
Des Bijoux Jordaniens Font Leur Entrée Au Louvre
Les vitrines étincelantes de la boutique-souvenir du Musée du Louvre à Paris représentent un débouché totalement nouveau pour la créatrice de bijoux jordanienne Nadia Dajani. Ses pièces uniques en argent sterling et pierres précieuses naturelles sont vendues dans un lieu prestigieux grâce au concours d’EnACT, un programme de l’ITC.
“Au Louvre nos produits bénéficient d’une exposition à très grande échelle, dont nous espérons qu’elle suscitera l’intérêt d’autres établissements pour notre marque,” a déclaré Mme Dajani. “Nous espérons qu’une porte s’ouvrira pour nous permettre de travailler davantage sur le marché international.”
EnACT, financé en grande partie par l’ACDI, est présent dans cinq pays : Algérie, Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie. Le programme a aidé Mme Dajani à adapter ses produits aux goûts européens et à jeter les bases de la création d’une marque commercialisable sur les marchés internationaux.
En Jordanie, EnACT œuvre depuis 2010 pour créer des débouchés économiques durables pour les PME en leur donnant accès aux marchés internationaux. Une étude commandée par l’ITC cette année-là avait montré que l’artisanat traditionnel jordanien avait besoin d’innovation : le recours aux modèles et formes traditionnels limitait la gamme de produits et le prix de nombreux produits n’était pas compétitif en comparaison d’articles similaires fabriqués en Asie.
En septembre 2011, Nadia Dajani Jewellery était une des trois sociétés d’artisanat jordaniennes – avec Silsal Ceramics et Jordan River Foundation – présentée par EnACT au marché français à l’occasion du salon international de l’artisanat, Maison & Objet, à Paris. Une réunion avec le département des achats du Musée du Louvre fut ensuite organisée.
“Nous l’avons sélectionnée car nous pensions que son produit, moyennant quelques ajustements, pourrait correspondre aux goûts des acheteurs européens,” a déclaré Torek Farhadi, Coordonateur régional du programme EnACT. “Vendre à l’étranger exige d’avoir des contacts, de pouvoir commercialiser, de connaître les clients et de créer une marque. Si vous voyez quelque chose au Musée du Louvre, c’est qu’une marque est née.”
La réunion a permis à la société de Mme Dajani de pénétrer le marché français, lequel est considéré comme la clé de l’Europe. “L’entrée de nos produits au Louvre vient consacrer leur design et leur qualité,” a déclaré Mme Dajani qui vend aussi ses produits dans un magasin phare de l’hôtel Intercontinental à Amman. “Elle confirme la capacité de notre entreprise de traiter les commandes, de respecter les exigences et de livrer comme le souhaitent les grands établissements.”
Le département des achats du Louvre, dont le budget annuel s’élève à €70 millions, achète des produits pour les boutiques du musée à proprement parler, de même qu’il approvisionne les boutiques de souvenirs de 40 autres musées gérés par l’État.
À partir des résultats de l’étude menée en 2010, EnACT a commencé à organiser des ateliers de renforcement des capacités en arabe en dehors d’Amman pour atteindre les artisans des régions reculées. Ces ateliers couvrent des sujets tels que la conception des produits, l’innovation et la qualité, l’emballage, la compétitivité en matière de prix, le rapport coût-efficacité dans les achats, les tactiques de négociation et la satisfaction des exigences des acheteurs.
Le programme met tout particulièrement l’accent sur l’amélioration de la participation des femmes et des jeunes aux activités liées à l’exportation. Les produits de l’artisanat sont essentiellement fabriqués par ces groupes appartenant à des coopératives rurales disséminées dans tout le pays et les ateliers de formation leur permettent d’acquérir les compétences qui leur permettront d’améliorer la compétitivité de leurs produits à l’étranger.
Grâce à la commande du Louvre décrochée grâce à EnACT, Nadia Dajani a décidé d’investir dans une formation bijouterie de trois mois pour un groupe de 28 femmes défavorisées et vivant en dehors d’Amman.
“Plus nous donnons de travail aux femmes, plus leur niveau de vie s’améliore,” a indiqué Mme Dajani. “Elles ont gagné en confiance. Elles pensent à leur avenir, elles se demandent ce que leurs filles pourraient faire.”
“Nadia Dajani forme des femmes pour le secteur privé – elle le fait pour gagner de l’argent, pas par charité,” affirme M. Farhadi. “Elle crée des emplois durables pour ses employés car elles leur permet de devenir des professionnels.”
Et M. Farhadi d’ajouter : “Le gouvernement nous a demandé de soutenir le secteur de l’artisanat car il crée des emplois beaucoup plus facilement que l’industrie chimique, par exemple.” “Des emplois sont créés non seulement grâce à la vente des produits à l’étranger, mais indirectement aussi car ils promeuvent le tourisme.”
Le projet de développement de l’artisanat d’EnACT bénéficie du soutien du Ministère du commerce et de l’industrie de la Jordanie. Le gouvernement a lancé une Stratégie nationale pour l’artisanat touristique 2010–2015, laquelle vise à préserver le patrimoine culturel jordanien, à créer des débouchés pour les producteurs locaux et à accroître l’attrait touristique du pays.
“Ces changements auront un effet durable,” a conclu le Coordonateur régional du programme de l’ITC. “Il s’agit là de vraies réussites, lorsque les femmes et les jeunes trouvent du travail, car nombreux sont les jeunes qui aspirent à faire de même. Ils suivent l’exemple de pionniers tels que Nadia Dajani qui, avec l’aide d’EnACT, a donné aux jeunes l’envie de lui emboîter le pas.”