Les producteurs de cacao et de chocolat goûtent à Lima le parfum sucré du succès
Les producteurs péruviens de cacao fin et aromatique augmentent leurs parts du marché mondial du chocolat, grâce aux efforts concertés pour améliorer la qualité et les normes de leurs produits. Mais c'est surtout grâce aux réunions entreprise à entreprise (B2B) organisées par le Centre du commerce international (ITC) que les portes se sont ouvertes.
Le Pérou est reconnu par l'Organisation internationale du Cacao comme l'un des rares pays au monde à produire du cacao fin et aromatique. Ce cacao au goût subtil pousse dans différentes régions du Pérou, dont les régions côtières de Tumbes et de Piura, les zones amazoniennes de San Martin, Amazonas et Ucayali, et les autres régions de forêt vierge autour de Cajamarca, Huánuco, Junín, Ayacucho et Cusco. Les petits exploitants agricoles comptent pour la majorité de la production indigène de cacao au Pérou, qui constitue la principale source de revenus des populations locales et rurales.
Au début de cette année, l'ITC a sponsorisé conjointement avec la Commission de promotion du Pérou par les exportations et le tourisme (PromPerú) la venue de chocolatiers internationaux et de dégustateurs de chocolat pour qu'ils participent au VI Salon du cacao et chocolat et à la première édition des Prix internationaux du chocolat péruvien, qui se sont déroulés à Lima, au Pérou, du 2 au 5 juillet. À la suite du VI Salon du cacao et chocolat, les acheteurs et les dégustateurs ont eu l'occasion de visiter les régions péruviennes productrices de cacao et de découvrir comment le cacao est produit dans la partie péruvienne de l'Amazonie.
Dans le cadre de cet événement, les chocolatiers internationaux « de la fève à la tablette » (parties prenantes de l’ensemble de la chaîne de valeur de la fève de cacao à la tablette de chocolat) venus d'Australie, de Belgique, du Royaume-Uni, d'Uruguay, du Venezuela et du Viet Nam se sont impliqués dans des réunions d'affaires avec les fournisseurs péruviens de cacao fin et aromatique. Les prévisions de ventes suggèrent que des accords préliminaires ont été passés pour 52 tonnes de produits à base de cacao (beurre de cacao, liqueur de cacao et chocolat), 15 tonnes de cacao fin et aromatique, et un échantillon de 100 kg de chocolat de première qualité, ce qui constitue pour l’ensemble un montant de plus de $E. U. 300 000.
Au-delà des résultats commerciaux escomptés, les réunions entreprise à entreprise facilitées par l'ITC avaient aussi pour objectif de produire des résultats positifs et significatifs pour les communautés rurales impliquées dans la production croissante de cacao.
C'est le cas de Kemito Ene, une association de cacao de la tribu indigène Asháninka de Ene River, qui a signé son tout premier contrat commercial pour vendre 10 tonnes de cacao fin et aromatique, suite à sa participation aux réunions B2B organisées par l'ITC. Depuis 2013, cette association a produit du cacao en recourant à des pratiques durables pour garantir la protection des forêts alentours et la durabilité de leurs moyens de subsistance, avec l'appui de The Rainforest Foundation UK (Fondation du Royaume-Uni en faveur de la forêt vierge).
M. Aldo Soto, coordinateur du Programme Amazonie andéenne de The Rainforest Foundation UK, qui accompagnait Kemito Ene, explique : « L'élimination des intermédiaires constitue certainement une étape essentielle pour les Asháninkas. L'accès aux marchés internationaux était leur plus gros défi pour pouvoir prospérer dans le commerce du cacao. L'occasion fournie de rencontrer les chocolatiers « de la fève à la tablette » dans un contexte favorable, et leur expliquer qui sont les Asháninkas et en quoi leur cacao est tellement spécial, a fait toute la différence. À présent, les producteurs reçoivent un meilleur prix pour leur formidable cacao aromatique et durable, et plus encore, cela ouvre de nouvelles opportunités d'établir d'autres relations commerciales. »
L'approvisionnement durable en cacao fin et aromatique avait été identifié comme un des domaines prioritaires du développement durable du secteur agricole péruvien. La production de cacao implique environ 45 000 foyers, et donc représente près de 225 000 personnes réparties dans différentes régions.
Pour Ann-Kathrin Zotz, Directrice de projet au sein du programme Commerce et environnement de l'ITC, « La création de liens de marché entre les petits producteurs agricoles et les acheteurs internationaux va bien au-delà des simples transactions commerciales. Il s'agit de favoriser un commerce direct, transparent et traçable, qui permet aux petits producteurs agricoles de percevoir des prix avantageux pour leurs produits différenciés. Ils jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté au sein des communautés rurales dans la mesure où ils constituent une source d'emplois et de revenus. »
Les efforts de promotion du commerce dans l'industrie péruvienne du chocolat fin vont également bénéficier du lancement remarqué des Prix internationaux du chocolat péruvien (Primer Concurso Nacional de Chocolate Peruano), première version nationale des Prix internationaux du chocolat.
Cette initiative vise à positionner le chocolat fin du Pérou sur le marché international du chocolat de qualité. Les chocolatiers internationaux invités par l'ITC à participer au VI Salon du cacao et chocolat figuraient dans le jury des Prix internationaux du chocolat péruvien, qui comptait également dans ses rangs les deux dégustateurs de chocolat internationalement reconnus, M. Martin Christy, Président du jury des Prix internationaux du chocolat, et Mme Maricel Presilla, membre du Grand jury de ces prix.
La mise en place de réseaux nationaux de dégustation de cacao est essentielle pour promouvoir le cacao fin et aromatique, s'assurer de contrôles réguliers de la qualité et du goût, et gagner en crédibilité sur les marchés internationaux.