Discours

Discours de la Directrice exécutive de l’ITC lors du SMSI 2017

15 décembre 2017
ITC Nouvelles
SMSI 2017 - Discours de la Directrice exécutive lors de la Cérémonie d’ouverture
Genève - Mardi, 13 juin 2017

Monsieur le Secrétaire général Houlin Zhao,
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie de m’avoir invitée à prendre la parole devant vous au nom du Centre du commerce international, l’agence conjointe de l’Organisation mondiale du commerce et des Nations Unies axée sur le soutien de l’internationalisation des micros, petites et moyennes entreprises (MPME).

La semaine dernière, lors des Journées européennes du développement, l’ITC a eu l’honneur de réunir à Bruxelles trois délégations de jeunes entrepreneurs en provenance du Rwanda, du Maroc et du Sénégal, qui ont bénéficié de notre assistance pour la vente de leurs produits et services en ligne.

Selon eux l’internationalisation se définit comme une meilleure utilisation des technologies numériques pour acheminer leurs biens et services vers des vastes marchés ; il s’agit de se servir de l'innovation numérique pour avancer ; il s’agit de connecter les non connectés.

Commençons par Anna, de Let’s Sequoia, une jeune entreprise rwandaise qui vend les capsules de café biodégradables en ligne ; la beauté des capsules ne réside pas seulement dans le fait qu’elles sont compatibles Nespresso, mais également parce qu’elles sont un moyen pour les coopératives de centaines de femmes petites productrices de café de tirer le meilleur profit de leur café Arabica.

Présentons également Oumar, un jeune entrepreneur sénégalais qui a créé une société de logistique à Dakar chargée de gérer la distribution des produits commercialisés en ligne. Selon lui, le commerce en ligne renvoie à de nouvelles activités dans le secteur des services.

Nous avons également Zineb, un jeune marocain qui vend de l’huile d’argan et des produits cosmétiques, assurant ainsi des revenus à des centaines d’agriculteurs dans la région occidentale du Maroc. Chaque fois qu’elle vend ses produits, les agriculteurs tirent des revenus décents de leur travail.

Le commerce en ligne, qui représente actuellement plus de 12 % du commerce international, joue le rôle de vecteur de la croissance et de la réduction de la pauvreté. L’Objectif mondial numéro 17 de l’ONU à savoir le commerce en tant que moyen et non comme une fin, combiné à l’Objectif 9 portant sur l'accès à Internet peut concourir à l'élimination de l'extrême pauvreté d’ici 2030.

Mais tout ceci ne peut pas se produire de manière automatique. Nous devons déployer des efforts concertés pour tirer parti des infrastructures, des politiques et de l'appui concret sur le terrain.

4 milliards de personnes dans les pays en développement demeurent toujours hors réseau. Et moins de 10 % dans les PMA utilisent Internet. Nous devons accélérer les interventions pour combler ce fossé.

Nous avons également besoin des choix politiques judicieux. Et pour cela, les partenariats sont la solution. Je me réjouis de ce que l’ITC est un membre fondateur de l’initiative « commerce en ligne pour tous » de la CNUCED qui se déploie efficacement pour assister les pays dans la formulation des politiques de soutien au commerce en ligne. Je me réjouis également à l’idée que l’ITC collabore avec l’Organisation internationale du travail sur l’Initiative mondiale pour l’emploi décent des jeunes pour faire entrer l'entrepreneuriat dans le secteur numérique afin la générer des possibilités d’emploi pour les jeunes.

Toutefois, nous devons également régler les problèmes de connectivité au niveau des entreprises. Une enquête menée par l’ITC auprès de milliers d’entreprises à travers le monde montre que les petites entreprises sont 10 fois moins susceptibles d’utiliser les e-mails pour communiquer avec les acheteurs et les fournisseurs que les grandes entreprises ; et sont 8 fois moins susceptibles d’avoir un site Web d’entreprise que les grandes entreprises. Et dans les pays en développement, elles sont largement absentes des réseaux de commerce en ligne.

Cette absence pose problème d'autant que les PME génèrent plus de 50 % du PIB mondial et la majorité des emplois, et sont déterminantes pour la croissance tirée par l'entrepreneuriat. Le commerce en ligne croît de plus en plus dans les marchés intérieurs de nombreux pays en développement mais, jusqu’à présent, aux dépens des PME et de la production locale. Le manque de promotion de l’accès au commerce en ligne des petites entreprises les fait écarter graduellement par les grandes entreprises, et souvent des plateformes étrangères. Il est important de créer une culture locale du commerce en ligne et d’intégrer ces PME locales dans le canal du commerce en ligne.

Nous devons également combler l’écart entre les sexes en matière de connectivité : les entreprises appartenant et dirigées par des femmes sont beaucoup moins susceptibles de participer au commerce en ligne. Elles sont 12 % moins susceptibles d’utiliser les e-mails par rapport aux entreprises dirigées par des hommes ; ces e-mails étant un important indicateur de l’utilisation d’Internet. Dans le cadre de l’initiative SheTrades de l’ITC, nous sommes déterminés à collaborer avec nos partenaires nationaux pour connecter un million de femmes chefs d'entreprises au marché d’ici 2020, notamment en favorisant l’utilisation des technologies numériques et de l'application « SheTrades.com ». Nous sommes très en avance sur notre échéancier avec presque 800 000 femmes déjà connectées. La demande est bien là, et nous devons en tirer profit.

Revenons au point de départ. Nous avons d’abord écouté les PME présenter leurs besoins. Et sur cette base, nous avons développé une série d’outils le long de la chaîne de valeur pour éliminer les goulots d’étranglement : entrave à la présence sur les marchés numériques.

Dans tous les trois pays, nous avons participé au développement des plateformes locales de commerce en ligne « Made in » qui ont permis aux PME d’essayer directement leurs premiers échanges en ligne, sans intermédiaires. La solution passe par la création des catalogues en ligne, les paiements internationaux en ligne, des conseils en logistique et bien plus encore. Nous fournissons ces informations grâce au soutien de nos précieux partenaires du secteur privé, DHL, E-bay, Alibaba, etc. Plus important encore, ces interventions sont évolutives et peuvent être facilement reproduites.

Mon message est simple : n’oublions pas la dimension immatérielle de l’infrastructure du commerce en ligne.

Pour conclure, en décembre lors de la Conférence ministérielle de l’OMC à Buenos Aires, vos homologues ministres du Commerce auront l’occasion d’évoquer comment les politiques commerciales peuvent faciliter l'accès des PME sur les plateformes de commerce en ligne. Assurez-vous que ces décideurs entendent votre voix. Assurez-vous qu’ils participent à connecter les non connectés.

Je vous remercie pour votre attention.