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La facilitation des échanges devrait apporter des milliards en exportations à l'Afrique de l'Est

13 décembre 2013
ITC Nouvelles
S'attaquer aux coûts excessifs du commerce transfrontalier pourrait favoriser l'intégration régionale en Afrique de l'Est, selon Frank Matsaert de TradeMark East Africa.

La facilitation des échanges sera au cœur de la Neuvième Conférence ministérielle de l'OMC en Indonésie en décembre 2013. Un accord, à Bali ou plus tard, permettrait à des entreprises du monde entier de faire écouler plus facilement leurs marchandises à travers les frontières. Même si un accord multilatéral sur la facilitation des échanges est important pour l'Afrique de l'Est, la région a déjà progressé en termes de facilitation des échanges et de compétitivité de ses exportateurs.

Les cinq pays partenaires de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) – le Kenya, la République-Unie de Tanzanie, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi – ont effectué des progrès considérables en vue d'une intégration économique régionale en diminuant les frais du commerce transfrontalier. TradeMark East Africa (TMEA) a eu la chance de pouvoir participer à ces efforts et les soutenir en vue de l'augmentation du commerce, de la croissance et de la création d'emplois, et de la réduction de la pauvreté.

Selon la Banque mondiale, les frais relatifs au commerce dans la région sont parmi les plus élevés du monde et sont 50% plus élevés qu'aux États-Unis et en Europe. Cela est le résultat des lacunes dans l'infrastructure, des longs retards à la frontière, de la bureaucratie, de la faible réglementation et du manque d'interconnectivité entre les systèmes utilisés par les différents départements au sein du gouvernement. Ces problèmes sont aggravés pour les pays sans littoral au sein de la CAE, dont des coûts de transport représentent jusqu'à 75 % de la valeur des produits exportés. Selon une étude menée par la Banque mondiale en 1999 Infrastructure, désavantage géographique et coûts du transport, une diminution de 10 % des coûts de transport en Afrique de l'Est permettrait une augmentation des échanges de plus de 20 %. Dans les 10 prochaines années, TMEA vise à consacrer $E.-U. 500 millions pour réduire les coûts de 15 %. Pour l'Afrique de l'Est, cela pourrait engendrer des profits de $E.-U. 17 milliards d'ici à 2016.


Embouteillages au poste frontière de Malaba, entre le Kenya et l'Ouganda © TradeMark East Africa

Alors que les améliorations liées à l'infrastructure tendent à focaliser l'attention, les réformes de la facilitation des échanges, moins tangibles mais tout aussi importantes, sont combinées avec l'investissement matériel. Voici quelques efforts entrepris en Afrique de l'Est aujourd'hui avec le soutien de TMEA.

Les postes frontières uniques (OSBP), ou réformes dans la gestion intégrée des frontières, comprennent le développement d'une infrastructure physique combinée avec des systèmes dans sept postes frontières clé dans la région, avec un budget de $E.-U. 100 millions. Les OSBP, une fois mis en œuvre, devraient réduire le temps de passage aux frontières d'au moins 30 % à travers des systèmes intégrés de dédouanement et des systèmes des agences, et des méthodes modernes de contrôle douanier telles que la gestion des risques, le contrôle d'audit a posteriori et les services précédant la remise des documents.

Les mesures visant à moderniser la gestion des douanes et l'introduction d'un système de guichet unique ont déjà généré des avantages quantifiables: jusqu'à $E.-U. 17 millions en économies annuelles pour le Rwanda, une réduction de 50% des délais de dédouanement en Ouganda, et une augmentation estimée à 20 % des recettes douanières au Kenya, pour en citer certains. L'administration fiscale du Burundi a reçu à son tour $E.-U. 20 millions de TMEA pour la création de capacité de soutien, surtout pour l'établissement de l'institution. Cela a résulté en une augmentation des recettes nationales de 110 %, l'équivalent de plus de $E.-U. 300 millions, ce qui a contribué à étendre l'accès aux services sanitaires à 40 000 personnes. Au Soudan du Sud, le soutien à l'établissement de l'autorité douanière a augmenté les recettes non pétrolières du gouvernement de plus de 1 000 % en seulement deux ans.

L'harmonisation des normes, afin que la certification du pays d'origine soit reconnue à travers la CEA, et la réduction et l'élimination des obstacles non tarifaires (ONT) sont aussi essentielles pour améliorer les flux commerciaux. Soixante-quatorze (74) normes touchant $E.-U. 290 millions dans le commerce de la CEA ont déjà été harmonisées à l'échelle régionale. S'agissant des BNT, TMEA a aidé les comités nationaux de suivi à identifier et viser les obstacles les plus importantes sur lesquelles les États partenaires se sont engagés à agir en 2014.

Une infrastructure portuaire adéquate et l'amélioration de la productivité sont également essentielles à la réussite de la facilitation des échanges. À travers des programmes pour un total de $E.-U. 100 millions, TMEA aide les ports de Mombasa (Kenya) et Dar-es-Salaam (République-Unie de Tanzanie) à améliorer leur capacité et leur efficacité pour répondre aux besoins de la croissance du commerce et améliorer les délais de dédouanement.

L'engagement du secteur privé est essentiel au succès de la réforme de la facilitation des échanges: les entreprises sont plus à même de savoir quelles mesures sont les plus nuisibles au succès du commerce transfrontalier. Par exemple, la création de plateformes régionales a joué un rôle clé pour trouver une solution à des questions telles que l'harmonisation des impôts, les services, le tourisme, les normes et la logistique. Nous avons également créé des centres de ressources dans des frontières clé de la CEA pour les femmes actives dans le commerce transfrontalier, où nous les aidons à comprendre comment faire passer plus facilement leur marchandise aux frontières.

Tous les programmes de TMEA ont été développés afin de répondre à une demande des partenaires à l'échelle régionale et nationale en utilisant des solutions axées sur les résultats. En un court laps de temps, TMEA et ses partenaires ont réussi à atteindre des résultats considérables à travers des approches innovatrices. Même si le travail n'est pas encore achevé, ces importants partenariats inclusifs et consultatifs ont joué un rôle clé dans la réussite de la facilitation des échanges en Afrique de l'Est.