Récits

Dépasser les certifications normatives pour encourager le développement durable

13 octobre 2015
ITC Nouvelles
Forum du commerce pour le développement durable, 1er et 2 octobre 2015

Les normes sont un moyen de favoriser la durabilité. Toutefois, la certification seule n'est pas suffisante. Pour garantir des changements durables, tous les acteurs – inclus les entreprises, les gouvernements et la société civile – doivent trouver des moyens innovants pour mettre en œuvre les normes et communiquer cette information.

C'est en substance le message partagé par les experts qui participaient au Forum du commerce pour le développement durable (T4SD) 2015 du Centre du commerce international (ITC), organisé les 1er et 2 octobre à Genève, en parallèle au Forum public de l'Organisation mondiale du commerce.

En d'autres termes, le fait de rendre les normes plus visibles et compréhensibles pour tous ceux qui sont impliqués dans les chaînes d'approvisionnement – en s'engageant auprès des petits exploitants, en travaillant avec les gouvernements ou en utilisant les nouvelles technologies – va permettre de garantir que les normes en matière de durabilité demeurent pertinentes.

Durant les sessions sur les nouvelles tendances et les défis du commerce durable, les nouvelles initiatives qui impliquent les petites et moyennes entreprises (PME), les solutions pour des chaînes d'approvisionnement durables et les principales aspirations politiques, les participants ont analysé le paysage actuel de la durabilité et cherché les moyens de rendre les chaînes d'approvisionnement plus durables.

Appuyer la durabilité au travers des PME

La promotion d'un développement durable exige des PME qu'elles se conforment aux normes internationales en matière de durabilité.

« La vie n'est pas toujours juste », explique M. Mika Vepsäläinen, Responsable de la Section accès aux marchés (Division de la coopération économique et du commerce), de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CENUE). « Les producteurs doivent se conformer aux normes internationales – et non nationales – pour espérer pénétrer les marchés internationaux. Et le coût de la mise en conformité doit être raisonnable. »

La mise en conformité n'est pas chose facile pour les petits exploitants et les PME. Selon M. Charles Arden-Clarke, Responsable du Secrétariat 10YFP, modes de vie durables, cités et industries, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), ces petits exploitants et les PME ont besoin d'une aide financière et d'une assistance technique pour obtenir la certification, puisque la plupart d'entre eux ne sont pas en mesure de parvenir à une économie d'échelle par leurs propres moyens.

Afin d'atteindre cet objectif – permettre aux PME de se conformer aux normes – il n'est pas suffisant de doter les organisations nationales et internationales d'informations et de compétences. Pour Mme Morag Webb, Conseillère politique au sein du Comité de liaison Europe-Afrique/Caraïbes/Pacifique (COLEACP), des partenariats doivent exister, ainsi qu'une communication étroite avec les fournisseurs de services locaux, les réseaux associatifs et les ressources techniques. C'est à cette condition que ces organes pourront transférer l'informations aux PME.

« L'innovation dépend donc de la manière dont nous mettons en œuvre les normes en matière de durabilité, ce n'est pas lié aux normes elles-mêmes. », précise M. Mathieu Lamolle, Coordinateur de la base de données normatives, l’outil Standards Map de l'ITC.

Appuyer les producteurs par le biais de politiques

Pour les intervenants, les gouvernements ont un rôle majeur à jouer pour orienter le débat public afin de faire de la production durable la norme et non une exception. Les cadres politiques peuvent aider les exploitants agricoles et les exportateurs à augmenter leur niveau de capacité et de performance commerciale.

Selon Mme Silvia Formentini, Coordinatrice de l'équipe pour le développement du commerce et de la durabilité, Direction générale du commerce de la Commission européenne, les normes privées en matière de durabilité doivent être considérées de manière holistique, en intégrant le contexte des politiques commerciales. « Les accords de commerce extérieur peuvent constituer des outils puissants pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises et les normes privées en matière de durabilité. »

M. Hendrik Schmitz Guinote, Conseiller en politiques de développement, Mission permanente de la République fédérale d'Allemagne auprès du Bureau des Nations Unies à Genève, indique que le Gouvernement allemand prend des mesures pour garantir que les consommateurs soient informés des normes sociétales et environnementales.

Les gouvernements devraient collaborer plus étroitement avec le secteur privé afin d'appuyer le développement, l'application et la promotion des normes en matière de durabilité. Les intervenants ont insisté sur le fait que la participation de tous les acteurs – des producteurs aux consommateurs, et des responsables politiques aux organes de certification – était nécessaire pour construire des chaînes d'approvisionnement plus durables. Pour faciliter ce point, un « langage commun » sur les normes devrait être formulé, explique M. Kristian Moeller, Secrétaire et Administrateur de GLOBALG.A.P.

Les Principes du commerce pour le développement durable sont conçus pour faciliter cette conversation. Ils jettent les bases d'une collaboration entre les organisations décidées à promulguer les valeurs qui soutiennent le commerce durable : durabilité, transparence, harmonisation, et alignement sur le programme de développement des Nations Unies.

Se servir des idées innovantes

Une nouvelle solution conçue pour promouvoir la transparence des chaînes d'approvisionnement est l'Initiative Blue Number, lancée par l'ITC, le Pacte mondial des Nations Unies, et Global Standards 1 (GS1), l'organisation mondiale à but non lucratif des normes des chaînes d'approvisionnement. Elle fournit aux exploitants agricoles et aux entreprises agroalimentaires du monde entier un numéro d'identification unique – un numéro bleu, ou Blue Number – qui permet de tracer leurs produits plus facilement. Ce réseau en ligne va permettre aux exploitants agricoles d'améliorer leur visibilité et de nouer des contacts avec des clients et fournisseurs potentiels.

M. Puvan J. Selvanathan, Chef du bureau de l'ITC auprès des Nations Unies à New York, conclut : « Nous devons aligner ce que les exploitants agricoles font déjà pour se conformer aux normes en matière de durabilité avec ce que les consommateurs attendent. L'Initiative Blue Number doit garantir la possibilité d'autonomisation au niveau national ainsi que dans les chaînes mondiales d'approvisionnement. »