Discours

Discours d’ouverture du Forum de développement des affaires pour les femmes chefs d'entreprises (WVEF)

18 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours d’ouverture prononcé par Mme Arancha González, Directrice exécutive de l'ITC, au Forum de développement des affaires pour les femmes chefs d'entreprises
Istanbul, le 23 février2017

Excellences, Mesdames et Messieurs, bonjour à vous tous. Bienvenue à cette 5ème édition du Forum de développement des affaires pour les femmes chefs d'entreprises, l’événement phare de l’ITC sur l’autonomisation économique des femmes.

Permettez-moi tout d’abord de remercier nos hôtes, le Ministère turc de l’Économie et KAGIDER, l’Association des femmes chefs d'entreprises turques pour leur participation à l’organisation de cet important forum.

Istanbul est un hôte de marque pour cette rencontre. Non seulement parce que c’est un carrefour du commerce, d’histoire et de cultures, mais aussi parce que les droits des femmes et l’égalité des sexes revêtent une importance particulière dans ce pays depuis la création de la République, il y a près d’un siècle.

Plus récemment, en 2011, la Turquie est devenue le premier pays à ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la violence conjugale qui a été baptisée Convention d’Istanbul. Nous saluons les efforts que la Turquie a déployés dans ce sens et d’autres efforts au niveau international pour la promotion de l’égalité des sexes.

L’exploitation du pouvoir de l’entrepreneuriat féminin est également une dimension cruciale de l’égalité des sexes et peut avoir un effet remarquable sur l’économie d’un pays. Le corpus de recherches actuel indique que si tous les pays copient l'exemple du pays de leur région où la parité homme-femme s’améliore le plus rapidement, les retombées seraient de l'ordre de $12 milliards d'ajout au PIB annuel en 2025. En augmentant la participation des femmes au marché du travail actuellement de 30% à la moyenne de 63% dans les pays de l’OCDE, la Turquie pourrait voir son PIB croître de 20% par rapport aux tendances actuelles d’ici 2025.

L’analyse de rentabilisation de l’autonomisation économique des femmes est convaincante et devient encore plus importante lorsque l’on considère que les femmes avec des possibilités économiques grandissantes réinvestissent dans l’éducation, la santé et d’autres priorités connexes de réduction de la pauvreté à un taux de 90% comparativement aux hommes qui ne le font qu’à 40%. C’est la raison pour laquelle l’autonomisation des femmes est au cœur des objectifs mondiaux des Nations Unies.

C’est pourquoi l’ITC s’efforce d’instaurer l'égalité de chances entre les hommes et les femmes chefs d'entreprises, en veillant à ce qu’elles puissent accéder aux informations commerciales, au soutien institutionnel et aux relations dont elles ont besoin pour entrer dans le marché international. Nous accordons une attention particulière au recensement et à l’élimination des obstacles auxquels se heurtent ces femmes chefs d'entreprises dans l’économie mondiale.

En dressant la carte des obstacles à l’autonomisation économique des femmes, deux choses se sont clarifiées. Premièrement, le respect de l’égalité des sexes exige une combinaison de politiques gouvernementales, d’actions du secteur privé et de changements sociaux. Deuxièmement, les cloisonnements continuent de diviser ces acteurs et les systèmes politiques, ce qui rend difficiles les actions concertées et synergiques.

Pour briser ces cloisonnements et créer un écosystème permettant aux femmes de lancer et d’étendre leurs activités commerciales, l’ITC a lancé l’initiative SheTrades à Sao Paulo lors du Forum de développement des affaires pour les femmes chefs d'entreprises en 2015. SheTrades est le fruit de plusieurs mois de consultations avec les parties prenantes du monde entier. Son principal objectif est de connecter un million de femmes entrepreneures aux marchés d’ici 2020.

À cet effet, les gouvernements, les entreprises, les institutions de soutien au commerce et à l’investissement, les chercheurs et d’autres groupes de la société civile sont invités à accroître les ouvertures pour les femmes chefs d'entreprises sur les marchés internationaux. SheTrades les exhorte à prendre des engagements spécifiques et réalisables :

1. Collecter, analyser et diffuser des données sur la participation des femmes à l’économie ;

2. Élaborer des politiques et passer des accords commerciaux qui renforcent la participation des femmes au commerce. À titre illustratif, on peut citer l’accord commercial sans précédent signé l’an passé par le Chili et l’Uruguay qui comporte un chapitre sur le genre et précise que l'amélioration des possibilités pour les femmes de faire du commerce active la croissance économique nationale. Cet accord crée en outre un comité sur le genre pour superviser l’autonomisation des femmes.

3. Donner aux entreprises dirigées par des femmes les moyens de participer aux marchés publics. Cette mesure s'est traduite au Chili par par un plan d’action national, qui est déjà couronné de succès. Ce plan permet aux femmes d’avoir les mêmes chances que les hommes en tant que fournisseurs de l’État.

4. Créer des programmes institutionnels de marchés publics qui intègrent la diversité et l'inclusion dans les chaînes de valeur ; des entreprises telles que IKEA, Nestlé et Accenture ont mis en place des politiques d’offre inclusives pour les femmes.

5. Aborder les contraintes de l'offre qui affectent particulièrement les entreprises appartenant à des femmes.

6. Combler le fossé entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès aux services financiers, un défi qui handicape de nombreuses entreprises appartenant à des femmes, y compris en Turquie où seulement 27% des femmes ont un compte bancaire personnel; et

7. Veiller à ce que les réformes législatives et administratives garantissent aux femmes le droit à la propriété et au contrôle des ressources.

Ces objectifs ne peuvent être atteints que par le biais de partenariats, un réseau qui, nous l’espérons, va davantage s’étendre cette semaine. Des organisations telles que Barclays Bank Kenya, Nigeria Export Promotion Council, Sri Lanka Export Development Board, World Trade Centre Mumbai, Pro Cordoba et Apex Brasil ne sont que quelques-uns des partenaires avec lesquels nous travaillons pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes par le commerce.

Les engagements de nos partenaires réunis nous permettent de totaliser plus de 800 000 femmes connectées à ce jour. Avec votre soutien et votre partenariat élargi, nous pourrions atteindre l’objectif d’un million en 2017 et renforcer notre ambition.

Ces engagements peuvent réellement avoir une incidence positive sur l’avenir des femmes chefs d'entreprises et leurs moyens de subsistance. Nous avons nous-mêmes constaté comment l’accès au capital permettrait à un créateur de mode de Nairobi d’augmenter sa production et de traiter avec les clients de Johannesburg jusqu’à New York.

Nous avons également constaté comment une connexion avec des clients internationaux a permis à une coopérative rwandaise appartenant à des femmes de doubler le prix du café qu’elle cultive.

Nous avons en outre constaté comment une formation bien ciblée a permis à une productrice de cachemire mongol d’atteindre les niveaux de qualité dont elle avait besoin pour vendre aux acheteurs internationaux.

Ce ne sont pas seulement Akinyi au Kenya, Laetitia au Rwanda et Badamkhand en Mongolie qui en profitent : les femmes, les hommes et les enfants de leurs familles, entreprises et communautés en profitent également.

SheTrades s’intéresse autant à la défense des intérêts et aux solutions politiques qu’à l’acquisition de compétences pratiques et de relations en matière d’affaire. C’est la raison pour laquelle pendant une grande partie de ces deux journées, se tiendront des sessions du Groupe d'encadrement d’acheteurs pour les PME des secteurs du tourisme, du textile et de l’habillement, ainsi que des technologies de l'information et de la communication et des services aux entreprises afin de bénéficier de l'encadrement des spécialistes du secteur.

Lors des éditions précédentes du Salon et Forum des femmes commerçantes, au Brésil, au Rwanda, au Mexique et en Chine, les sessions entreprise-à-entreprise ont permis à ces dernières de dresser des lettres d’intention de partenariats pour plus de $50 millions et ont mobilisé plus de 100 partenaires pour la création d'initiatives d’autonomisation économique des femmes à l’appui de l’initiative SheTrades. À Istanbul, au cours de ces deux jours, nous cherchons également à accroître l’exposition aux entreprises de la localité et à établir de véritables relations commerciales.

Pour terminer, permettez-moi de saluer une fois de plus KAGIDER pour son travail en faveur des femmes chefs d'entreprises turques et pour son soutien indéfectible à SheTrades. Merci de votre partenariat avec l’ITC pour l’organisation de cette édition du Salon et Forum des femmes commerçantes 2017 à Istanbul.