Discours

Dîner de bienvenue avec les chefs d’entreprise

18 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours prononcé par Mme Arancha González, Directrice exécutive de l’ITC
30 janvier2017 - Karachi, Pakistan

Mesdames et Messieurs,

Il m’est particulièrement agréable d’effectuer ma première visite officielle en 2017 dans cette région au Pakistan et en Inde. C’est en réalité ma première fois de me retrouver au Pakistan, mais je me sens déjà à la maison. Je vous remercie de l’excellent accueil que j’ai déjà reçu.

Il m’est particulièrement symbolique de commencer ma tournée dans le pays ici à Karachi, une ville qui est non seulement la capitale financière et économique du Pakistan, mais également un portail vers le commerce international, car elle abrite les plus importants ports et le plus important aéroport du Pakistan.

En effet, nous vivons aujourd’hui des temps étranges. Les échanges et les évènements géopolitiques ont pris un tournant inattendu par plusieurs d’entre nous, et plusieurs en sont encore à chercher leurs marques dans ce nouveau paradigme. Mais il reste absolu que le commerce est un levier important pour assurer la croissance, la création d’emplois, en particulier par les PME, et une insertion certaine dans les chaînes de valeur ; et que les innovations dans les transports et la technologie ont ouvert de nouvelles et incroyables opportunités de diversifier vos produits et méthodes de commercialisation.

Pourquoi faire du commerce ? Nous nous concentrons sur le commerce parce que les entreprises importatrices ou exportatrices tendent à être plus productives, à croître plus rapidement et à générer des emplois de meilleure qualité et mieux rémunérés.

Pourquoi les PME ? Parce qu’elles emploient la grande majorité des populations. Pour la plupart des économies et des marchés émergents, les PME constituent l’un des moteurs de la croissance et de l’emploi. Le Pakistan ne fait pas exception. Les PME comptent pour environ 90% de toutes les entreprises établies dans le pays, emploient 80% de la main-d’œuvre non agricole et génèrent 40% du PIB annuel.

Un secteur des PME dynamique et connecté à l’international se traduit en emplois de meilleure qualité et en meilleurs revenus qui se répercutent sur une plus grande partie de la société. En d’autres termes, le dynamisme et la connectivité se traduisent en croissance inclusive.

C’est pourquoi œuvrer à l’internationalisation des PME est au cœur de l’action de l’ITC. Nous créons et entretenons une suite d’outils d’information commerciale en ligne sur lesquelles les entreprises peuvent s'appuyer pour cibler de potentielles opportunités de marché et comprendre les mesures tarifaires et non tarifaires qu’elles pourraient rencontrer. Nous travaillons avec les PME elles-mêmes, souvent en partenariat avec des grandes multinationales privées, pour leur permettre de stimuler leur productivité et de se connecter aux opportunités du marché international. Nous travaillons avec des agences de promotion du commerce et des associations professionnelles pour améliorer le soutien qu’elles offrent aux entrepreneurs qui souhaitent participer au commerce. Nous menons des analyses de pointe des facteurs influençant la compétitivité des PME et définissons des feuilles de route pour les pays en développement en vue de déterminer les réformes de politiques et les investissements institutionnels à même de produire les résultats escomptés.

Et, parce qu’un environnement économique favorable est déterminant pour le succès du commerce, l’ITC travaille en collaboration avec les décideurs politiques des pays en développement. Nous les soutenons dans l’expansion de leurs outils d’analyse et la construction de passerelles pour le secteur privé pour qu'ensemble, ils puissent avoir une meilleure compréhension des problèmes rencontrés par les entreprises dans la pratique du commerce et, ainsi, formuler des solutions politiques plus efficaces.

Jusqu’où est-il facile de mener des affaires et de faire du commerce au Pakistan ? Nos recherches indiquent que plusieurs progrès ont été réalisés sur le plan économique ces dernières années. Mais nous avons également noté qu’il reste des aspects à améliorer. Il est nécessaire de poursuivre l’investissement dans le renforcement de l’environnement économique, de rechercher une meilleure intégration avec les pays voisins, et de mieux connecter les infrastructures physiques et virtuelles afin de pouvoir répondre aux besoins des populations du 21e siècle, à savoir, des énergies fiables, des réseaux de technologies de l'information et de la communication sophistiqués et des coûts de production et de transport compétitifs.

Le Pakistan est un pays riche en innovations, en culture et en entrepreneuriat. Vos millions de PME disposent du potentiel pour offrir des produits et services de qualité supérieure au monde extérieur. La question est de savoir comment concourir à les rendre internationales et plus compétitives. Il est avant tout primordial de s’assurer que l’environnement économique mette la priorité sur les PME afin qu'elles puissent évoluer. Le Pakistan occupe actuellement le 144e rang sur 190 pays d’après le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale pour l’année 2016, et il est sixième sur les huit pays d’Asie du Sud. Le milieu des affaires rapporte que l'environnement doit être amélioré parce que les entrepreneurs enregistrent des retards dans la mise en place des entreprises, dans l’établissement de permis de construction et de licences d’importation. Il en ressort également que des frais portuaires élevés peuvent compromettre leur croissance. Mais déterminer les obstacles auxquelles elles font face c'est déjà gagner la moitié de la bataille. Le Pakistan ayant ratifié l’Accord de facilitation des échanges de l’OMC, et avec la détermination personnelle, que je connais être celle du ministre du Commerce, de mettre en œuvre des réformes pour rendre l’environnement économique plus favorable aux PME en croissance, vous êtes sur la bonne voie pour emporter l’autre moitié de la bataille.

Je suis très heureuse de noter que le Pakistan a récemment engagé plusieurs réformes dans les douanes et les gouvernements locaux afin de faciliter la création d’entreprises, l’obtention de financements et le commerce. La mise en œuvre effective de l’Accord de facilitation des échanges permettra directement de réduire les coûts des transactions commerciales en minimisant le temps de transit des marchandises et les frais douaniers de transit et en renforçant la transparence et la prévisibilité dans les procédures commerciales. L’élimination des principaux obstacles surchargeant les opérateurs commerciaux de frais élevés et de longs délais peut très probablement déboucher sur une augmentation des échanges bilatéraux, une plus grande diversification des exportations, une augmentation des investissements étrangers et une amélioration de la compétitivité nationale.

D’une perspective économique, cette élimination d'obstacles aura pour effet, une réduction estimée entre 13 et 15% des coûts de transaction, et la réduction des délais permettra aux PME de se spécialiser dans des produits nécessitant des stocks avec des délais très précis ou à durée de conservation réduite (par exemple, les denrées périssables, les produits pharmaceutiques et de mode, etc.)

Un système d’exportations plus rapide, plus efficace et stable assure aux entreprises une ascension des chaînes de valeur des produits à plus grande marge. Il stimule la croissance qui, à son tour, induit une augmentation des investissements directs étrangers.

Puisque vous êtes les premiers bénéficiaires des réformes des politiques commerciales, il est très important pour vous de vous assurer que ces réformes soient conçues avec transparence et puissent répondre à vos problèmes, et que vous deveniez des partenaires clés du gouvernement dans leur mise en œuvre et leur suivi. Et, surtout, pour les associations d’entreprises représentant les PME, il est très important de garantir le renforcement des capacités des PME afin d’assurer leur conformité aux procédures et exigences commerciales évolutives et par la suite bénéficier des mesures de facilitation des échanges.

L’environnement économique devenant plus favorable, plusieurs opportunités de diversification se présenteront aux entreprises. La diversification nécessite de déterminer le potentiel des secteurs émergents et de soutenir l'exploitation de ce potentiel.

Afin de libérer le potentiel du commerce de manière décisive, le Pakistan doit rechercher de nouveaux secteurs à promouvoir. Le régime GSP+ de l’UE offre aux entreprises pakistanaises de grandes opportunités uniquement à cet effet. Il a le potentiel de placer le pays à une position très avantageuse comparé aux pays concurrents de la région et d'Asie en général. Dans le cadre du régime GSP+, tous les produits pakistanais dignes d’exportation sont éligibles à une exonération douanière, y compris tous les textiles, les textiles finis, la literie, les vêtements, les produits en cuir, les chaussures, les produits en plastique, l’éthanol, les produits agricoles et les produits transformés.

Il est possible pour le Pakistan d’accroître ses exportations vers l’UE en tirant davantage parti du GSP+. Dans le cadre d’un projet financé par l’UE au Pakistan, l’ITC a publié des guides pratiques pour les entreprises sur le régime GSP+ de l’UE et sur la façon d’en tirer parti. J’encouragerais les associations d’entreprises représentées aujourd’hui à vulgariser autant que possible ces publications au sein de la grande communauté des PME pakistanaises.

L’une des plus grandes opportunités pour le Pakistan repose sur le commerce des services, le secteur le plus dynamique de l’économie mondiale actuelle. Les services comptent actuellement pour un quart du commerce mondial et un tiers des emplois fournis. Au Pakistan, ils comptaient pour environ 60% du PIB et pour $5,8 milliards d’exportations en 2015. Et il est probable que ces statistiques ne feront qu’augmenter.

L’émergence du commerce en ligne est étroitement liée à l’augmentation du commerce des services. Le marché du commerce en ligne pakistanais est encore modeste, avec un chiffre de ventes de quelques $30 millions en 2015 ; cependant, si le pays tirait parti de son potentiel, ce marché pourrait atteindre plusieurs centaines de millions de dollars d’ici à 2020.

Le Pakistan s’est déjà engagé sur cette voie. Ces deux dernières années, le nombre d’utilisateurs de bande passante dans le pays est passé de 25 à 35 millions. De nouvelles entreprises bénéficient de cet accroissement de connectivité pour proposer de nouveaux modèles d’entreprises en ligne et rejoindre des plateformes virtuelles dans des secteurs aussi divers que la réservation des hôtels et la programmation informatique.

Ce sont là toutes de bonnes nouvelles ; cependant, plusieurs défis subsistent. Le développement d’une réglementation efficace des services est crucial pour soutenir l’établissement de plateformes en ligne, rendre possible l’avènement de solutions de payement en ligne, encourager l’amélioration des performances logistiques et la distribution, ainsi que la protection des consommateurs par des services d'assurance. De même, la ratification de l’Accord de l’OMC sur les technologies de l’information (ATI) contribuera à une plus grande dynamisation du marché en promouvant l’accès aux produits de technologies de l'information et de la communication à des coûts abordables, et vous mettra au même pied d’égalité avec d’autres pays de la région tels que les Philippines, la Thaïlande et l’Indonésie.

La vision Pakistan 2025 a reconnu ces défis et entend prioriser la croissance des services et du commerce électronique à l'horizon 2047.

Le message que je souhaite vous communiquer est que, même si le monde des échanges peut paraître imprévisible actuellement, le Pakistan est sur la bonne voie. En recherchant les opportunités de diversification et en cherchant à développer des chaînes de valeur agroalimentaires, des technologies de l'information et de la communication et des services, et en y investissant, vous tenez ainsi le bon bout dans la création d'opportunités, notamment pour les femmes, et les PME, qui constituent l’essentiel du tissu économique de ce pays.

J’espère contempler tous ces progrès de mes propres yeux pendant les trois prochains jours.

Je vous remercie.