14 décembre 2022
Evelyn Seltier, Centre du commerce international

Gagner sa vie dans les industries créatives est un sacré défi. C'est d'autant plus vrai dans les pays en développement, où les beaux-arts ne sont pas vraiment valorisés et reconnus comme une profession stable et génératrice de revenus. C'est ce que Musa Sarr espère changer en Gambie.

Musa Sarr est jeune et ambitieux, et il sait ce qu'il veut : devenir un artiste renommé !

Ce Gambien de 21 ans a su faire bon usage de ses talents dès son plus jeune âge. Au cours de ses premières années d'école, il a obtenu quelques petits emplois en réalisant des dessins au crayon. Ces derniers temps, il a gagné des sommes plus importantes grâce à une peinture murale et des peintures abstraites pour des aimants de réfrigérateur.

Toutefois, malgré tout son talent, il n'a jamais pensé pouvoir faire de l'art un métier sérieux.

En Gambie, un pays parmi les moins avancés, la scène artistique est difficile : il n'y a pas d'écoles d'art, peu de galeries d'exposition et seule une institution nationale pour les arts et la culture a vu le jour. Une plateforme reconnue où les artistes pourraient exposer et commercialiser leurs œuvres fait cruellement défaut.

C'est pourquoi Musa a décidé de suivre une formation de charpentier et de soudeur. Mais il s'est très vite rendu compte que cela ne lui plaisait pas assez pour en faire son métier.

L'art est ma passion. Quand je peins, je me sens vivant.
Do not show

L'art : une profession d'avenir ?

Dans la famille de Musa, les beaux-arts sont omniprésents : de ses grands-parents à ses oncles, tous sont des artistes. Ce sont eux qui ont enseigné à Musa ses premières techniques de peinture.

« Mon père m'a dit un jour : 'Musa, tu as du talent. Je pense que tu pourrais en tirer des revenus ! Il m'a alors acheté du matériel, et j'ai pu commencer à peindre sur des toiles et à présenter mes œuvres sur le marché de l'artisanat. »

Avec la pandémie de COVID-19 qui paralyse le tourisme gambien, impactant des milliers de personnes dans les industries créatives, mener une carrière d'artiste semblait hors de question, même pour un jeune talentueux comme Musa.

Cependant, le fait d'avoir le soutien de sa famille a permis au jeune artiste de surmonter les obstacles auxquels tant de jeunes sont confrontés lorsqu'ils se lancent dans ce type de parcours professionnel.

Musa Sarr Gambia
Musa Sarr Gambia

Bien que Musa ait décidé de se concentrer uniquement sur ses œuvres d'art, sa formation en menuiserie et en soudure lui a tout de même servi – il intègre dans certaines de ses œuvres différents matériaux tels que le bois et le métal.

En raison de sa nature perfectionniste, il persiste à travailler constamment et uniquement sur des portraits, des peintures murales et des lettrages de graffitis. Mais l'argent est rare.

« Une fois que vous annoncez le prix, il n'y a plus personne. »

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14 décembre 2022
Musa Sarr Gambie

Une opportunité inattendue apporte visibilité – et inspiration !

La chance de Musa a tourné lorsqu'un membre du Centre du commerce international a repéré son travail sur le marché de l'artisanat. Dans le cadre du programme d'autonomisation des jeunes de l'organisation, un projet visait à remettre à neuf tous les centres de jeunes du pays. Musa a été engagé pour peindre les murs du centre de jeunes de Janjangbureh.

Ce travail lui a valu une attention nationale et a finalement aidé Musa à être davantage sollicité pour des contrats. Le réseau social Instagram a également joué un rôle essentiel dans sa visibilité accrue. Il y apparaît sous son nouveau pseudonyme, MuArt.

Cette belle histoire ne s'arrête pas là : son succès l'a amené à former d'autres jeunes artistes, qu'il encourage à se développer en sortant de leur zone de confort.

Musa Sarr Gambia

« Je me sens tellement fier de pouvoir inspirer les jeunes qui m'entourent. J'ai cinq apprentis et j'essaie de les aider à trouver leur voie. Certains d'entre eux pensent que ce que je fais est difficile. J'essaie de leur donner le courage de développer leurs compétences et leur confiance en eux. »

Pour Musa, le secret de la réussite tient à l'attitude : si vous avez du talent, que vous restez concentré, que vous travaillez dur, alors vous ne pouvez que vous améliorer, jour après jour.

« Le marché est encore difficile en Gambie. Mais je crois qu'une fois que j'aurai un studio et une galerie avec mon nom dessus, je pourrai réussir. »

 

Musa Sarr a fait partie du projet d'autonomisation des jeunes mené par le Centre du commerce international (2017-2022). Ce projet vise à appuyer l'emploi et l'entrepreneuriat des jeunes dans le pays, afin de s'attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière. Il est financé par l'Union européenne dans le cadre du Fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique.