Récits

Les exportateurs comoriens de vanille et de girofle obtiennent un financement grâce au soutien de l’ITC

9 mars 2018
ITC Nouvelles
Le projet renforce les chaînes de valeur de la vanille, du clou de girofle et de l’ylang-ylang dans l’Union des Comores

Trois sociétés coopératives aux Comores ont obtenu un financement commercial de plus de $400 000 pour la récolte et l’exportation de vanille et de clou de girofle grâce à un projet conjoint du Centre du commerce international (ITC) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Les prêts démontrent à quel point des financements, même à petit échelle, peuvent grandement concourir à la compétitivité à l'exportation des micros, petites et moyennes entreprises (PME). Le financement a été garanti au travers d’un projet du Cadre intégré renforcé (CIR), visant à connecter les trois principales cultures commerciales des Comores aux chaînes de valeur mondiales.

Depuis 2014, L’ITC soutient les acteurs des chaînes de valeur vanille, clous de girofle et ylang-ylang pour qu'ils s'organisent en 11 sociétés coopératives dans les trois îles de l’océan Indien, notamment les Comores (Grande Comore), Anjouan et Mohéli. Yaya Ouattara, Conseiller de l’ITC pour l'Accès au financement et à l’investissement, a déclaré : « Une structure de société coopérative répartit les risques et les revenus entre ses membres, et facilite leur accès aux financements. De plus, elle renforce leurs capacités de production, ce qui les rend plus attractives pour les acheteurs internationaux. »

Les agriculteurs et MPME des chaînes de valeur vanille, clous de girofle et ylang-ylang sont confrontés aux coûts élevés des transactions et au manque d’informations précises sur les marchés. En outre, ils possèdent généralement une garantie limitée pour emprunter. Les financements disponibles étant limités aux fonds générés en interne, aux prêts aux familles et aux amis, ou aux crédits à fort taux d’intérêt auprès des bailleurs de fonds, les opérateurs des trois secteurs n’étaient pas en mesure de mettre à l’échelle leur production et d’investir dans l’amélioration de la qualité de leurs produits. Pour surmonter ces limitations et réduire les craintes des banques liées aux risques de défauts de remboursement, l’ITC s’est associé aux banques, aux producteurs et aux entreprises de transformation pour améliorer l’organisation, les profils de crédit, les procédures d’évaluation des risques et la connaissance des instruments financiers disponibles.

Emma Ngouan-Anoh, Représentante résidente adjointe du Programme des Nations Unies pour le Développement aux Comores a déclaré, « Ce projet fournit des résultats exceptionnels. C’est la première fois qu’une banque commerciale (la Banque pour l’Industrie et le Commerce, BIC) consent des prêts aux producteurs agricoles des Comores. Seules les caisses d’épargne et de crédit, Meck et Sanduk, ont jusqu’à présent financé le secteur agricole. Le projet a prouvé que les agriculteurs peuvent attirer des investissements lorsqu’ils font partie de sociétés coopératives avec des garanties mutualisées et un bon encadrement dans la gestion des affaires et la gestion financière ».

Housnat Mdjassiri de BIC Anjouan, succursale locale de BNP Paribas a déclaré, « Nous avons validé une demande de prêt de 64 millions de francs comoriens ($155 407) au taux d’intérêt de 8 %, à l’intention de la société coopérative de clous de girofle KARANFOU NDJEMA. Ce financement est destiné à la récolte de l’équivalent de 22 tonnes de clous de girofle destinées à l’exportation. En cas de réussite de la phase pilote, la BIC Anjouan se fera un plaisir de fournir, dans quelques mois, le montant total de $4 millions, demandé par la société coopérative pour l’achat de 55 conteneurs, soit 605 tonnes de clous de girofle destinées à l’exportation ».

L’ITC a facilité les arrangements contractuels entre les coopératives et les institutions financières. Les caisses d’épargne et de crédit Meck et Sanduk ont accepté de consentir des prêts à des taux d’intérêt inférieurs à 8 % par année parce qu’un groupe de Conseillers en gestion financière formés par l’ITC travaillait avec les transformateurs et leurs fournisseurs agricoles pour réduire les risques et améliorer la tenue des registres. Dans le cadre de ce projet, l’ITC a formé en 2016 six consultants en gestion financière pour aider les coopératives à évaluer leur capacité de prêt, à préparer les bilans, à présenter des plans d’activités et à approcher les institutions financières. Les conseillers fournissent également un encadrement post-financement, en travaillant avec les bénéficiaires des prêts pour améliorer leur gestion et leurs capacités techniques et de production de rapports sur l’utilisation des fonds. En conséquence, les consultants en gestion financière atténuent les risques de financement initiaux, encourageant ainsi les institutions financières à prêter aux MPME (et à des taux plus abordables).

« J’ai toujours été effrayé par les dettes et le secteur bancaire, car je ne comprends pas les exigences bancaires ainsi que les produits disponibles pour les producteurs et distillateurs d’ylang-ylang comme moi. Tous les membres de notre société coopérative sont convaincus que ce projet va changer la perspective des banques sur le secteur agricole et donc ouvrir les portes aux financements », explique Nafouanti Daroussi, producteur et distillateur d’ylang-ylang et membre de la société coopérative Producteurs, Distillateurs et Exportateurs des Huiles essentielles de Mohéli (COOPDEHEM) sur l’île de Mohéli.

Le projet du Cadre intégré renforcé a également facilité la mise sur pied de l’Office national de la Vanille, inauguré en juin 2017 par le Président des Comores, Azali Assoumani. L’Office national servira d’organe de réglementation et de gouvernance du secteur de la vanille, que le président a décrit comme l’épine dorsale du développement du pays.

Le projet devrait prendre fin en décembre 2017, après avoir permis à onze sociétés coopératives de réaliser une valeur ajoutée locale durable et de fournir directement des produits naturels de qualité supérieure aux marchés internationaux.