Banque asiatique de développement: L'initiative énergie pour tous
Dans le cadre de son objectif 'Stratégie 2020' lié à la croissance inclusive, l’initiative Énergie pour tous de la Banque asiatique de développement promeut de nouvelles approches pour accroître l’accès des pauvres à l’énergie.
En Asie et dans le Pacifique, plus de 800 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Près de 1,8 milliard d’habitants utilisent la biomasse (bois, résidus de récolte et fumier notamment) pour la cuisson des aliments et le chauffage. Outre le fait que les pauvres sont désavantagés par le temps et les efforts consacrés à la collecte de biomasse, qui compromettent leur capacité à participer à des activités génératrices de revenus, cette dépendance a des effets néfastes persistants sur la santé.
La Banque asiatique de développement (BAsD) s’est attaquée au problème via l’initiative Énergie pour tous. Ces dernières années, elle a financé, avec divers gouvernements et des ONG, des programmes au Sri Lanka, au Viet Nam, aux Philippines et au Bhoutan en vue de fournir aux pauvres bien plus que de l’électricité.
En garantissant l’accès à l’énergie propre et de meilleurs moyens de subsistance via l’éducation, la santé et la sécurité, ces programmes montrent l’effet positif de l’autonomisation des communautés grâce au développement.
ÉTUDE DE CAS
CONNEXION VIA
UN PRÊT - Sri Lanka
Au Sri Lanka, grâce à une subvention de $E.-U. 1,5 million du Fonds japonais de réduction de la pauvreté (JFPR en anglais), la BAsD a pu améliorer l’accès des Sri-lankais pauvres à l’électricité. Grâce au financement de prestataires de microcrédit, le financement du 'Fonds d’aide à l’énergie pour les pauvres' du JFPR visait à invalider le coût initial élevé de la connexion des ménages au réseau électrique. Le fonds renouvelable a ensuite fourni de l’électricité à 15 000 foyers entre 2004 et 2009.
Les prêts sont considérés comme la clé permettant aux familles pauvres d’assumer le coût initial élevé de la connexion. Dans le cadre de ce projet, la compagnie nationale Ceylon Electricity Board, a offert des facilités de crédit aux familles pauvres pour qu’elles puissent payer le coût initial de connexion fixé entre 15 000 et 20 000 roupies sri-lankaises – près de $E.-U. 130 à 170. Le remboursement des mensualités s’étalant sur deux à trois ans, les prêts sont abordables pour les familles pauvres, comme en témoigne le taux de recouvrement des créances (95%).
Ce succès a incité le Gouvernement sri-lankais à solliciter un prêt additionnel de $E.-U. 3,5 millions auprès du Fonds asiatique de développement afin d’augmenter le Fonds d’aide à l’énergie pour les pauvres dans le cadre d’un projet d’amélioration et d’accès à l’énergie propre de $E.-U. 165 millions approuvé en 2009. L’élargissement du fond de microfinancement se fera via un programme de crédit financé par des prêts afin d’équiper en électricité 60 000 foyers supplémentaires, soit 8% des familles pauvres d’ici 2016.
ÉTUDE DE CAS
MISER SUR LE
MICRO-HYDRAULIQUE - Philippines
Aux Philippines, les communautés rurales n’ont toujours pas accès à l’électricité. Dans la province insulaire du Negros occidental (partie ouest des Visayas), huit communautés ont bénéficié d’une subvention de $E.-U. 1,5 million du JFPR. Censée leur fournir de l’énergie renouvelable, cette subvention entendait promouvoir le niveau de vie et les moyens de subsistance des habitants. Se concentrant sur l’appropriation et la participation des communautés, la BAsD, de concert avec Winrock International, a dispensé aux communautés locales une formation axée sur l’entretien et le fonctionnement des systèmes hydrauliques.
À Balea, petite communauté de la province, un système micro-hydraulique de 19KW a été construit dans le but d’amener directement l’électricité dans les foyers. Après de vastes consultations, les villageois ont payé une cotisation unique pour adhérer à la coopérative et être raccordés à l’électricité. Le succès a été tel que les habitants de Calapnsuan, situé à trois kilomètres, ont suivi leur exemple.
Mais le succès de chaque programme ne doit pas masquer les importants problèmes rencontrés par la BAsD. À Balea, les délais, la piètre gouvernance et la mauvaise communication entre les parties prenantes, les villageois et les autorités gouvernementales locales ont failli faire capoter le projet.
C’est en continuant d’investir dans la participation communautaire et l’éducation des villages que la BAsD entend favoriser l’appropriation du programme par les communautés locales.
ÉTUDE DE CAS
DONNER VIE A LA
TERRE - Philippines
Dans le hameau de Tara, province insulaire du Negros occidental, un bélier hydraulique permet d’améliorer l’irrigation. Cette pompe qui permet de pallier à la pénurie saisonnière d’eau, d’accroître les rendements agricoles et de réduire le temps consacré à la corvée d’eau, utilise la gravité pour propulser l’eau sur de longues distances – depuis la rivière Binging jusqu’au village.
S’appuyant sur des groupes d’action communautaires, incluant l’Association des petits agriculteurs de Tara et un comité de l’eau, le projet combine la technologie hydraulique aux méthodes traditionnelles d’agriculture de subsistance adoptées par les villageois. Mis en œuvre par Alternative Indigenous Development Foundation, le bélier hydraulique est opérationnel depuis 2004; près de 450 000 litres d’eau ont été distribués dans le village et les fermes environnantes. En instaurant un environnement propice au développement des cultures, l’irrigation a permis de planter de nouvelles cultures maraîchères, qui intéressent désormais les marchés. Ainsi un fermier local a pu obtenir trois récoltes par an sur des terres autrefois infertiles.
Malgré le succès, l’acceptation au plan local et l’accord relatif à la propriété du bélier hydraulique ont été laborieux.
La BAsD entend utiliser l’investissement et l’éducation dans la région pour encourager l’acceptation et l’appropriation du programme par les communautés locales.
ÉTUDE DE CAS
TIRER PARTI DU
BIOGAZ - Viet Nam
Au Viet Nam, les élevages porcins représentant 80% de l’industrie du bétail, la BAsD a lancé un programme censé améliorer l’accès financier à l’énergie propre et à la sécurité agroalimentaire.
En 2003, le Gouvernement vietnamien et l’Organisation néerlandaise de développement (SNV en anglais) ont développé un programme grâce auquel les fermiers produisent de l’énergie propre et efficace à partir d’effluents porcins. La technologie du biogaz permet à près de 60 000 exploitations du Viet Nam de recycler les déchets potentiellement nocifs en énergie.
Si le programme a fortement réduit les déchets agricoles, le prix élevé du digesteur à biogaz ($E.-U. 500) le met hors de portée des agriculteurs ruraux. Pour y remédier, la BAsD a investi $E.-U. 19 millions dans une restructuration du projet et l’intégration d’une ligne de crédit pour les agriculteurs. D’ici 2015, 40 000 familles et entreprises rurales seront équipées de technologie biogaz, distribuée via des partenaires financiers régionaux avec un taux d’intérêt fixe plafonné. Les porcs produisant six fois plus d’excréments que l’homme, ils permettent aux agriculteurs ruraux de réaliser des économies importantes de carburant tout en limitant au maximum les émissions de CO2 à 60 000 tonnes par an.
ÉTUDE DE CAS
L’ÉNERGIE
SOLAIRE: UNE AFFAIRE DE FEMMES - Bhoutan
Dans le royaume himalayen du Bhoutan, l’électricité est une activité lucrative. Quasiment toute l’électricité produite par les centrales hydroélectriques est vendue en Inde, faisant de l’exportation d’électricité le principal composant du PIB bhoutanais. Et pourtant, une partie de la population n’a toujours pas accès à l’électricité.
Le Gouvernement bhoutanais s’est fixé comme objectif ambitieux de parvenir à l’électrification universelle d’ici 2013; mais demeure un problème de taille: fournir de l’électricité aux villages isolés dispersés dans les montagnes. Ils pourraient bénéficier d’électricité produite sur place mais l’isolement pose un problème au plan de l’entretien.
Afin de résoudre ces deux problèmes – production d’électricité hors-réseau et connaissance technique – la BAsD s’est associée au Barefoot College en Inde pour développer une approche unique d’électrification rurale durable. Une subvention de $E.-U. 1 million du JFPR a permis de dispenser aux femmes de communautés sélectionnées une formation en électricité axée sur l’installation et l’entretien de panneaux et de batteries photovoltaïques. Le projet concerne également le coût des systèmes solaires à usage domestique pour toutes les familles de villages sélectionnés – on compte en moyenne 15 familles par village.
Les trois premiers mois, le succès a été immédiat. Des panneaux solaires ont été installés dans 504 familles de 46 villages ruraux isolés. Le projet s’élargit et la BAsD cherche désormais des modes de formation au plan local pour autonomiser davantage de communautés rurales sans contraindre les femmes à s’éloigner de leur famille.