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Sécurité alimentaire, agriculture et développement du commerce

27 septembre 2011
ITC Nouvelles

La Somalie traverse l’une des pires crises alimentaires que le monde ait connue depuis 60 ans. C’est donc sur fond de catastrophe humanitaire d’envergure et menaçante que s’inscrit le présent numéro du Forum du commerce international consacré à la sécurité alimentaire, à l’agriculture et au développement du commerce.

Le commerce est au cœur même du débat sur l’alimentation. Le lien entre la production de denrées alimentaires et leur distribution aux consommateurs est la pierre angulaire d’une société saine et sûre. Par le biais de l’Aide pour le commerce, il nous incombe de renforcer les capacités, non seulement productives mais aussi tout au long de la chaîne de valeur. Les situations d’urgence, telle celle que connaît la Corne de l’Afrique, reflètent précisément cet état de fait, la logistique étant alors la solution du problème.

Il importe également de noter que les pays en développement (PED) sont les plus gros fournisseurs d’aide alimentaire en situation d’urgence. Le Programme alimentaire mondial affirme que 80% de son aide alimentaire provient de PED situés aussi près que possible des zones de crise. Ainsi, tout ce que nous pourrons faire pour maximiser la productivité et l’efficience de la production alimentaire ainsi que la distribution dans ces pays aura une incidence de taille sur la situation humanitaire des régions visées.

Garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle d’une population mondiale qui devrait vraisemblablement passer de 7 à 9 milliards de personnes d’ici 2050 est une question de plus en plus importante sur la scène internationale. Relever les nombreux défis liés notamment au changement climatique, à l’utilisation des ressources en eau et foncières, à la croissance démographique, à la sécurité énergétique, aux migrations et à l’urbanisation exigera non seulement de l’innovation technologique mais aussi l’adoption de mesures de politique générale et des investissements de taille.

Lors du Troisième Examen global de l’Aide pour le commerce organisé par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en juillet 2011, le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon s’était exprimé à propos de la crise alimentaire déclarant qu’il nous fallait pleinement exploiter le potentiel de l’aide pour le commerce afin d’avancer sur la voie de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Le Directeur général de l’OMC Pascal Lamy avait également insisté sur ce point, ajoutant que ‘Nous pouvons faire mieux en expliquant pourquoi l’Aide pour le commerce peut contribuer à la réalisation d’objectifs plus généraux comme la réduction de la pauvreté, la protection sociale, la sécurité alimentaire, l’autonomisation des femmes, l’adaptation au changement climatique, la production d’énergie et le développement durable.’ 

Relever les défis de la sécurité alimentaire passe par l’instauration de la confiance et l’amélioration de la qualité par le biais de chaînes d’approvisionnement robustes et efficaces. Il est indispensable d’organiser les petits et micro-producteurs informels ainsi que les chaînes d’approvisionnement de manière à garantir une distribution adéquate. La solution du problème ne passe pas uniquement par la production agricole mais par l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Les nombreuses questions liées à la sécurité alimentaire, complexes et interdépendantes, exigent une réflexion collective sur la question de savoir où doivent se concentrer les investissements en infrastructures pour favoriser la production. Nous devons aussi nous demander comment les systèmes qualité peuvent être utilisés pour favoriser la production, la récolte et la distribution au juste prix. L’augmentation de la production n’est qu’une donnée de l’équation. L’accent doit également être mis sur l’amélioration de la qualité du produit, les procédés de transformation, le financement, de même que sur l’efficacité et la transparence des processus d’achat et de vente des produits. En d’autres termes, sur le commerce.

Dans le présent numéro, nous nous penchons sur différentes questions de sécurité alimentaire au travers des contributions d’experts et d’organisations de premier plan, y compris de l’OMC, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, du Fonds international de développement agricole, du Centre international pour le commerce et le développement durable et de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. Les experts de l’ITC nous ont fait part de leurs précieuses observations, et des entrepreneurs du secteur agricole en Afrique ont partagé avec nous le secret de leur réussite.

En dépit des difficultés restant à surmonter, pour autant que les politiques adéquates soient mises en œuvre, la sécurité alimentaire repose sur l’innovation et la capacité d’adaptation, sur des systèmes de production et de distribution solides. Il nous faut absolument reconnaître le rôle vital des producteurs et des entreprises dans les PED ainsi que leur contribution à l’approvisionnement mondial en général.

Pour ce faire, les programmes de travail de l’ITC resteront axés sur le renforcement des capacités des entreprises des secteurs de la production agricole et de la distribution de denrées alimentaires des économies en développement. Nous n’aurons de cesse de recenser et de diffuser les exemples de réussite dans ce domaine, tout comme dans le présent numéro du Forum du commerce international.