Discours

Économie numérique : Augmentation des opportunités commerciales pour les PME

19 janvier 2018
ITC Nouvelles
Discours de la Directrice exécutive de l’ITC Arancha González au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI)
Mardi 3 mai 2016 - CICG

Je vous remercie, Monsieur le Secrétaire général Houlin Zhao, de l’invitation à prendre la parole au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).

Dans le cadre du système des Nations Unies, le Centre du commerce international (ITC) est engagé pour l’initiative Unis dans l'action des Nations Unies. Nous sommes ici parce que nos organisations offrent une expertise et un renforcement des capacités en matière de TIC. Nous devons le faire au moyen d’une approche de « chaîne de valeur », en veillant à ce que tous les maillons de la chaîne soient pris en compte. En fait, c’est ainsi que fonctionnent les entreprises de nos jours. Nous devons nous assurer de la création des partenariats pour que tous les liens fonctionnent et qu’ils aient un plus grand impact.

À l’ITC, nous soutenons les petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement pour accroître leur compétitivité afin d’utiliser le commerce comme outil de croissance, de création d’emplois et de réduction de la pauvreté. Une composante importante et croissante de notre travail consiste à leur permettre d'améliorer leur compétitivité, à mieux tirer parti de l’économie numérique pour se connecter aux chaînes de valeur et à utiliser les TIC comme outil d’innovation.

Dans le cadre du SMSI, l’ITC facilite la Ligne d’action C7 (« E-Business ») conjointement avec ses partenaires CNUCED et UPU. La technologie constitue un facteur déterminant pour la croissance des PME. La taille, l’enclavement, le PIB national ou la distance des marchés peuvent être surmontés par l’innovation, l’intégration de la technologie dans les processus d’affaires ou le passage au numérique.

En tout état de cause, le commerce en ligne constitue une grande entreprise. Il représente également un changement majeur dans la manière dont est fait le commerce et offre un grand potentiel pour permettre d’atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies.

Les estimations montrent que la vente au détail en ligne représente 13 % des dépenses des consommateurs aux États-Unis et environ 10 % en Europe, et beaucoup plus dans certains pays comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Elles montrent également que les ventes entre les entreprises sont jusqu’à quinze fois plus élevées. Et c’est également le cas dans les pays en développement. Par exemple, le marché du commerce en ligne en Afrique devrait atteindre $50 milliards d’ici 2018, contre $8 milliards en 2013.

Pourtant, de nombreux pays en développement ne profitent pas pleinement de cette opportunité. Par exemple, les meilleures estimations placent la part actuelle des entreprises africaines dans ce commerce international en dessous de 2 %, une part qui pourrait être beaucoup plus élevée. Il faut davantage d’efforts pour permettre la réalisation des « dividendes numériques ».

À l’ITC, nous avons analysé les lacunes signalées par les PME et nous sommes passés de la sensibilisation à l’action en apportant un soutien et un accompagnement pour répondre à ces besoins.

Quels sont les défis auxquels sont confrontées les PME dans le cadre du commerce en ligne ?

Nous avons abordé certains de ces défis dans une étude récente intitulée « Commerce en ligne international en Afrique : la voie à suivre ». Ils vont des difficultés liées aux transactions bancaires internationales à l’exclusion des places de marché électroniques internationales, l’inexpérience en matière de taxes sur les ventes et de droits à l’importation, le déficit d’infrastructure, en passant par le manque de soutien institutionnel local et régional, pour ne citer que ceux-ci. Et ils ne sont pas spécifiques à l’Afrique. Nous savons qu’ils touchent également les PME du monde entier.

Les initiatives publiques et privées, le renforcement des capacités institutionnelles et des entreprises, les structures et technologies partagées, ainsi qu’un meilleur accès aux transports et à la logistique sont quelques-unes des actions et des politiques qui doivent être soutenues pour relever ces défis.

En travaillant individuellement, les PME sont désavantagées en ce qui concerne les coûts. Mais en les mettant ensemble, il est possible de surmonter ou de réduire un certain nombre d’obstacles. Nous avons observé des cas où cette démarche a été utilisé efficacement pour offrir de nouvelles opportunités aux fournisseurs. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la création de structures coopératives collectives et gérées collectivement comme fondement de la promotion du commerce en ligne.

Avec le soutien de l’ITC, plus de 400 PME marocaines ont collaboré avec une entreprise d’exportation appelée « Made in Morocco ». Nous avons conjugué notre soutien traditionnel visant à améliorer la compétitivité internationale des PME avec celle requise pour passer au commerce en ligne. Il en résulte une forte augmentation des exportations d’huile d’olive, de produits cosmétiques, de livres ou de musique et un triplement de son « taux de transformation » ou de la part des visiteurs du site web qui achètent des marchandises. Nous reproduisons cette initiative au Sénégal, en Éthiopie et au Rwanda et l’associons à un soutien aux PME en Tunisie et en Jordanie pour la vente dans des marchés virtuels.

Beaucoup d’entre vous ont eu la chance de rencontrer quelques-unes de ces PME dans une « E Commerce Souk » que nous avons organisée à Genève à la fin de l’année dernière et où les produits de ces coopératives étaient exposés avec leurs marchés virtuels. Compte tenu du succès de cette initiative, nous l’avons reproduite en février de cette année dans une coopérative de femmes syriennes désireuses de commercialiser les produits qu’elles avaient péniblement fabriqués dans un climat de conflit et de destruction. Nous le ferons à nouveau en juillet avec un nombre plus important de PME.

Dans notre travail, nous constatons que le commerce a le pouvoir d’autonomiser les femmes sur le plan économique : des femmes qui peuvent désormais obtenir de meilleurs prix en vendant en ligne à l’échelle internationale ; des femmes qui peuvent s’épanouir dans les TIC et fournir des services numériques ; et des femmes qui peuvent désormais être financièrement autonomes grâce à des solutions de paiement électronique. C’est pourquoi, à l’ITC, nous accordons une attention particulière aux micro, petites et moyennes entreprises détenues par des femmes et plaidons pour que des mesures positives soient prises pour veiller à ce que les femmes soient également intégrées dans l'économie numérique.

La vision de l’ITC est celle d’une organisation où les petites entreprises des pays en développement et des pays les moins avancés ont accès à des solutions de pointe, peuvent vendre leurs produits sur les marchés internationaux de manière transparente et efficace et peuvent conserver une part importante de la création de valeur internationale dans le pays d’origine.

Pour y parvenir, l’ITC travaille avec le secteur privé et pour le secteur privé. Nous travaillons en partenariat avec DHL, eBay et l’Alliance Coopérative Internationale. Nous aurons également l’occasion de faire avancer ce dialogue en mai à Pékin dans le cadre d’un événement que nous organiserons conjointement avec Alibaba. Mais nous savons que cela n’est pas suffisant. Il est temps que nous examinions également les règles commerciales et les politiques gouvernementales pour nous assurer qu’elles permettent à tous de tirer parti des avancées numériques.

C’est dans ce contexte que la CNUCED, l’ITC et d’autres organismes internationaux et partenaires du secteur privé se sont employés à lancer un appel à l’action sur le thème « Aide pour le commerce en ligne » : un appel à unir les efforts dans une mission visant à faciliter une plus grande participation au commerce en ligne.

Merci de votre attention et bonne chance pour le forum.
Puisse-t-il être utile au dialogue du SMSI.

Je vous remercie.