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Blog : La crise du Covid-19 cause une perte de chiffre d’affaires pour la quasi-totalité des entreprises togolaises

16 juin 2020
ITC Nouvelles

La crise du Covid-19 endigue la dynamique croissante que connaît l'économie togolaise depuis 2008. Des scénarios prévoient une baisse du Produit Intérieur Brute (PIB) et une hausse du taux d'inflation si aucune mesure n'est prise.

Une enquête réalisée par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Togo (CCIT) met en évidence le degré de fragilité du secteur privé, laissant entrevoir la précarité de tous les acquis obtenus grâce aux réformes engagées dans le cadre du Plan National de Développement (2018-2022).

Baisse de chiffre d'affaires pour 93% des entreprises togolaises

Quoique les impacts varient selon le secteur, la baisse des ventes ressort comme la plus grande difficulté à laquelle font face les entreprises togolaises. Ces résultats sont en ligne avec ceux de l'enquête menée par l'ITC en Afrique et dans toutes les régions du monde. De janvier à février 2020, alors qu'aucun cas de covid-19 n'avait été détecté dans le pays, près de 54% des entreprises recensées avaient connu une baisse de leur chiffre d'affaires, résultat de la baisse des transactions commerciales entre les entreprises locales et les pays touchés. Ces proportions ont quasiment doublé entre Février et Mars 2020 où 93% des entreprises interrogées ont enregistré une baisse de chiffre d'affaires.

 

 

Note: La figure décrit les réponses des entreprises aux questions suivantes : "De Janvier à Février 2020, votre chiffre d'affaires total était-il en hausse, stable, en baisse?" puis "De Février à Mars 2020, votre chiffre d'affaires total était-il en hausse, stable, en baisse?".

Source: Enquête menée par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Togo du 27 Mars au 28 Avril 2020 sur les effets du Covid-19 sur les activités des entreprises Togolaises.

 

Une analyse détaillée montre que 62% des entreprises interrogées ont enregistré une baisse de plus de 50% de leur chiffre d'affaires. Le secteur des services, représentant plus de 49% du PIB, est davantage fragilisé. Environ 68% des entreprises du secteur ont encaissé des pertes de plus 50% de leur chiffre d'affaires. La pandémie se propageant, les mesures barrières prises par le gouvernement ont contraint ces dernières à réduire leurs activités et supporter des coûts supplémentaires liés à l'adoption des mesures de prévention et de sensibilisation. Le sous-secteur de l'hébergement et de la restauration, faisant en outre face aux effets du couvre-feu décrété le 1er avril 2020 et à la fermeture immédiate des frontières aériennes et terrestres ayant entraîné la désertion des hôtels et restaurants principalement fréquentés par des touristes, est assurément le plus touché. Une entreprise sur deux y a enregistré une baisse de plus de 75% de son chiffre d'affaires. Une extension de la pandémie pourrait entraîner une précarité de l'emploi dans le secteur. Les sous-secteurs de la santé, du transport, de l'éducation et de l'import-export ont également connu de réelles perturbations.

Les entreprises se mobilisentpour faire face à la crise

Diverses stratégies ont été adoptées par les entreprises pour y faire face, telles que le travail à temps partiel (53,8%), la fermeture temporaire (24,6%), la mise au chômage de tous ou une partie de leurs employés (21,3%), la baisse de la production (13,3%), le licenciement (5,2%) et 2,7% ont simplement changé d'activité. Le gouvernement a en outre prêté main forte aux couches les plus vulnérables en débloquant notamment 2 milliards de FCFA  pour les actions urgentes, en créant un Fonds National et de Solidarité économique de 400 milliards FCFA et en mettant en place un système de transferts monétaires à l'endroit des personnes les plus affectées (vulnérables) par la crise (le programme Novissi), la gratuité pour une période de trois mois de l'eau et l'électricité pour les tranches sociales les plus vulnérables, ou encore la réduction des frais de branchements pour l'eau de 75 000 à 25 000 FCFA. Une majorité d'entreprises jugent ces mesures pertinentes. Les opérateurs souhaiteraient néanmoins que l'Etat agisse en faveur des jeunes entreprises surtout par rapport à l'accès aux marchés publics.

En l'état actuel de la pandémie, plus de la moitié des entreprises pensent pouvoir redémarrer leurs activités, notamment celles actives dans l'industrie, mines, bâtiment et travaux publics, les services et l'agriculture. Si la pandémie dure plus de trois mois, plus de 92% des entreprises interrogées pensent ne pas pouvoir rembourser leurs prêts et 84% des entreprises estiment ne pas pouvoir payer leurs salariés. Cela reflète la situation des entreprises d'autant plus qu'une majorité indique l'accès au financement comme le plus grand défi auquel elles sont confrontées.

Suggestions de la CCIT pour surmonter la crise

Afin d'aider au mieux les entreprises à surmonter cette crise, La CCIT, dans son rôle de représentation et d'intermédiaire, suggère un report sans frais des remboursements de prêts, la subvention des mesures de protection des employés et des clients contre la pandémie, la promotion de la consommation locale, une garantie d'accès au financement pour les petites entreprises, l'octroi des subventions et de prêts concessionnels, des lignes de crédit spéciales sous forme de prêts et allégements fiscaux pour les grandes entreprises, une exonération temporaire du paiement de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et l' impôts sur les sociétés (IS) pour les PME, des mesures fiscales pour les sous-secteurs qui éprouvent d'énormes difficultés. La CCIT encourage également les partenaires du secteur privé à différer le paiement des loyers sur une période de 3 mois au moins.