Récits

Permettre aux femmes de traverser les frontières en toute sécurité, sans heurts et en respectant les formalités

12 février 2018
ITC Nouvelles

 

Le défi Le paysage économique et social de l’Afrique est caractérisé par des échanges commerciaux transfrontaliers informels de biens légitimement produits qui sont une source importante de revenu pour des personnes sans salaire de base et sans formation formelle.

Pourtant, aux frontières, les femmes qui composent la majorité de ces opérateurs sont vulnérables à l’extorsion, au harcèlement verbal et physique et même aux agressions. De toute évidence, le commerce informel par définition, échappe à la taxation et à la réglementation par les gouvernements.

Les lacunes des mécanismes de contrôle aux frontières, surtout pour des lieux éloignés, favorisent fortement le commerce informel. Il est en outre accentué par des systèmes douaniers, des régimes de transit inutilement complexes et les carences en matière d'échange d'informations entre les agences frontalières. Mais, les femmes dans de nombreux cas contournent le processus formel de passage à la frontière parce qu’elles n’ont pas les connaissances nécessaires et la capacité de remplir les formalités, payer les impôts, ou de passer au secteur formel. Bien trop souvent, elles n’ont pas à leur disposition les structures d'appui pouvant leur permettre de surmonter ces défis et améliorer leurs moyens de subsistance.Une femme, une histoire Josephine Akoth ne s'attendait pas à devenir une commerçante transfrontalière informelle. Mais en se rendant compte de la difficulté à régler ses factures ménagères dans sa ville natale de Busia en Ouganda, elle a pris contact avec quelques amies qui gagnaient des revenus modestes en s'occupant du commerce transfrontalier de produits alimentaires. En 2010, elle a réussi à constituer un capital de $8 et elle les a rejointes dans leur activité. Elles achetaient des mangues dans les villages voisins (elles ont par la suite diversifié en y ajoutant du maïs et des tomates) et les vendaient à des commerçants du Kenya pour en tirer un petit bénéfice. Ces femmes rencontraient de nombreuses difficultés : elles subissaient souvent des pertes soit au change, soit parce qu'elles n'avaient ni les compétences, ni les connaissances nécessaires pour négocier les prix. Après avoir entendu que leurs collègues avaient été arrêtées et leurs marchandises confisquées, elles ont mis en place une petite échoppe du côté ougandais de la frontière, vendant principalement aux commerçants kényans à des marges encore plus faibles.

« Le commerce transfrontalier informel était très imprévisible, ce que vous gagnez aujourd'hui, vous pouvez le perdre demain en donnant des pots-de-vin et du fait de la confiscation de vos marchandises. D'autres femmes ont été contraintes d’offrir des rapports sexuels en échange d’un passage en toute sécurité », a déclaré Akoth.

Un atelier de formation de commerçants et agents des services frontaliers organisé par le Conseil ougandais de promotion des exportations (UEPB) en partenariat avec l'ITC a ouvert les yeux d'Akoth à la relative facilité avec laquelle on peut s'acquitter des droits de douane et mener ses activités de manière formelle. « On nous a informés que notre catégorie de produits n'est pas soumise aux droits de douane au sein de la Communauté d'Afrique de l'Est. [Un groupe de commerçantes] a créé une association et ont depuis lors bâti de très bonnes relations de travail avec les autorités frontalières. J’ai commencé à faire de la vente formelle en lisant les publications sur le passage aux frontières : Il ne suffit que remplir une attestation d’origine certifiée, déclarer nos marchandises et nous voilà parties », a-t-elle déclaré. « En fait, la formation m'a endurcie, j'ai repris confiance et j’ai pu aller au Kenya et trouver de nombreux nouveaux clients. J'ai même obtenu un contrat pour la livraison de fruits et légumes à un supermarché. Notre entreprise s'est développée et nos clients ont commencé à nous avancer des capitaux que nous avons utilisés pour louer un espace de stockage et étendre nos activités ».

Grâce au projet, Akoth et ses collègues ont participé à une foire commerciale régionale, ce qui leur a permis de commencer à transformer le maïs, du mil et d'autres produits en bouillie et repas pour vente en Ouganda et au Kenya. « Avec l'appui de l'UEPB et de l'ITC, j'ai pu obtenir une certification qualité pour mes produits et ainsi je peux vendre dans toute la région » a-t-elle déclaré. En rétrospective, concernant le projet, Akoth se souvient d'un formateur de l'ITC qui disait qu'elle « voulait revenir après quelques années pour nous voir charger des camions de marchandises et vendre dans toute la région comparativement aux petits volumes que nous vendions à l'époque. Aujourd'hui, ce rêve est en voie d'être réalisé. »La réponse Josephine Akoth ne s'attendait pas à devenir commerçante transfrontalière, ne fût-ce qu'informelle. Mais en se rendant compte de la difficulté à régler ses factures ménagères dans sa ville natale de Busia en Ouganda, elle a pris contact avec quelques amies qui gagnaient des revenus modestes en s'occupant du commerce transfrontalier de produits alimentaires. En 2010, elle a réussi à constituer un capital de $8 et elle les a rejointes dans leur activité. Elles achetaient des mangues dans les villages voisins (elles ont par la suite diversifié en y ajoutant du maïs et des tomates) et les vendaient à des commerçants du Kenya pour en tirer un petit bénéfice. Ces femmes rencontraient de nombreuses difficultés : elles subissaient souvent des pertes soit au change, soit parce qu'elles n'avaient ni les compétences, ni les connaissances nécessaires pour négocier les prix. Après avoir entendu que leurs collègues avaient été arrêtées et leurs marchandises confisquées, elles ont mis en place une petite échoppe du côté ougandais de la frontière, vendant principalement aux commerçants kényans à des marges encore plus faibles.

« Le commerce transfrontalier informel était très imprévisible, ce que vous gagnez aujourd'hui, vous pouvez le perdre demain en donnant des pots-de-vin et du fait de la confiscation de vos marchandises. D'autres femmes ont été contraintes d’offrir des rapports sexuels en échange d’un passage en toute sécurité », a déclaré Akoth.
Un atelier de formation de commerçants et agents des services frontaliers organisé par le Conseil ougandais de promotion des exportations (UEPB) en partenariat avec l'ITC a ouvert les yeux d'Akoth à la relative facilitée avec laquelle on peut s'acquitter des droits de douane et mener ses activités de manière formelle. « On nous a informés que notre catégorie de produits n'est pas soumise aux droits de douane au sein de la Communauté d'Afrique de l'Est. [Un groupe de commerçantes] a créé une association et ont depuis lors bâti de très bonnes relations de travail avec les autorités frontalières. J’ai commencé à faire de la vente formelle en lisant les publications sur le passage aux frontières : Il ne suffit que remplir une attestation d’origine certifiée, déclarer nos marchandises et nous voilà parties », a-t-elle déclaré. « En fait, la formation m'a endurcie, j'ai repris confiance et j’ai pu aller au Kenya et trouver de nombreux nouveaux clients. J'ai même obtenu un contrat pour la livraison de fruits et légumes à un supermarché. Notre entreprise s'est développée et nos clients ont commencé à nous avancer des capitaux que nous avons utilisés pour louer un espace de stockage et étendre nos activités ».

Grâce au projet, Akoth et ses collègues ont participé à une foire commerciale régionale, ce qui leur a permis de commencer la transformation du lait, du mil et d'autres produits en en bouillie et repas à vendre en Ouganda et au Kenya. « Avec l'appui de l'UEPB et de l'ITC, j'ai pu obtenir une certification qualité pour mes produits et ainsi je peux vendre dans toute la région » a-t-elle déclaré. En rétrospective, concernant le projet, Akoth se souvient d'un formateur de l'ITC qui disait qu'elle « voulait revenir après quelques années pour nous voir charger des camions de marchandises et vendre dans toute la région comparativement aux petits volumes que nous vendions à l'époque. Aujourd'hui, ce rêve est en voie d'être réalisé. »Les résultats En 2015, près de 500 femmes pratiquant le commerce transfrontalier informel ont participé à des activités de renforcement des capacités portant sur des questions telles que la fiscalité, les formalités douanières et la mobilisation collective à travers des associations. Plus d’un quart de ces femmes ont ensuite pu formaliser leurs structures. Les bénéficiaires font état d’une réduction des coûts frontaliers, de bénéfices plus élevés et d’une plus grande capacité à gérer les transactions transfrontalières ; elles ont également participé à des foires commerciales régionales. Quelque 70 commerçantes ayant nouvellement formalisé leurs structures ont rapporté que le nombre de déclarations douanières pour leurs transactions a été multiplié par quatre Auparavant, leurs transactions étaient souvent soumises à des pots-de-vin. Après la formalisation de leurs activités, elles ont pour la plupart bénéficié de l'annulation de certains droits de douane.

Dix-neuf associations des femmes commerçantes sont actuellement mieux en mesure de fournir des services de soutien à la frontière. Ces associations ont permis aux commerçantes de partager leurs préoccupations au sujet des agences frontalières et influencer le débat politique sur les questions de commerce transfrontalier.L'avenir À la fin de cette phase du projet en 2016, l'ITC envisage d'étendre l’initiative à d’autres pays d’Afrique orientale et australe, renforçant les capacités, intensifiant le soutien aux commerçantes, améliorant les relations avec les agences frontalières et créant de nouveaux débouchés pour le commerce dans toute la région.