Récits

SITA : Établir de nouveaux liens en matière de commerce et d'investissement entre l'Afrique de l'Est et l'Inde

22 janvier 2018
ITC Nouvelles

 

Le défi L'accès commercial préférentiel et la demande croissante dans les économies émergentes comme l’Inde ont créé de nouvelles opportunités pour les pays de l’Afrique de l'Est d’utiliser le commerce et les investissements internationaux pour stimuler la croissance, la réduction de la pauvreté et la diversification. Pourtant, la baisse des tarifs douaniers à elle seule ne suffit pas souvent pour habiliter les potentiels exportateurs potentiels qui sont confrontés aux autres difficultés liées aux carences en matière de capacités du côté de l’offre, d'information sur le marché et de faiblesses institutionnelles au niveau national.

Le projet d'appui au commerce et à l'investissement indien pour l'Afrique (SITA) financé par l'ITC a été conçu pour catalyser l'accroissement des relations commerciales entre cinq pays d'Afrique de l'Est et l'Inde. Des consultations initiales dans le cadre de ce projet, il est ressorti que le secteur des légumineuses, qui sont des aliments de base dans l'alimentation en Inde, sont un secteur prometteur pour les relations entre les producteurs africains et les investisseurs et les acheteurs Indiens. L’Inde est le plus grand producteur, consommateur et importateur de légumineuses au monde, notamment le haricot sec, les pois et les lentilles.

La production et le commerce des légumineuses peuvent stimuler les revenus ruraux et la croissance économique dans les pays d’Afrique de l’Est, notamment

si des producteurs à échelle relativement réduite sont en mesure de se connecter aux marchés internationaux. La production de la région

est bien inférieure à son potentiel, en raison des incertitudes du marché et des processus agricoles désuets. Une plus grande diversification des marchés d’exportation rendrait les revenus plus stables. Pendant ce temps, l’Inde, où les légumineuses riches en protéines jouent un rôle important dans la réduction de la malnutrition, repose sur des fournisseurs industriels, souvent lointains sur le plan géographique, pour ses importations.

Bien que les producteurs de l’Afrique de l’Est aient fait de petites incursions dans le marché indien, les entreprises qui transforment les légumineuses dans la région souhaitent fortement accroître leur production et leurs capacités à exporter afin de pénétrer le marché indien et d'autres marchés nouveaux ou en pleine croissance. Pour investir dans le but d'augmenter la production, les petits exploitants qui cultivent la part la plus importante des légumineuses ont besoin d'une meilleure visibilité concernant la demande de leurs cultures. Cependant, une aide ciblée permettrait aux potentiels exportateurs de comprendre les conditions du marché indien et de réussir à y pénétrer.La réponse Le travail initial de l'ITC sur le projet consistait principalement à réunir les intervenants comprenant les autorités publiques et les entreprises pour favoriser le dialogue entre les secteurs public et privé et générer des orientations politiques fondées sur des preuves dans le but d'augmenter les flux d'échanges commerciaux et d'investissements dans l’océan Indien. Dans le cadre de ces initiatives, les intervenants du secteur des légumineuses ont énoncé les actions prioritaires visant au bout du compte à renforcer la productivité et les exportations au niveau des plateformes de partenariat organisées par le projet.

En novembre 2014, Indian Pulses and Grains Association, un groupe industriel, a organisé la première réunion, à Mumbai, entre l’équipe du projet SITA et les potentiels acheteurs et investisseurs. L’objectif était d’évaluer l'intérêt de l’industrie indienne à faire des affaires en Afrique de l'Est. Cette réunion a poussé un importateur installé à Mumbai, à explorer de nouvelles possibilités d'approvisionnement dans certains pays d’Afrique de l'Est. Les groupes industriels qui sont des parties prenantes dans le projet, ont également joué un rôle essentiel en Afrique de l'Est : alors que l’importateur indien explorait les possibilités dans la région, Eastern Africa Grain Council (EAGC) avec ses membres s'organisait pour intéresser d'éventuels acheteurs Indiens.

Pendant ce temps, l'ITC discutait avec les entreprises indiennes qui ont travaillé avec les agriculteurs en Inde pour améliorer la productivité et la qualité. L'objectif est d'introduire des modèles réussis auprès des groupes d'agriculteurs en Afrique de l’Est et, en fin de compte, d'augmenter la production.

Dans le cadre du projet, l'ITC facilitera l'établissement de liens entre les IACI en Afrique de l’Est et en Inde, créant un réseau permettant de partager les meilleures pratiques et facilitant le commerce et les investissements dans l’océan Indien.Les résultats Grâce à des liens facilités par le projet, certaines entreprises indiennes ont déjà conclu des accords pour acheter des légumineuses venant d'Afrique de l'Est.

L’importateur établi à Mumbai a signé un Mémorandum d'entente de cinq ans avec des groupes d’agriculteurs en Ouganda et au Kenya pour l'achat des pois d’Angole, un type de légumineuse, pour un montant évalué à $E.-U. 8,6 à 16 millions (les prix ne sont fixés qu'après la récolte). Le premier lot de légumineuses devrait être expédié au cours du deuxième trimestre de 2016. Afin d'être plus près de ses sources d’approvisionnement, l’entreprise a enregistré une filiale au Kenya et a créé un bureau d'approvisionnement et des installations d'entreposage à Athi River dans le comté de Machakos. Elle négocie actuellement un compromis avec le gouvernement du comté pour l'achat d'au moins 10 000 tonnes de légumineuses par an (actuellement d'une valeur de $E.-U. 8 millions). Ce contrat pourrait améliorer les moyens de subsistance de plus de 10 000 agriculteurs dans le comté. La société a déjà acheté 500 tonnes de légumineuses, d'une valeur de près de $E.-U. 500 000 auprès de fournisseurs kényans.

Sabrina Meharali, directrice générale Quality Pulse Exporters, entreprise établie en Tanzanie était parmi les entrepreneurs d’Afrique de l’Est qui ont créé des relations avec les acheteurs Indiens à travers la plateforme multi-acteurs du projet. Elle a déclaré, « Les réunions étaient une formidable opportunité de rencontrer des entreprises indiennes qu'il aurait autrement été plus difficiles d'approcher en raison de notre taille réduite. Depuis 2015, nous avons pu expédier plus de 1 000 tonnes de légumineuses à Tata [un conglomérat indien]. Nous espérons renforcer ces relations.»

Une autre femme entrepreneure, Rose Mutuku, PDG de Smart Logistics, une entreprise kényane, est en négociations avancées avec les acheteurs Indiens et prévoit de signer ses premiers contrats d'exportation de légumineuses du Kenya vers l’Inde en 2016.L'avenir Le projet SITA a pour objectif de soutenir les entreprises indiennes de taille moyenne dans la diversification de leur base de fournisseurs en incluant des entreprises d'Afrique de l'Est à l'horizon 2020. Dans le même temps, les producteurs de l’Afrique de l’Est auront réussi à pénétrer le marché indien de légumineuses qui jusqu'à présent est la chasse gardée des fournisseurs industriels, généralement des pays développés. D'autres objectifs sont l'amélioration de l'infrastructure d'approvisionnement et de la logistique d'ensemble en Afrique de l'Est, parallèlement aux investissements et au renforcement des capacités des entreprises indiennes qui apportent de la valeur ajoutée.

En ce qui concerne l’amélioration de la productivité, deux entreprises indiennes travaillent avec l'ITC pour concevoir et mettre en œuvre des interventions dont jusqu'à 20 000 agriculteurs en Éthiopie et Tanzanie seront les bénéficiaires. En 2016 - 2017, ces partenariats public-privé auxquels participent des entreprises, des groupes d’agriculteurs, des gouvernements et des institutions financières, devraient s'augmenter.

L'ITC travaille en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) pour mettre au point un projet pilote afin de tirer parti des campagnes de sensibilisation des agriculteurs organisées par le PAM dans le but de faciliter les relations économiques directes avec des acheteurs indiens. Ce projet, qui associerait des capitaux supplémentaires au renforcement des capacités des agriculteurs en vue d’améliorer la productivité, devrait profiter à au moins 100 000 agriculteurs d’ici 2020.