Discours

Discours de la Directrice exécutive lors de l’Atelier MIKTA sur le commerce en ligne

19 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours prononcé par Mme Arancha González, Directrice exécutive de l’ITC, lors de l’Atelier MIKTA sur le commerce en ligne
5 juillet 2016 - Genève

Monsieur l’Ambassadeur Choi Kyonglim
Monsieur le Directeur général Azevedo
Mesdames et Messieurs,

Je pense qu’il est exact de dire que la communauté commerciale de Genève est témoin d’une révolution du commerce en ligne.

La semaine dernière, l’ITC, de concert avec DHL et E-Bay, ont organisé la « Caravane de la paix » aux Nations Unies pour démontrer la puissance du passage au numérique des petites et moyennes entreprises (PME). Hier, l’ITC a organisé une caravane et des « souks » du commerce en ligne ici même à l’OMC avec des entrepreneurs de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, du Maroc, du Rwanda, du Sénégal, et de la Syrie qui ne vendaient pas seulement des marchandises provenant de leurs pays, mais mettaient en valeur le fait que leurs biens peuvent être achetés au moyen des plates-formes en ligne développées avec l’appui de l’ITC.

De plus, la CNUCED continue à coordonner un certain nombre d’organismes à Genève autour d’un partenariat sur le commerce en ligne pour tous qui sera lancé lors de la CNUCED XIV à Nairobi vers la fin de ce mois. Par conséquent, cet événement organisé aujourd’hui par la MIKTA arrive à point nommé. Je vous remercie d’avoir invité l’ITC à prendre part à cet échange.

À l’OMC, le commerce en ligne est inscrit à l’ordre du jour depuis de nombreuses années. Mais récemment, les niveaux d’intérêts ont accru. Pourquoi ?

Parce qu’il s’agit d’un marché en expansion. Seulement en Afrique, on estime que ce marché pourrait passer de $8 milliards en 2013 à $50 milliards en 2018. Toutefois, les ventes en ligne sont particulièrement adaptées pour les PME qui à travers le monde désirent se connecter aux clients, parce qu'elles permettent d’éviter des intermédiations coûteuses et de saisir la valeur la plus élevée de la vente.

Cependant, pour que cette forme de commerce fonctionne, les règles commerciales doivent être favorables. L’objectif doit être de créer une structure de politique commerciale qui équilibre la nécessité de réglementer le commerce en ligne et celle de soutenir les fondements des solutions numériques à savoir : la rapidité, l'impulsion par la technologie, le moindre coût et le caractère plus pratique. Malgré quelques incertitudes des nouvelles technologies et des moyens de transaction, le commerce en ligne repose essentiellement sur trois principaux éléments dans la perspective de politique commerciale : la facilitation des échanges, les barrières non tarifaires et les services.

L’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC est le cadre à travers lequel les marchandises achetées en ligne peuvent être transportées du point A vers le point B sans procédures administratives superflues. C’est pour cette raison que son entrée en vigueur est fondamentale pour réaliser le commerce en ligne. En outre, l'amélioration de cet accord pourrait grandement fluidifier toutes les transactions, surtout les plus réduites réalisées la plupart du temps par les MPME en ligne, les soi-disant « de-minimis ».

Cette amélioration permettrait également de mieux recenser les barrières non tarifaires existantes et pouvant être préjudiciables pour ce commerce.

La capacité à offrir des solutions numériques en ligne à l’échelon mondial est beaucoup plus étroitement liée à la règlementation des services d'appui pour éviter les entraves à la création des plates-formes et solutions de paiement, en particulier des services financiers ; qui soutiennent des services de logistique et de distribution plus rapides et plus performants ; qui protègent les consommateurs au moyen des services d’assurance ; et qui stimulent, plutôt que de limiter la concurrence dans les secteurs connexes. Il convient manifestement de mieux comprendre les politiques liées aux services de commerce en ligne et je suis heureuse de voir que l’un des thèmes sera traité pendant les séances au programme pour la journée.

L’ITC collabore avec les décideurs politiques et les PME à travers le monde pour faire du commerce en ligne et des solutions numériques une partie intégrante de l’écosystème d’affaires. En s’appuyant sur les informations que nous avons réunies pendant notre travail, nous avons lancé deux publications au cours des derniers mois, qui fournissent quelques informations importantes et pratiques afin de mieux positionner le commerce en ligne.

La première « Le commerce international en ligne en Afrique : la marche à suivre » est une évaluation pratique des défis et opportunités auxquels font face les PME d'Afrique dans le commerce en ligne. Bien que le commerce en ligne représente environ $15 milliards de transactions annuelles entreprise-à-entreprise et plus de $1 milliards d’échanges annuels entreprise-consommateur, les pays en développement, en particulier en Afrique, recèlent encore d’un potentiel inexploité considérable pour valoriser cette approche.

Pour illustration, la part actuelle du commerce en ligne pour les entreprises africaines est inférieure à 2 %. Tirer parti de ce potentiel peut également changer la donne pour les PME en Afrique et dans les pays en développement.

Une seconde publication lancée en Chine le mois dernier sur le thème « Intégrer les PME sur l’autoroute du commerce en ligne » a examiné les défis politiques majeurs dans quatre segments clés du commerce de détail en ligne, à savoir : 1- établissement d'une présence en ligne des entreprises, 2- paiements internationaux en ligne, 3- livraison internationale et 4- services après-vente. Elle contient également quelques exemples de cas vécus des PME des pays en développement et fournit des aide-mémoire qui expliquent les réalisations nécessaires au niveau de l’entreprise, dans le milieu immédiat des affaires et au niveau de la politique nationale en vue d’assurer le bon fonctionnement du commerce en ligne et de permettre aux PME d’en tirer profit.

L’ITC restera un partenaire essentiel pour offrir des perspectives de politiques importantes sur le commerce en ligne et les expériences vécues sur le terrain.

À titre d’exemple, en collaboration avec la Banque mondiale, nous soutenons les MPME en Jordanie, au Maroc et en Tunisie afin d’accroître les exportations de leurs biens et services par l’intermédiaire des « marchés virtuels ». Notre soutien va de l’appui aux échanges au sein des secteurs public et privé sur ces questions pour stimuler des changements politiques afin d’améliorer le milieu des affaires à travers une amélioration des politiques et réglementations relatives au commerce en ligne ; au soutien des PME pour mieux les outiller en termes de systèmes de paiement électronique et d’assurance risque. Au Rwanda, nous œuvrons à autonomiser les PME pour faciliter leur internationalisation par le biais de la plate-forme de commerce en ligne « Made in Rwanda » en collaboration avec DHL.

Pas plus tard qu’hier lors de la réunion du Groupe consultatif commun de l’ITC, j’ai signé un accord de partenariat avec Ebay, pour mettre ensemble l’expertise pratique de l’ITC auprès des PME et les réalisations notoires d’Ebay en matière de fourniture de plate-formes de solutions numériques aux entrepreneurs pour atteindre une base de consommateurs en temps réel.

La coopération permettra aux MPME de l’ITC de gagner plus de visibilité en ligne ainsi qu’un accès au réseau Ebay des centres d’exécution afin de garantir des services logistiques plus rentables. Ici, les possibilités sont incroyables : la fusion des informations commerciales de l’ITC avec les données issues des recherches et analyses d’Ebay permettrait aux PME de mieux cibler les combinaisons produit-marché dans le commerce en ligne.

Je vous exhorte de prêter une attention particulière aux modes pratiques du « commerce en ligne et des échanges électroniques » lorsque vous examinerez les éléments de politiques de commerce en ligne aujourd'hui.

À mon sens, l’architecture de politique commerciale ne doit pas être remodelée pour le commerce en ligne ; nous devons plutôt nous assurer qu’elle réponde à la réalité sur le terrain. Les outils de l’OMC sont flexibles pour une adaptation aux évolutions, comme ce fut le cas pour les services de télécommunications et les services financiers à l’issue de l’Uruguay Round.

Dans votre lancée pour impulser le commerce en ligne à l’OMC, je vous exhorte à prendre en compte les MPME dans la collecte de renseignements qui seront utilisés dans ce processus. Il s’agit là d’une ouverture et d’un moyen offerts à ces MPME pour agrandir leur clientèle et mieux mettre en exergue leur empreinte commerciale. Notre objectif commun doit être de faciliter la connectivité.

Je vous remercie.