Agriculture durable : Le rôle des coopératives
Le Forum du commerce s'est entretenu avec Ousseynou Gaye, Président de la Coopérative agro-sylvo-pastorale de la zone de Rao (CASPR) au Sénégal, pour comprendre les avantages amenés par une société coopérative agricole qui place l’agriculture durable et le développement économique au premier plan.
La demande en intrants de la plupart des petits producteurs porte sur de faibles quantités, en raison notamment de leurs faibles ressources financières. C’est pourquoi les sociétés coopératives facilitent l’accès de leurs membres aux intrants agricoles grâce aux commandes groupées qui centralisent les demandes des producteurs.
Elles rassemblent ainsi les ressources et mènent des négociations avec les fournisseurs pour obtenir des intrants de qualité, en quantité et à un coût raisonnable. Cette pratique permet aux producteurs de réaliser des économies d'échelle et de stimuler leur production grâce à un approvisionnement régulier d’intrants, notamment d’engrais.
Dans le cadre de la campagne agricole 2022/2023 menée par le Gouvernement du Sénégal, notre société coopérative a pu bénéficier d’intrants agricoles subventionnés par l’État.
Nous avons obtenu des subventions à hauteur de 50 % pour 150 tonnes d'engrais NPK, une formule classique de fertilisant comprenant de l’azote, du phosphore et du potassium, et pour 70 tonnes d'urée, un engrais azoté solide.
Grâce à différents appuis reçus de l'État et de partenaires techniques et financiers, notre société coopérative ambitionne de mettre à disposition de ses membres des moyens techniques et financiers susceptibles d'accroître la production et la productivité de leur exploitation agricole.
Par ailleurs, notre société coopérative offre des formations en gestion comptable et financière afin de renforcer les capacités techniques et managériales de nos membres. Grâce à un accompagnement dans l’élaboration de plans commerciaux, nos membres accèdent plus facilement à des financements sécurisés auprès d’institutions compétentes.
Au sein de notre société coopérative, notre objectif est d’accompagner nos membres pour faire évoluer leurs pratiques vers des critères de la durabilité, à savoir :
- Les pratiques doivent être écologiquement saines : il s’agit de préserver la qualité des ressources naturelles tout en améliorant la dynamique de l'écosystème agricole, de l'homme aux micro-organismes du sol, en passant par les cultures et les animaux. Le meilleur moyen d'assurer cette dynamique réside dans la gestion appropriée du sol et de la santé des cultures, des animaux et des êtres humains, grâce à des procédés biologiques. Quant aux ressources locales, elles sont utilisées de manière à minimiser les pertes d'éléments minéraux, de biomasse et d'énergie, et à éviter toute pollution. À cette fin, l'accent est mis sur l'utilisation durable de ressources renouvelables, comme l’énergie solaire avec laquelle fonctionne aujourd’hui notre système d’irrigation.
- Les pratiques doivent être économiquement viables : elles doivent permettre aux coopérateurs d’assurer une production suffisante pour garantir leur autonomie et/ou un revenu, et de fournir un profit suffisant pour garantir la pérennité de l’activité et les frais engagés. Dans ce contexte, la viabilité économique se mesure non seulement en termes de production agricole directe (rendement), mais également en fonction de critères tels que la préservation et le recyclage des ressources et la minimisation des risques.
- Les pratiques doivent être socialement acceptables : la répartition des ressources et du pouvoir doit permettre de couvrir les besoins essentiels de chaque membre de la société coopérative, dans le respect des droits relatifs à l'usage des terres, tout en assurant l'accès à un capital approprié, à l'assistance technique et aux opportunités de marché. Chaque membre doit avoir la possibilité de participer aux prises de décision, tant dans le cadre de l'exploitation des ressources que dans le fonctionnement de la société coopérative.
- Les pratiques doivent recourir à des techniques appropriées : les producteurs membres doivent être capables de s'adapter aux changements incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture, notamment la croissance démographique, les politiques, et la demande du marché. Cela implique non seulement de développer des techniques plus appropriées, mais aussi d’innover sur le plan social et culturel grâce à des actions de renforcement des capacités.
