Entretiens

10 questions pour... J. Denis Bélisle

24 juin 2024
Entretien avec J. Denis Bélisle, ancien directeur exécutif du Centre du commerce international (1994-2006)

Le Forum du commerce s'est entretenu avec Jean Denis Bélisle, ancien directeur exécutif de l'ITC, l'occasion d'évoquer son travail à l'ITC et de recueillir son avis sur le paysage commercial actuel. Aujourd'hui à la retraite, M. Bélisle est le directeur au mandat le plus long dans l'histoire de l'ITC, de 1994 à 2006.

1. Quand vous étiez plus jeune, que vouliez-vous devenir ?

À 5 ans, je voulais des jouets, à 15 ans, des petites amies, et à 20 ans, voir le monde ! Ensuite, j'ai voulu participer aux efforts déployés par le Canada pour exporter dans le monde entier, une condition sine qua none de la prospérité du pays.


2. Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans votre parcours professionnel et pourquoi ?

L'ONU fut une surprise. Après l'université, je voulais travailler dans le monde entier, soit comme diplomate commercial, soit comme exportateur canadien. L'ONU est apparue sur mon radar quand j'ai découvert l'existence du Centre du commerce international et le rôle de son directeur exécutif.

Avec 25 ans d'expérience en tant que diplomate commercial à Washington D.C. et en Afrique de l'Ouest, et en tant que vice-président de l'agence canadienne de développement international et vice-président exécutif d'une grande société de conseil exportant des services professionnels sur tous les continents, j'ai pensé que j'étais en mesure d'aider les pays en développement tout en me lançant un superbe défi personnel.

 

J. Denis Bélisle, ancien directeur exécutif de l'ITC (1994-2006)

3. Quels sont le meilleur et le pire conseils que vous ayez jamais reçus ?

Le meilleur : « Rêvez votre vie et laissez votre instinct conduire vos ambitions. »

Le pire : « Méfiez-vous de l'ambition, elle peut vous détruire. »

4. Comment s'est déroulé votre premier jour à l'ITC en tant que directeur exécutif ?

Pas le premier jour mais peu après, j'ai été confronté à une situation inattendue. J'avais identifié quelques cadres fatigués qui souhaitaient avant tout maintenir le statu quo de l'ITC jusqu'à leur retraite. Heureusement, j'ai également rencontré de nombreux professionnels plus jeunes, conscients de l'énorme potentiel de l'ITC et désireux de contribuer à son plein développement.

L'ITC venait de traverser une longue période de troubles internes qui avait conduit plusieurs donateurs traditionnels à se détourner de l'institution. Le moral était au plus bas. L'institution était prête pour une réforme drastique que l'OMC et l'ONU demandaient avec insistance. Ce fut un défi pour tous et une opportunité pour le personnel dévoué de contribuer sans réserve et de grandir avec l'institution.

5. De quoi êtes-vous le plus fier dans votre travail à la tête de l'ITC ?

- La revitalisation de l'institution, avec un appui solide de la Suisse, qui a permis de susciter l'espoir et l'enthousiasme parmi le personnel et faire revenir les donateurs.

- La création d'outils et de programmes commerciaux pour les petits exportateurs afin qu'ils soient plus performants sur les marchés mondiaux.

- L'innovation en matière de programmes et d'activités pour rassembler les représentants des secteurs public et privé au sein d'équipes nationales, ce qui a permis d'obtenir de meilleurs résultats sur les marchés d'exportation tout en augmentant les revenus des salariés.

6. Quelles sont les trois choses que vous appréciez le plus dans le travail actuel de l'ITC ?

Sa capacité à : 1. créer des partenariats avec le secteur privé des pays industrialisés ; 2. générer des synergies efficaces entre les secteurs privé et public des pays en développement et des pays industrialisés ; 3. atteindre de manière positive d'autres agences des Nations Unies, les entreprises, les jeunes, le milieu universitaire et les pouvoirs publics des pays donateurs et des pays bénéficiaires.

Panel de haut niveau lors de la réunion « Business for Development » organisé par l’ITC à Sofia, Bulgarie, mai 2004.
MM. Bélisle et Faizel Ismael présidant la réunion du Groupe consultatif conjoint, 2003.

7. Comment voyez-vous le rôle futur de l'ITC dans l'élaboration d'un programme de développement par le commerce ?

En étant le fer de lance dans les efforts déployés pour :

- transcrire les aspirations et le langage des entreprises auprès de l'ONU et d'autres institutions moins familières avec le milieu des affaires ;

- créer des chaînes d'approvisionnement efficaces qui intègrent le monde en développement ;

- séparer les aspects pratiques et théoriques, en laissant le travail de politique commerciale à d'autres agences onusiennes, à des universités et à des groupes de recherche souvent mieux dotés en personnel pour gérer ces tâches, et en leur fournissant des connaissances spécifiques sur les besoins concrets des exportateurs.

8. Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans le commerce aujourd'hui ?

Depuis mon départ à la retraite, de l'ITC en 2006, et du secteur privé en 2012, je me suis contenté de lire des articles sur le commerce international et de suivre les progrès de l'ITC grâce à son nouveau site internet fort dynamique.

Je constate que l'ITC continue à viser l'excellence, et à l'occasion de son 60e anniversaire, je tiens à féliciter chaleureusement l'actuelle directrice exécutive et son personnel pour les larges progrès réalisés par l'ITC.

9. Quelles seraient quelques « grandes victoires » pour le commerce et le développement durable dans les années à venir ?

La conception, la mise en œuvre et la large diffusion des résultats d'un projet pilote visant à aider un pays parmi les moins avancés à reconstruire son secteur des exportations après une guerre.

10. Si vous aviez un conseil à donner aux futurs dirigeants commerciaux, quel serait-il ?

Développez et diffusez un message solidement étayé et persuasif selon lequel : « Le commerce international est à terme le meilleur chemin vers la paix dans le monde»