Avis d'experts

Surmonter les défis des pays les moins avancés

2 mai 2023
Rabab Fatima, Haute-Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement

« Appuyer les PMA, cela signifie promouvoir des règles commerciales ouvertes et équitables, afin que tous les pays puissent rivaliser sur un pied d'égalité, quelle que soit leur position sur l'échelle du développement. »

– Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies

Par Rabab Fatima

Haute-Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement

 

Le commerce est une force positive pour le développement durable, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA).

Pourtant, à ce jour, les PMA sont encore marginalisés dans le commerce mondial, ce qui entrave sérieusement leur capacité à stimuler leur prospérité et leur croissance.

 

Pris ensemble, les 46 PMA, qui couvrent 14 % de la population mondiale, représentent à peine 1% du commerce mondial.

Leurs exportations tendent à être fortement concentrées sur certains produits de base, avec peu de diversité ou de valeur ajoutée. C'est le reflet d'un manque à la fois de diversité de produits et de marchés.

Bureau de la Haute-Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement
Rabab Fatima, Haute-Représentante des Nations Unies pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement
© United Nations OHRLLS

Les défis en temps de crise

Pour les 46 PMA, l'alimentation est au cœur de leur potentiel commercial. Chacun d'entre eux est classé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) comme un pays en développement importateur net de denrées alimentaires.

Une dépendance excessive à l'égard des importations alimentaires (plutôt qu'à l'égard des exportations) peut entraîner de graves vulnérabilités en matière de sécurité alimentaire, en particulier dans un contexte de dérèglement climatique.

Les problèmes de sécurité alimentaire dans les pays les moins avancés sont profondément enracinés et multidimensionnels, et l'environnement du marché extérieur est d'une importance cruciale pour ces pays qui dépendent du marché mondial pour une part considérable de leur consommation, année après année.

De nouveaux défis sont apparus. La complexité et la gravité croissantes des crises mondiales, notamment le dérèglement climatique, l'augmentation du coût de la vie et la dette, affectent particulièrement les PMA dont la vulnérabilité aux chocs extérieurs en ressort davantage exacerbée.

S'attaquer aux obstacles rencontrés par les PMA par le biais du commerce, de l'intégration régionale et de la résilience

Le Programme d'action de Doha a clairement pour ambition de s'attaquer à ces obstacles structurels au développement des PMA. Deux de ses domaines d'intervention concernent plus particulièrement l'amélioration à la fois du commerce international et de l'intégration régionale, et le renforcement de la résilience.

Mon Bureau s'est engagé dans un partenariat avec le Centre du commerce international (ITC) afin d'exploiter les opportunités qui peuvent libérer le potentiel du commerce pour plus de 1,2 milliard de personnes vivant dans les PMA. Grâce à ce partenariat, nous appuyons les États membres dans la recherche de solutions pour faire face aux urgences alimentaires tout en renforçant la résilience de leurs systèmes agroalimentaires.

Dans notre rapport conjoint, Improving Food Security (Améliorer la sécurité alimentaire), lancé lors de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (LDC5) en début d'année, nous avons plaidé en faveur de mesures d'appui pour aider les pays à répondre aux situations d'urgence à court terme tout en s'attaquant aux contraintes à long terme qui les empêchent d'éradiquer la faim et d'avoir accès à des aliments suffisants et nutritifs.

© Shutterstock

La plupart des ménages des PMA, qui consacrent déjà une grande partie de leurs revenus à l'alimentation et dont les mécanismes d'adaptation sont limités, s'avèrent être les plus touchés et devraient être au cœur de toute intervention.

Le stockage peut jouer un rôle crucial dans la réduction de l'insécurité alimentaire. Il s'agit d'un instrument essentiel pour améliorer la sécurité alimentaire des personnes vulnérables. Il constitue également un moyen crucial de limiter la volatilité des prix tout en appuyant les PMA dans le développement de leurs capacités à long terme pour renforcer leurs systèmes agroalimentaires. Le Programme d'action de Doha s'engage en ce sens, en explorant de nouvelles options de stockage pour les PMA.

Au Bureau, dans le cadre de notre propre travail et celui de notre partenariat avec l'ITC, nous sommes déterminés à poursuivre notre appui pour placer les pays les plus vulnérables sur la voie d'un développement durable et inclusif.