expert international de l'Institut Français de la Mode pour améliorer l'opérationnalisation et la stratégie de l'école.
  • La Casa Moda Academy a été créée dans le cadre d'un partenariat public/privé visant à soutenir la transition du secteur du textile et de l'habillement, de la sous-traitance au produit fini. De 2010 à 2021, 139 diplômés ont été formés, dont 90 % de femmes d'une moyenne d'âge de 20 ans.
Aujourd'hui, l'école s'internationalise en promouvant son action dans des pays africains tels que la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Sénégal.
 
Wafaâ Khamlichi, la directrice de Casa Moda Academy, célèbre les accomplissements de l'école et de ses étudiants : "Investir dans la jeunesse est essentiel pour assurer un avenir meilleur au secteur marocain du textile et de l'habillement. L'école leur offre une formation solide pour acquérir une polyvalence et des connaissances sur les tendances mondiales de la mode." À moyen terme, elle prévoit que l'école développe un programme axé sur l'entrepreneuriat afin de fournir des compétences managériales, de gestion d'entreprise et de développement de plans stratégiques, pour aider les étudiants à créer leurs propres marques.
 
À l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, le 12 août 2021, deux étudiants de la Casa Moda Academy partagent leurs points de vue et donnent des conseils aux jeunes qui souhaitent travailler dans le secteur de la mode.
Ayoub Chigr, 22 ans, déclare : « Ma mère, une couturière, m'a aidé à apprendre à couper et à coudre des vêtements pour mes poupées. Devenir créateur de mode était donc un choix de carrière évident.
Je suis passionné par l'industrie de la mode en raison de sa capacité à évoluer en permanence. Les nouvelles techniques, les nouveaux styles, les nouvelles personnalités et les nouvelles tendances changent constamment la donne. Faire partie de ce monde rend donc votre travail et votre avenir aventureux, car vous ne savez jamais ce qui vous attend.

Par exemple, voir tous ces mouvements comme le retour du style rétro des années 70 ou l'intérêt des jeunes générations pour les vêtements vintages me fascine.

Je me réjouis de voir les normes de genre remises en question. De plus en plus de gens s'ouvrent aux nouvelles tendances, comme le mouvement femboy qui célèbre le style féminin porté par des icônes masculines. Réaffirmant ainsi que l'on peut porter ce que l'on veut. C'est ce qui est si excitant dans la mode pour moi, le pouvoir et la liberté qu'elle donne aux jeunes.
 
Dans quelques années, je me vois en tant que styliste senior ayant travaillé sur plusieurs projets, notamment des costumes de scène pour de grands artistes, ce qui a toujours été un de mes rêves. Parallèlement, je rêve de constituer ma propre équipe de mannequins, de photographes, de modélistes et de stylistes.
Pour ceux qui rêvent de suivre la même carrière, mon conseil est de toujours garder l'esprit ouvert pour apprendre, changer et s'adapter. »

Rihame Kahya 21 déclare : « Depuis toute petite, j'adore l'industrie de la mode. Ma grand-mère m'a inspiré cette carrière car elle a consacré sa vie à coudre et à confectionner des vêtements pour sa famille et ses amis.

Grâce aux vêtements, j'ai appris à m'exprimer comme s'il s'agissait d'une langue. Cela m'a permis de m'émanciper pour devenir la femme forte que je suis.
 
En tant que créatrice de mode de la génération Z, les causes environnementales sont cruciales pour mon travail. La durabilité et la mode éthique sont mes principales préoccupations. Je trouve que le modèle actuel basé sur la fast-fashion est source de gaspillage et est nuisible pour l'environnement.
En tant que future jeune génération de créateurs, nous pouvons changer et briser les règles pour rendre la mode plus durable et plus sûre.
Avec l'épidémie de la COVID, nous voyons l'environnement crier à l'aide et l'industrie de la mode se réinventer pour utiliser les technologies et virtualiser les nouvelles tendances de la mode. Plus que jamais, la jeune génération a besoin du soutien des organisations et institutions internationales pour s'assurer que nous ayons accès aux outils et aux ressources pour exceller dans notre vie future.

À la prochaine génération de jeunes créateurs, je recommande vivement de ne jamais renoncer à leurs rêves, de suivre leur passion et de trouver leur propre style. En tant que forme d'expression personnelle, la mode peut vous donner, à vous et aux autres, un sentiment d'autonomie. Tant que vous croirez que vous pouvez le faire et que vous ferez de votre mieux pour y arriver, vous allez vous éclater. »
Le programme GTEX MENATEX est financé par le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) de la Confédération suisse et l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida), et se concentre sur six pays prioritaires (Égypte, Maroc, Jordanie, Kirghizistan, Tadjikistan et Tunisie). Le programme vise à encourager les exportations de textiles et de vêtements des pays en développement afin de promouvoir l'emploi et la création de revenus tout au long de la chaîne de valeur.