Entretiens

Faire des femmes les leaders du commerce au Tadjikistan

15 décembre 2021
Entretien avec Farzona Tilavova, Fondatrice/Directrice, Kamolot 1, Tadjikistan

Evelyn Seltier, du Centre du commerce international, s’est entretenue avec Farzona Tilavova, directrice du cabinet de conseil Kamolot 1, sur l’impact de son travail, l’importance des femmes instruites et la façon d’être une entrepreneure prospère.

Farzona Tilavova et son cabinet de conseil aident les entreprises locales et étrangères à mettre en œuvre des systèmes de gestion de la qualité en vue d’une certification internationale, ce qui peut avoir un impact énorme sur leurs transactions commerciales. En 2012, leur tout premier client a signé 14 contrats internationaux pour une valeur de plus de 18 millions de dollars, ce qui a valu à Kamolot 1 un prix international.

J’ai réalisé que si je voulais réellement comprendre ce que ressentent les propriétaires d’entreprise, il me fallait créer ma propre entreprise.
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Farzona Tilavova vert
© Farzona Tilavova
Pourquoi avez-vous fondé Kamolot 1 ?

 

Kamolot 1 est né de mon désir d’aider les entreprises à utiliser des méthodes de gestion modernes. J’ai réalisé que si je voulais réellement comprendre ce que ressentent les propriétaires d’entreprise et le type d’environnement commercial auquel ils sont confrontés, il me fallait créer ma propre entreprise.

En 2012, le Tadjikistan connaissait une forte demande pour des services de conseil. J’ai su alors que mes services constituaient une offre recherchée et que je pourrais faire une différence.

Les entreprises locales doivent comprendre qu’elles peuvent se développer en fournissant de nouveaux services et en exportant des produits. En outre, tous les problèmes auxquels elles peuvent être confrontées peuvent être résolus, qu’il s’agisse de la faiblesse de l’infrastructure et de la logistique, de marges étroites, de l’absence ou d’une faible demande, ou encore de barrières linguistiques. Kamolot 1 les aide non seulement à gagner en confiance, mais leur fournit également les services appropriés pour surmonter ces problèmes.

Training Tajikistan Kamolot 1
© Kamolot 1
Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la création de votre entreprise ?

 

Le chemin du succès était semé d’embûches. Malgré le marché inexploité et la faible concurrence, les projets de conseil sont freinés par des étapes réglementaires hiérarchisées. Cependant, grâce à des spécialistes hautement qualifiés et à une parfaite compréhension des spécificités de la région, Kamolot 1 a rapidement acquis une excellente réputation dans toute l’Asie centrale.

Nous avons également rencontré des difficultés, car malgré ma fonction je suis une femme, et plusieurs de mes employés sont des consultantes. L’équilibre des genres a été difficile à trouver, et s’en affranchir plus encore. L’équilibre instauré au sein de l’entreprise et le fait que mon mari, auditeur principal de plusieurs normes ISO, participe à nos projets de conseil ont contribué à résoudre ce problème. En mettant en œuvre nos projets conjointement, les chefs d’entreprise masculins étaient plus enclins à accepter nos conseils.

Audit Tajikistan Kamolot 1
© Kamolot 1
Les femmes pourraient-elles être des mentors dans votre domaine d’activité ?

 

Être une femme instruite est un exploit parce que le respect de la société est doublé. Je suis heureuse que mes collègues féminines et moi-même soyons des exemples de la façon dont les femmes dans les cultures patriarcales peuvent devenir des créatrices de changement. Nous aidons également les jeunes femmes à trouver leur créneau professionnel et nous les impliquons dans notre modèle d’affaires.

Nous croyons fermement que les femmes instruites qui dirigent leur entreprise selon une perspective de genre ont le devoir d’ouvrir des opportunités pour d’autres femmes. Par conséquent, nous formons des dizaines de femmes aux techniques de gestion. Notre équipe de consultants se concentre sur l’autonomisation des cheffes d’entreprise, et leurs compétences et leurs connaissances sont extrêmement utiles pour y parvenir.

Farzona Tilavova speaking
© Kamolot 1
Que faut-il pour encourager davantage l’entrepreneuriat féminin au Tadjikistan ?

 

Dans la vie, rien n’est facile, et le succès exige un travail acharné. Une des clés consiste à continuellement développer ses connaissances. J’exhorte les jeunes filles à ne jamais cesser de rêver d’être les meilleures dans le domaine qui les passionne, et à faire du savoir une priorité. Pour développer l’entrepreneuriat féminin, il faut constituer une équipe professionnelle, fixer des objectifs clairs, évaluer de manière réaliste les ressources disponibles, et ne pas craindre les difficultés.

Je conseillerais aux jeunes filles qui terminent leurs études de travailler constamment sur elles-mêmes, d’étudier beaucoup, tout en partageant énormément. Il s’agit d’être persévérant, de ne jamais abandonner, et d’aller toujours de l’avant – et seulement de l’avant !

Au cours des douze dernières années, Kamolot 1 exerce ses activités au travers du Centre du commerce international, par exemple avec l’introduction du système HACCP au sein de cinq entreprises alimentaires ghanéenne. À ce titre, le cabinet de conseil a été récompensé par un prix international du Fonds international pour l’excellence en conseil, dans la catégorie « Consultants sans frontières ».