Récits

Pourquoi les PME sont le socle du Programme de transformation du Libéria

20 novembre 2015
ITC Nouvelles

Doucement, mais sûrement, le Libéria se relève. Depuis 2003, le pays profite de la paix, a connu deux élections démocratiques, et la reprise économique a progressé de manière constante au cours de la dernière décennie. Pour un pays traumatisé par des années de conflit et d'instabilité, ce sont là des accomplissements importants. Avec la fin de la crise Ébola, nous pouvons à présent nous tourner vers le futur.

En 2013, nous avons lancé une stratégie de développement sur cinq ans, appelée « Agenda for Transformation » (Programme pour la transformation – AfT). L'objectif de l'AfT est d'établir les fondations à partir desquelles le Libéria pourra devenir un pays à revenus moyens d'ici à 2030, tout en s'assurant que les bénéfices de la croissance soient répartis de manière égale et inclusive. Ceci a été renforcé en 2014 avec le lancement de la Stratégie nationale d'exportation et de la Politique nationale en matière de commerce du Libéria, tous deux développés en partenariat avec l'ITC.

Le développement des PME est essentiel pour réaliser l'objectif du programme de transformation. Près de 80 % de toutes les entreprises formelles du Libéria emploient moins de 20 personnes, et les 13 % suivants emploient seulement entre 20 et 100 personnes. Il faut garder à l'esprit que la population du Libéria est principalement constituée de jeunes : 60 % de la population a moins de 25 ans, et 70 % des personnes ayant un emploi sont actives dans le secteur informel. De fait, on peut dire sans risque que les PME dominent le segment de l'emploi au Libéria.

Le défi pour le Libéria, et en particulier pour nous au gouvernement, est de savoir comment structurer nos programmes afin de soutenir au mieux le développement des PME. Pour le moment, l'économie est dominée par les industries minières, qui sont fortement dépendantes de la volatilité des prix des matières premières. Il s'agit d'opérations intensives en capital qui ne créent pas le type d'emploi qui pourra transformer l'économie et favoriser un environnement créatif pour une croissance inclusive. Par opposition, le secteur du tourisme au Libéria dispose d'un énorme potentiel pour créer des emplois et générer de la croissance pour les jeunes, et les PME des autres secteurs feraient bien de se positionner pour exploiter les liens en amont et les services d'approvisionnement du secteur du tourisme.

Pour faciliter cette transformation, nous devons nous attaquer aux défis qui existent au sein des entreprises, de l'environnement des affaires et de l'environnement national.

Au Libéria, les PME sont principalement confrontées à trois types de défi : l'accès à la formation, l'accès au marché, et l'accès au financement. Nous essayons de résoudre ces problèmes – un à la fois – par le biais de notre politique des PME, avec la volonté de renforcer les capacités des fournisseurs de service pour qu'ils développent des programmes de formation qui répondront aux besoins spécifiques des PME.

Par exemple, comment doit-on former une femme qui gérait ses opérations depuis son sac à main pour qu’elle gère ses affaires depuis un compte en banque, et lui permettre de comprendre clairement ce qui lui appartient en propre et ce qui appartient à son entreprise ? Afin de relever de tels défis, nous travaillons avec une série de fournisseurs afin de répondre à des demandes différentes, depuis les compétences de base en marketing, à la gestion financière et les pratiques comptables.

Pour renforcer encore davantage l'AfT, un rendez-vous annuel a été établi, la Conférence nationale et Foire commerciale des PME, afin de promouvoir l'innovation parmi les PME. Grâce à la conférence, nous identifions les meilleures PME et laissons ces championnes raconter leur histoire pour qu'elles inspirent les autres. Et les PME qui font preuve des solutions les plus innovantes reçoivent des récompenses.

Nous sommes conscients que les liens et l'environnement des affaires sont essentiels pour notre programme de croissance. Nous sommes en train de créer des liens pour les PME de l'industrie agroalimentaire au travers de notre programme Politiques et stratégies des secteurs alimentaire et agricole. Pour consolider cet effort, nous facilitons aussi la création de sociétés d'emballage, dans la mesure où nous avons identifié cette activité comme étant le chaînon manquant pour augmenter les exportations des produits libériens.

Au niveau national, nous cherchons activement à améliorer le climat des affaires en le rendant plus prévisible et transparent. Récemment, la Présidente Ellen Sirleaf Johnson a signé la promulgation de la Loi sur l'autonomisation des petites entreprises (SBEA), qui oblige le gouvernement à attribuer 25 % de ses marchés publics aux PME. Le système des marchés publics du gouvernement est spécifiquement conçu pour encourager les PME à soumissionner, à payer régulièrement leurs impôts, et par là à intégrer le secteur formel. La SBEA est aussi conçue pour stimuler les exportations, l'innovation et l'accès au financement, de manière à ce que les PME puissent devenir une partie intégrale de la transformation que nous appelons tous de nos vœux dans notre pays.

L'AfT est ambitieux, mais l'ambition seule n'est pas suffisante. Des engagements à long terme et une direction sont nécessaires pour que le processus de réforme soit un succès. Au Libéria, une telle direction nous est fournie par notre Présidente. Depuis sa première élection, elle s'est assurée que le gouvernement était engagé auprès du secteur privé, au point de rencontrer les représentants du secteur privé en personne pour parler des défis auxquels ils sont confrontés. Cette volonté de créer un dialogue public-privé a été cruciale pour le gouvernement, et l'a aidé à identifier la manière avec laquelle il peut aider à réduire les risques liés aux défis qui affectent le secteur privé, et ainsi garder l'AfP sur les rails.

Le Libéria est aussi en cours d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le processus national de réforme nous force à améliorer nos lois et nous a conduit à en élaborer de nouvelles dans des domaines qui auparavant ne bénéficiaient d'aucune législation. Ce processus nous force littéralement à méditer sur ce que nous entendons réellement lorsque nous disons vouloir faire du Libéria une « destination propice à l'investissement ». En essayant d'apporter des réponses à toutes ces questions, nous mettons en place des programmes afin de garantir que le pays devienne une destination attractive et compétitive – pour les libériens et les investisseurs étrangers.

Nous croyons fermement que notre potentiel et celui de notre jeunesse peuvent être des moteurs majeurs de l'histoire de notre transformation, ces jeunes qui arrivent tous les jours sur le marché du travail avec l'audace qu'ils puisent dans l'espoir de vivre pleinement leur vie dans la dignité.

Cet article est tiré de la publication de l'ITC, les Perspectives sur la compétitivité des PME 2015.