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Amélioration de la compétitivité de la mangue Sénégalaise (en)

1 diciembre 2014
ITC Noticias
Discours deliveré par la Directrice Executive de l'ITC Arancha González

01 Décembre 2014, Dakar Sénégal

 

Son Excellence, Monsieur le Ministre du Commerce, de la Consommation, de la Promotion des Produits Locaux et des PME (Alioune Sarr)

Monsieur Malick Diop, Directeur général de l’ASEPEX

Mesdames et Messieurs,

C’est un honneur pour moi d’être parmi vous. Notre présence à tous à l’occasion de la Journée Nationale de la mangue confirme l’opportunité du choix du Sénégal de lancer, grâce au Cadre intégré renforcé, le programme d’Amélioration de la compétitivité de la mangue sénégalaise. Ce programme s’inscrit dans une stratégie de développement réfléchie et ambitieuse pour les années à venir et confirme également la pertinence du Cadre intégré comme réponse d’assistance technique au commerce adaptée aux besoins des PMAs.

Le Sénégal est non seulement un pays ami, il est aussi un pays stratégique à la fois pour la région et pour l’ITC. En effet, c’est un pays avec lequel nous travaillons depuis de nombreuses années et avec lequel nous comptons accentuer notre coopération en vue de renforcer ses capacités productives et commerciales. De ce fait, il pourra encore mieux servir de tremplin pour l’Afrique de l’ouest.

Via le programme du Cadre intégré renforcé (CIR), l’ITC accompagne le Sénégal pour mettre à niveau les capacités productives et commerciales de ce produit que nous aimons tant manger : la mangue. Mais notre approche, comme celle du Ministère du commerce et de l’ASEPEX va bien au-delà du soutien d’une filière à fort potentiel d’exportation. Il vise également à moderniser les infrastructures d’information au commerce et à participer à la politique commerciale du gouvernement au Plan Sénégal émergent.

Ce projet le Sénégal et l’ITC, nous y tenons particulièrement. Au-delà de la qualité excellente de la mangue sénégalaise, celle-ci connaît une saison d’exportation plus longue que ses voisins avec une situation géographique optimale vers son principal marché - 6 heures d’avion à peine et 6 jours de bateau de l’UE. Mais aussi vers les marchés des Amériques et le reste de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient qui sont en forte croissance.


Le marché de la mangue croît en moyenne depuis 2008 de 8% par an mais si la demande est là les exigences internationales sont nombreuses : la question des certifications, les coûteuses analyses des résidus de pesticides, les requêtes de traçabilité intégrale, et bien sûr les contraintes réglementaires pour pénétrer les différents marchés d’exportation.

Il y a deux manières de voir ces exigences, toutes deux sont correctes et toutes deux ont besoin d’une mise en œuvre adéquate.

La première manière de voir les choses est de s’intéresser aux mesures non-tarifaires qui sont souvent opposées aux exportateurs sénégalais. Ces mesures sont parfois plus exigeantes pour un exportateur africain que pour un exportateur européen ou bien du pourtour de la Méditerranée. Il y a en effet beaucoup à faire pour réduire ces barrières réglementaires, il s’agit souvent de procédures, qui sont parfois procédurières. L’ITC travaille énormément sur ce sujet à la fois pour identifier ces mesures, les simplifier ou les éliminer quand cela est possible.


Ce travail de facilitation des échanges se mène avec les partenaires du Sénégal mais se mène aussi à l’intérieur du Sénégal pour une meilleure coordination interne entre les services liés à l’exportation et un meilleur dialogue avec le secteur privé et les PME en particulier. C’est la seule manière de parler d’une voix unique sur ce qu’il importe de faciliter, ce qu’il importe de changer et ce qu’il faut négocier avec vos partenaires internationaux.

La deuxième manière de voir les choses ce sont toutes les opportunités que ces exigences sous-tendent. Si vous voulez profiter davantage des opportunités du commerce international, il faut que les produits sénégalais soient dotés de plus de valeur ajoutée. Plus de valeur ajoutée pour la mangue sénégalaise, comme pour d’autres produits, cela veut dire quoi ? Cela veut dire trois choses : mieux transformer la mangue, diversifier ses marchés à l’export, et mieux segmenter les produits de la mangue là où les marchés de niches se trouvent. En trois mots, transformation, diversification, et différenciation de la mangue sénégalaise pour adapter le produit aux besoins du consommateur final.

Nous ne partons pas de zéro et je suis heureuse de constater les résultats déjà fournis lors de précédents partenariats comme celui du projet d’appui à la filière mangue financé par les Pays Bas, exécuté entre 2009-2013 par l’ASEPEX, la Coopérative Fédérative des Acteurs de l’horticulture au Sénégal (CFAHS) et le Ministère du Commerce du Sénégal avec notre soutien technique.

La saison 2014 s’annonce bonne pour les exportateurs sénégalais aussi ne retiendrai-je qu’un chiffre comme résultat : avec près de 15 000 tonnes exportées le Sénégal occupe désormais la deuxième place parmi les pays ouest-Africains. Néanmoins il y a encore beaucoup plus à faire. à confirmer et à innover et c’est de cela dont il s’agit avec le programme que nous lançons aujourd’hui.

Laissez-moi illustrer mon propos de quelques exemples :
◆ Une mangue expédiée par avion pour le marché haut de gamme des consommateurs à la recherche de fraîcheur se vend 5 à 10 fois plus que celle transportée par bateau.
◆ Le marché de la "mangue bio" pour satisfaire les consommateurs soucieux de leur santé et de l’environnement croit deux à trois fois plus vite en Europe, mais aussi en Amérique du Nord et de nouveaux marchés apparaissent en Asie.
◆ Une mangue d’un degré de maturité inférieur et d’une variété plus charnue est parfaite pour la transformation en salades de fruits en conserve, en jus, en confiture ou en purée – le Maghreb est le premier consommateur de purée de mangues. Et je pourrais continuer sur la mangue séchée, en sirop, en petite boîte plastique pour restauration rapide ou encore pour biocarburant puisque le Sénégal innove à ce sujet.

Les initiatives passées ont permis de s’intéresser aux débouchés de marchés, aux systèmes d’informations commerciales, aux réformes sur les entreprises et les coopératives, aux exigences de qualité et de certification, et je suis contente de travailler avec Messieurs Sarr et Diop pour passer un autre niveau de valorisation et de commercialisation de la mangue sénégalaise.

Je dis souvent que nous devons "faire plus", mais surtout de "faire mieux". A cet effet, le projet-cadre présente une forte dimension de mise en réseau et de connexion des petites et moyennes entreprises (PME) sénégalaises avec les chaînes de valeur à l’export qui permettent d’accroître leur compétitivité.

Pourquoi les PME ? Parce que si l’on veut que des résultats positifs d’exportations puissent avoir des retombées favorables pour les femmes, les jeunes et les forces vives du pays, il faut trouver le meilleur vecteur de création d’emploi et de croissance. A cet effet, je suis convaincue que les PME ont un rôle indispensable à jouer pour la création d’emplois et la réduction de la pauvreté. Le cas de la mangue en est une très bonne illustration.

L’essentiel des exportations sénégalaises de mangues proviennent de la zone des Niayes alors que la région naturelle de la Casamance, le plus grand bassin de production de mangues (55%), mais aussi les autres régions ne contribuent seulement qu’à hauteur de 5% des exportations. Il y a là de nouvelles opportunités de mise en réseau et le projet accroîtra la contribution de la filière mangue à la création d’emplois, au renforcement du rôle économique des femmes (qui représente plus de 80% des travailleurs et récolteurs de mangues) et à la réduction de la pauvreté au Sénégal.

L’IMPACT ne doit pas seulement être un mot. Il doit être une réalité. Une FINALITE…C’est la recherche d’un IMPACT en termes de réduction de la pauvreté auprès de populations vulnérables qui devrait animer l’assistance technique liée au commerce et plus généralement l’Aide pour le commerce.

Comme vous l’avez compris je suis une femme du concret et dans cette semaine du Sommet et du Forum économique de la Francophonie auxquels j’ai participé, je voudrais vous quitter avec deux chiffres en relation avec le thème de cette semaine de la Francophonie : «Femmes et jeunes, vecteurs de paix et acteurs du développement » :

Mon premier chiffre est celui lié à l’importance du rôle économique et social des femmes car les deux sont liés. Une étude de la Banque mondiale montre que jusqu’à 90% des revenus générés par les femmes sont réinvestis dans l’éducation, la santé et le bien être de leur famille et de leur communauté contre 40% pour les hommes.

Mon deuxième chiffre concerne les jeunes. D’ici 2030 l’Afrique aura besoin de créer plus de 300 millions de nouveaux emplois pour profiter véritablement des dividendes démographiques du continent. Pour cela il faudra de la croissance et de l'entrepreneuriat. Encore une fois des PME saines et en bonne santé : elles sont le creuset de 90% des emplois d’aujourd’hui et la source des emplois de demain.

Si je suis une femme de chiffres, je suis aussi une femme de poésie, très portée sur la francophonie bien sûr. Alors comment conclure sans faire référence au projet de la mangue sénégalaise et au poète national Léopold Sédar Senghor, qui aimait parler du « sens de la terre » et reprendre ce proverbe africain qui dit que « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». C’est notre responsabilité et je suis fière de travailler sur ce projet-cadre avec les autorités sénégalaises.

Merci de votre attention