Discours

Recette du Népal pour le développement économique durable

8 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours prononcé par Mme Arancha Gonzàlez, Directrice exécutive de l'ITC de l'ITC à l'École de gestion de l'Université de Katmandou (KUSOM)
12 octobre 2017 - Katmandou, Népal

Monsieur le Vice-chancelier Dr. Ram Kantha Makaju Shrestha,

Monsieur le Doyen Dr. Devi Bedari,

Professeurs et étudiants de l'Université de Katmandou,

Namaste! Aaja Malai yaha ayera dherai khushi laagyo.

Je tiens à remercier l'École de gestion de l'Université de Katmandou pour l'invitation à ces échanges sur nos interventions à l’ITC pour promouvoir le commerce inclusif. Je suis également très impatiente de connaître votre point de vue sur la façon dont le Népal peut atteindre une croissance plus inclusive.

À bien des égards, le Népal a attiré l'attention du monde.

Le Népal a une renommée internationale pour son exportation de pashmina de qualité fine, ses bijoux en argent, ses attractions touristiques à couper le souffle et un accueil chaleureux.

En avril 2004, vous avez été le premier pays moins avancé (PMA) à adhérer à l'Organisation mondiale du commerce.

À la fin de l'année dernière, le rapport des Nations Unies sur les PMA a estimé que, dans les huit prochaines années, le Népal pourrait évoluer pour sortir de la catégorie de PMA. Lorsque l'on considère qu’au cours de 23 dernières années, le Botswana a été le seul PMA sans littoral à jamais sortir de la catégorie de PMA, le peuple népalais est digne de reconnaissance pour ses réalisations et ses progrès lui permettant d’être identifié à l’instar de quelques autres pays, comme cheminant vers la sortie de cette catégorie.

Pour arriver à ce stade, le pays a dû appliquer une recette de politiques nationales avisées pour développer son commerce, ainsi que pour étendre la portée des avantages commerciaux. Pour un petit pays enclavé comme le Népal, le commerce inclusif est un ingrédient clé.

Les MPME représentent le modèle le plus efficace d'échanges commerciaux et de croissance inclusive. La recherche de l'ITC sur les entreprises à travers le monde montre que l'amélioration de la productivité des MPME se traduit par une augmentation des emplois mieux rémunérés, répartis dans les sections les moins fortunées de l'économie ; et que l'appui de ces petites entreprises exportatrices améliore la productivité, les salaires et les emplois.

N'oublions pas que les MPME népalaises représentent plus de 90 % des entreprises, créent plus de 70 % d’emplois dans le secteur industriel, génèrent d’importantes devises étrangères et contribuent fortement au PIB national.

Les MPME sont l'épine dorsale de l'économie du Népal, offrent le plus grand espoir d'assurer le commerce inclusif et méritent d'être soutenues.

Alors, de quel type de soutien les MPME népalaises ont-elles besoin ?

L’ITC soutient les MPME à travers le monde depuis plus de 50 ans. Et, nous avons trouvé prioritaire de discuter avec ces MPME pour recenser leurs faiblesses et besoins. L’ITC, avec le soutien de votre propre École de gestion de l'Université de Katmandou, a récemment entrepris un sondage des entreprises népalaises.

Ce sondage nous a permis de récolter un grand nombre d’informations. Par exemple, nous avons constaté que la performance des petites entreprises du Népal était bonne concernant l'audit des états financiers et l'accès à une main-d'œuvre qualifiée. Par contre, leur performance était mauvaise concernant l'utilisation des e-mails et la détention des licences de technologies étrangères, éléments indicateurs de la mesure dans laquelle les MPME peuvent se connecter et participer à l'économie mondiale. En outre, le plus grand écart entre les petites et les grandes entreprises se retrouve dans la détention de comptes bancaires ; la non fiabilité de l'électricité étant un obstacle majeur dans l'écosystème d'affaires népalais.

Au-delà de ces résultats, quatre domaines ont une importance stratégique pour le commerce inclusif au Népal.

1 Premièrement, les PME népalaises sont moins à même d'exporter que leurs homologues plus grandes. Outre les questions liées à l’insuffisance de capacité de gestion commerciale et aux difficultés d'accès au financement, l’une des principales causes de la timidité des exportations des MPME népalaises est la difficulté à obtenir des certificats internationaux de qualité, qui les rend incapables de rivaliser avec des concurrents plus grands et / ou étrangers.

En fait, les produits ne traversent la frontière qu’au prix du respect de la réglementation. Cependant, les difficultés liées aux mesures d'exportation auxquelles les entreprises népalaises font face sont inversement proportionnelles à leur taille : 34 % pour les petites, 15 % pour les moyennes et 16 % pour les grandes entreprises.

Seulement 13 % de tous les problèmes auxquels les exportateurs sont confrontés semblent liés à la trop forte rigidité de la réglementation ou à la difficulté à la respecter. En revanche, 73ₒ% des difficultés rencontrées par les exportateurs sont dues à divers obstacles de procédure, pour la plupart, au Népal même.

Dans l'ensemble, les exportateurs font état de 900 incidents d'obstacles de procédure qui rendent difficile le respect d'une réglementation donnée. 64ₒ% de ces incidents se produisent dans les organismes népalais.

Le premier type d’obstacles de procédure qui entravent l'exportation au Népal est principalement lié à la non-disponibilité des installations de test / certification. L’insuffisance ou l’inadéquation des installations de test au Népal représente 19ₒ% des obstacles de procédure rapportés par les exportateurs népalais, alors que 9ₒ% de ces obstacles sont dus à la non-accréditation des installations népalaises de test au niveau international, ce qui conduit au refus des certifications délivrées par ces organismes dans les pays partenaires.

Le deuxième type d'obstacles de procédures les plus signalés se rapporte aux frais élevés et aux modifications nécessaires pour obtenir la certification ou les tests requis (16ₒ%). La majorité de ces obstacles de procédure surviennent dans les pays étrangers. Ces obstacles de procédure sont liés à l'absence d'installations appropriées de test / de certification au Népal, ce qui oblige les exportateurs à envoyer leurs produits dans d'autres pays pour les tests nécessaires. Les frais pour ces services dans les pays étrangers sont jugés trop élevés par les entreprises népalaises.

Les paiements informels pour obtenir les papiers nécessaires, dédouaner des colis ou accélérer les processus constituent 15ₒ% des obstacles de procédure rapportés. Près des deux tiers des problèmes liés aux paiements informels se produisent dans les agences népalaises tandis que l'autre tiers se produit dans les services douaniers des marchés de destination ou de transit.

Il va sans dire que l'établissement d’une zone de test et certification standardisée est une mesure clé pour le Népal. Si nous voulons engager sérieusement les PME népalaises et renforcer leur participation au commerce mondial, la réduction des barrières non tarifaires ou des obstacles de procédure au commerce qui sont à plus d'un titre désavantageuses pour les PME dotées de moins de ressources et inexpérimentées doit être une priorité.

En tant que principales parties prenantes, nous devons également nous assurer de l'application effective des accords commerciaux tels que l'Accord sur la facilitation des échanges de l'OMC, afin de garantir un environnement commercial simplifié, coordonné et automatiséₒ; et réduire les coûts commerciaux grâce à des mécanismes tels que le « guichet unique ».

2. Deuxièmement, seulement 12ₒ% des entreprises exportatrices népalaises appartiennent à des femmes. Cette faible représentation des femmes n'est pas unique au Népal. Les enquêtes de l’ITC montrent également que les entreprises appartenant à des femmes sont confrontées à des défis plus importants quand elles sont en quête d’expansion. Une récente enquête de l’l'ITC a constaté qu’en moyenne les entreprises de femmes exportent vers neuf marchés, alors que les entreprises dirigées par des hommes exportent vers 15 marchés. Pourquoi est-ce le cas et que peut-on faire pour inverser cette tendance ?

En raison d'une série de contraintes financières, réglementaires, familiales ou logistiques, près d'un milliard de femmes aujourd'hui à travers le monde ne sont pas en mesure de participer pleinement à nos économies. En outre 90 % des pays disposent d'au moins une loi préjudiciable aux opportunités économiques des femmes.

En plus de mettre l'accent sur la qualité des données et la formation, nous devons investir dans l'outillage et l'équipement des PME appartenant à des femmes afin de les rendre plus compétitives dans le paysage commercial en constante évolution.

C’est à cette fin que l'ITC a lancé l'initiative SheTrades visant à connecter un million de femmes au marché d'ici 2020. Pour y arriver, nous devons veiller à ce que les politiques commerciales ne soient pas discriminatoires ; faciliter les contacts d'affaires et les réseaux numériques et / ou face à face ; soutenir la création ou le renforcement des organisations d'appui au commerce qui ciblent les femmes dans le commerce ; et développer les compétences de gestion, les compétences techniques et la formation, en fonction des activités à plus forte valeur ajoutée.

3. Troisièmement, la connectivité numérique ouvre de nouvelles opportunités d'accès aux marchés internationaux pour les PME. La plus récente enquête sur le commerce en ligne réalisée par l'ITC montre que plus de 80 % des entreprises exportatrices transfrontalières de commerce en ligne sont des micros et petites entreprises. Le commerce transfrontalier en ligne représente déjà 12ₒ% du commerce mondial de biens et devrait avoir un taux de croissance double de celui du commerce en ligne au niveau national. Les entreprises népalaises doivent tirer parti de cette occasion pour accroître leurs exportations sur le marché mondial.

Le commerce en ligne est également très utile pour les femmes chefs d’entreprises. Les opérations en ligne mettent les entreprises des femmes et celles des hommes sur un même pied d'égalité. Au total, moins d'un quart des entreprises engagées dans le commerce en ligne sont des PME appartenant à des femmes. La part des entreprises appartenant à des femmes double lorsque l'on passe du commerce hors ligne traditionnel au commerce transfrontalier en ligne. Le commerce en ligne ouvre de nouvelles opportunités d'affaires, avec un potentiel de répercussions socio-économiques, en particulier pour les femmes.

En un mot, mesdames et messieurs, la préoccupation fondamentale à ce point est celle de la compétitivité des PME.

En tant que futurs chefs de direction, gestionnaires et décideurs, je vous invite à laisser votre empreinte sur le Népal en intervenant dans certains des domaines d'action porteurs auxquels j'ai fait allusion aujourd'hui ; que vous décidiez de posséder ou de gérer votre propre PME ; de diriger un centre de test ; ou d’impulser le changement dans la politique intérieure en soutien aux femmes, PME et autres secteurs de votre économie. J’espère que mon allocution vous a donné assez d'idées sur la façon dont vous pouvez laisser cette empreinte.

Je vous remercie.